26 août 2014

Les changements adoptés par la Fédération internationale seront appliqués dès cette saison en Suisse. Réactions

 

La décision de la Swiss Ice Hockey Federation d’appliquer à notre championnat les nouvelles règles adoptées par l’IIHF (la Fédération internationale) ce printemps n’avait pas suscité un émoi particulier chez les hockeyeurs. A juste titre, la plupart d’entre eux voulaient d’abord tester les deux principales adaptations avant de porter un jugement.

 

Pour rappel, la plus visible concerne le rétrécissement de la zone neutre de 3,06 mètres, soit 153 cm dans chaque camp. Un allongement de la zone défensive (ou offensive) qui devrait jouer un rôle important lors des jeux de puissance surtout. Mais pas seulement, selon l’ex-défenseur de Ge/Servette John Gobbi, aujourd’hui capitaine du Lausanne HC. «Lors des supériorités numériques, les défenseurs disposent de plus d’espaces et donc d’un peu plus temps pour armer leurs tirs à la ligne bleue. En phase défensive en revanche, les repères changent un peu et il faudra couvrir un espace plus grand et être plus attentif encore à toujours bien se positionner entre l’attaquant adverse et notre but. Sinon, avoir une zone neutre plus petite va accélérer et ouvrir le jeu. Une équipe menée au score pourra prendre davantage de risques pour gommer son retard. Un atout à double tranchant, bien sûr, car en cas d’erreur les contres fuseront.»

 

Plus direct et plus vertical

 

Selon Alain Miéville (LHC), le rôle des attaquants s’en trouvera lui aussi un peu modifié. «On a déjà pu se rendre compte que ce rétrécissement de la zone neutre nous oblige à jouer de façon plus directe et surtout plus verticale. Une ou deux passes au maximum pourront être faites en zone neutre. Les attaquants seront ainsi plus enclins à mettre le puck au fond. Du coup, il y aura davantage de duels dans les bandes. Quant aux situations spéciales, elles prendront plus d’importance encore. Défendre à 4 contre 5 sera déjà plus compliqué alors que dire d’une double infériorité numérique… Quoi qu’il en soit, trouver le bon timing nous prendra à tous un peu de temps.»

 

Sauf, peut-être, pour les gardiens si l’on en croit Pascal Caminada, qui avait disputé un match dans les buts de Ge/Servette la saison dernière. «D’après ce que j’ai pu remarquer jusque-là, note le Zurichois, cet allongement de la zone défensive ne change pas grand-chose pour nous. Les angles de tirs sont à peu près les mêmes, il y en aura simplement un peu plus lorsque nous jouerons en infériorité numérique. Pour nous, la nouvelle règle sur les dégagements interdits aura plus d’incidences. Elle nécessitera plus de concentration et de réactivité de la part des gardiens.»

 

Dégagement interdit

 

Quel est ce changement? Stéphane Rochette, qui vient de mettre un terme à sa carrière d’arbitre professionnel, nous l’explique: «Le dégagement interdit ne sera pas sifflé si l’attaquant semble, aux yeux des arbitres, en avance sur le défenseur adverse au moment où le puck, lancé depuis son camp, atteint la hauteur des cercles d’engagements. Si l’arbitre estime alors que l’attaquant est en passe d’arriver sur le puck avant son adversaire, il n’interviendra pas. Cette règle est destinée à favoriser le jeu offensif et à augmenter sa fluidité, mais elle engendrera de vives réactions du public puisqu’il appartiendra à l’arbitre d’évaluer la situation et donc d’anticiper la suite de l’action…» souligne le Québécois.

 

L’objectif de ces deux changements est de privilégier le jeu offensif, mais les joueurs interrogés sont partagés sur leurs bienfaits. «Le plus gros changement, ce sera pour les attaquants, assure Heinz Ehlers, coach du LHC. Ils devront couvrir beaucoup plus d’espaces qu’auparavant. Et l’impact des situations spéciales sera plus important encore. Il faudra faire très attention à ne pas prendre de pénalités inutiles. En ce qui me concerne, je suis plutôt un conservateur en matière de règlements, et les règles qui conviennent bien aux dimensions des surfaces de jeu en Amérique du Nord ne le sont pas forcément ici, en Europe. Si nos dirigeants veulent vraiment voir plus de buts, pourquoi ne pas simplement agrandir les goals.»

 

Polémiques inévitables

 

Outre ces deux principaux changements, un autre devrait susciter le débat: «Un arbitre aura la possibilité de transformer les dix minutes de méconduite en une pénalité mineure, précise Stéphane Rochette. Une modification pas si anodine que cela, vu les difficultés accrues pour défendre efficacement avec un homme de moins sur la glace.» Des nouveautés qui engendreront, dans un premier temps, d’inévitables polémiques. Le temps pour chacun de s’habituer à des modifications dont les sportifs ne sont jamais très friands.

 

Picard: «Une bonne chose pour nous»

 

Si du côté des Vernets, Chris McSorley n’a pas encore incorporé les nouvelles règles dans ses systèmes, cela ne saurait tarder. Le coach ontarien y réfléchit pour exploiter au maximum cette nouvelle surface de jeu, ce qui pourrait devenir un avantage pour les Aigles. «Nous aurons la chance de posséder un peu plus de temps en défense pour armer nos tirs, estime Alexandre Picard. Et, poursuit le Québécois, avec les joueurs qu’on a à disposition pour se mettre devant le filet, cela va être une bonne chose pour nous et pour moi. Il y aura davantage de rondelles qui vont se trouver devant la cage, ce qui n’est pas pour me déplaire.»

 

L’autre grande modification, celle concernant les dégagements interdits, réjouit d’ores et déjà l’attaquant des Vernets. «C’est bien parce que cela va accélérer le jeu, il y aura beaucoup plus d’offensives.» Ce qui devrait, en corollaire, favoriser une formation genevoise qui a fait de la vitesse son principal atout durant ces dernières saisons. «On possède en effet des schémas de jeu qui nous permettront d’exploiter au mieux cette règle», estime Alex Picard, conscient toutefois qu’elle peut très bien se retourner contre les Genevois. «Pour l’instant, les coaches insistent plus sur les techniques de base avec notamment les nouveaux étrangers qui doivent s’adapter aux dimensions européennes des patinoires», se marre le chouchou des fans servettiens, d’ores et déjà d’attaque.