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Dougal-Lennart Sanderson, jeu 28/08/2014 - 16:04

Après quelques saisons de relative stabilité, les Aigles ont connu en cette intersaison une vague de départs importants qui ont chamboulé l'effectif. Voici ce qui apparaît sur le papier.

 

Moins de talent

 

Sans faire injure à ceux qui sont restés ou aux nouveaux arrivants, quand on perd ses quatre meilleurs scoreurs et le meilleur gardien de la Ligue, on se retrouve avec un trou difficile à combler. Le problème est moindre en ce qui concerne les étrangers, car le bassin de joueurs disponibles permet théoriquement de remplacer à peu près n'importe qui. Dans la pratique, c'est a priori à Matt D'Agostini et à Tom Pyatt qu'incombera cette lourde tâche.

 

Ce sont donc les départs de Denis Hollenstein, Cody Almond et Tobias Stephan qui font le plus mal, les meilleurs joueurs suisses étant en général cadenassés pour très cher et pour longtemps. (Sauf lorsqu'ils ont une clause de sortie après une saison pour aller retrouver les röstis de Mutti, mais c'est assez rare.)

 

Il faudra donc que tout le monde relève un peu son niveau de jeu, car le seul Daniel Rubin, même avec l'inattendu renfort de Goran Bezina et l'arrivée de quelques jeunes, aura du mal à combler ce vide. Quant aux désormais traditionnels Canado-Suisses, l'un d'eux, Jeremy Wick est déjà en prêt en LNB. Et l'autre, on ne sait pas trop quoi en attendre...

 

Plus de muscles

 

Ou plutôt si, justement. Avec ses quelques 150 minutes de pénalité par saison en WHL, la plus physique des ligues junior nord-américaines, on imagine bien de quoi Tim Traber est capable. Il en a d'ailleurs déjà fait la démonstration en CHL sur un Suédois qui passait par là. Notre grand ami le juge unique ayant déjà tendance à avoir la main lourde avec Genève-Servette, il s'agira de se calmer assez rapidement.

 

Avec l'arrivée des colosses Taylor Pyatt et Paul Ranger ainsi que de joueurs connus pour être des travailleurs plutôt que des artistes, la tendance semble clairement aller vers une équipe plus musclée. Lors des premiers matchs amicaux et de CHL, le style était effectivement plus physique avec un forecheck intense. Vous pouvez déjà vous préparer aux cris indignés lors de nos premiers matches contre les Dragons.

 

Une défense plus stable

 

Incroyable mais vrai, nous avons un étranger en défense ! Si si, je vous laisse aller vérifier. Si on ajoute l'arrivée de Dario Trutmann et Romain Loeffel qui est presque un nouveau joueur, on obtient une profondeur défensive probablement jamais vue depuis notre retour dans l'élite.

 

L'arrière-garde est à tel point fournie qu'un vieux fantasme de la famille McSorley a pu se réaliser : l'alignement de Goran Bezina en attaque. Si l'option faisait sens au temps de sa jeunesse, on peut se demander comment le captaine pourra s'adapter à ce nouveau positionnement après une vie passée sur la ligne bleue. D'autant que ce genre de transformation se déroule généralement dans l'autre sens. Par contre, même s'il continue d'être aligné dans le top 6, son temps de glace devrait mécaniquement diminuer, ce qui n'est probablement pas un mal suite aux pépins physiques de ces dernières saisons.

 

La question des gardiens

 

On a eu beau lui proposer de devenir l'ombre de son ombre, l'ombre de sa main, l'ombre de son chien et on en passe, Tobias Stephan a tout de même fini par nous quitter pour le pays de la tourte au kirsch et de l'évasion fiscale.

 

Pour remplacer le plus célèbre extraterrestre après E.T., la Denrée et la créature de Roswell, Chris McSorley a d'abord pensé à Melvin Nyffeler, finalement envoyé à Fribourg, ce qui n'est pas très cool. Il y rejoint Benjamin Conz, à croire que tous les éphémères espoirs grenat au but finissent là-bas. Ce devrait constituer une motivation suffisante pour que les deux candidats au poste cette saison donnent le meilleur d'eux-mêmes.

 

Ce qui a poussé Nyffeler vers cette sortie indigne, c'est l'arrivée sur le marché de Robert Mayer, qui représentait la meilleure option disponible. Avec son expérience en AHL et ses bonnes performances lors de la dernière Coupe Spengler, il part avec une courte tête d'avance sur Christophe Bays, qui n'a pas l'intention de se laisser faire. On peut donc imaginer une autre nouveauté : un vrai duel de gardiens. Pour rappel, la seule tentative du genre avait tourné court. Michael Tobler avait tellement peu le niveau qu'il n'avait pas été envoyé à Fribourg, mais carrément à Lausanne.

 

Le rendement offensif des frères Pyatt

 

Si le talent global de Taylor et de Tom Pyatt ne fait aucun doute, l'un comme l'autre n'ont jamais vraiment évolué dans un rôle offensif chez les pros. Or avec un poste d'étranger dévolu à la défense et la perte de joueurs offensifs suisses de premier plan, il semble difficile de confier à un import des tâches essentiellement défensives comme ce fut le cas avec Lennart Petrell la saison dernière. Les deux frangins seront placés dans de meilleures conditions pour scorer, mais en ont-ils les instincts ?

 

En somme, cette équipe devra résoudre l'équation à plusieurs inconnues qu'elle représente en cette présaison. Si elle y parvient, avec un effectif plus solide et homogène, on doit pouvoir rêver d'une belle saison