27 janvier 2018

La terre a tremblé hier à Genève. Hugh Quennec a cédé ses actions et sa place à la Fondation 1890, également présente lors du sauvetage du Servette FC.

 

Hier, aux alentours des Vernets, le service de presse «sportif» de GE Servette faisait dans la cachotterie d’avant-match. Pas forcément au courant des évolutions administratives, le préposé tentait de cacher la «grande nouvelle» de la soirée. Oui, Romain Chuard était de retour de Sion pour prendre une place au sein d’une défense décimée. Il était 17 h 56 et personne, dans le McSorley’s Pub, ne s’attendait à ce qui allait suivre.

 

Quatre minutes après ces petits secrets (1,98 m, quand même), Hugh Quennec, par l’intermédiaire de son communicant institutionnel – quelle gabegie à ce niveau également… –, a lâché «la» bombe: «J’ai démissionné aujourd’hui avec effet immédiat du conseil d’administration du Genève-Servette Hockey Club.» Il était 18 h pétantes et GE Servette venait de vivre une révolution majeure. Président depuis 2006, le Canado-Suisse a annoncé avoir cédé l’intégralité de ses actions à la Fondation 1890, la même qui avait sauvé le Servette FC de la faillite après le passage de «HQ» en juin 2015.

 

L’urgence de la situation

 

Après s’être longuement voilé la face, le président démissionnaire a admis l’urgence de la situation dans laquelle se trouvaient les Aigles. «Le club vit depuis ces deux dernières saisons une période difficile, due en grande partie à des problèmes de budget et de liquidités, a-t-il écrit. En tant que président du GSHC, il est de ma responsabilité d’assumer pleinement cette situation.» La Fondation 1890 – sur laquelle plane l’ombre de la Fondation Hans Wilsdorf (Rolex) – a promis de parer au plus pressé en assurant la pérennité à court et moyen terme du GSHC. À la tête du club, c’est désormais François Bellanger, membre du conseil d’administration, qui reprendra le siège vacant.

 

Selon nos informations, la solution locale qui s’est dessinée ces derniers jours n’est pas totalement sortie du jeu. Hier soir, les premières indications faisaient toutefois état d’une volonté de s’engager à long terme de la part de la Fondation 1890. Les prochaines semaines permettront à tout ce petit monde de se mettre autour d’une table et d’évoquer l’avenir du GE Servette. Après des mois à ne parler que du passé, du présent et des factures en retard, évoquer le futur du GSHC est une nouveauté bienvenue.

 

Ah, au fait, Romain Chuard était bel et bien sur la feuille de match, hier soir. Mais dès 18 h, ce n’était plus «la» nouvelle du jour.

 

Certains voulaient s'en aller

 

Et les joueurs dans tout ça? Selon certains bruits de couloir, quelques éléments paniqués avaient déjà commencé à se chercher une nouvelle adresse malgré un contrat pour la saison prochaine. Une indiscrétion confirmée par plusieurs proches des différents dossiers. Preuve que l'air se faisait de plus en plus irrespirable aux Vernets. Mais hier après-midi, lorsqu'ils ont été informés du changement de propriétaire en primeur, les Aigles ont probablement dû voir l'avenir avec plus de sérénité tant les reins de la Fondation 1890 sont solides pour assumer leur train de vie.

 

Il était temps (Frédéric Lovis)

 

Hugh Quennec a attendu de se retrouver tout au bord du précipice avant d’accepter la main secourable qui lui était tendue. Il était temps de la saisir pour éviter un désastre au hockey d’élite genevois. Sponsors, public et toute «la communauté» si chère à l’homme d’affaires décrié avaient fini par lui tourner le dos, lassés par sa gestion opaque.

 

La fronde envers l’ex-président avait pris de telles proportions que sa présence à la tête du club menaçait la réalisation du projet de nouvelle patinoire au Trèfle Blanc. Trouver une solution pour le mettre définitivement sur une voie de garage était devenu essentiel pour faire avancer le dossier. Combien a-t-elle coûté aux futurs repreneurs? Mystère, mais ce ne sera assurément pas bon marché – on parlait hier soir d’une fourchette située entre neuf et quinze millions de francs, dette comprise.

 

Au final, l’essentiel est ailleurs. L’essentiel est bel et bien la qualité de l’air qui entoure le GSHC. Soudain, il est redevenu respirable. Et on en connaît un qui doit l’inhaler avec délectation: Chris McSorley.