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Tobias Park, lun 25/09/2017 - 12:38

Dans le monde du sport, la notion de hold up qualifie le « vol » d’une victoire à l’équipe la plus méritante.

 

C’est en général directement l’œuvre de l’adversaire profitant de la « Glorieuse incertitude du sport », et, à l’occasion, l’acte d’arbitres mal inspirés. Si samedi soir Gottéron a effectivement commis un énorme hold up « sportif » tant les Aigles ont été dominateurs durant quarante minutes avant de – presque comme prévu – s’effondrer dans le 3e tiers, le hold up fut néanmoins double. Et si les arbitres apparaissent en arrière-plan, ils ne sont paradoxalement absolument pas coupables de quoi que ce soit.

 

Premier acte.

 

Alors que Rivera est logiquement expulsé après avoir tenté d’en arracher une (en bougeant l’autre) à Tanner Richard, les Aigles, alors en supériorité numérique, perdent l’engagement et se retrouvent pris sur un jeu de transition rapide fribourgeois pour le 0-1.

 

Craig Woodcroft, bien inspiré, utilise son « coach challenge », droit à faire vérifier la validité d’un but autour de la question unique du hors-jeu. La première impression peut-être un peu partisane sur la base du ralenti est que le Fribourgeois est hors-jeu de quelques centimètres. Difficile à déterminer avec certitude cependant. Les arbitres décident de valider. Admettons, la décision n’est pas scandaleuse puisque, s’il est quasi impossible de trancher, alors la décision originale – qui était en l’occurrence de valider – doit être maintenue.

 

Là où le bât blesse, c’est qu’il n’aura pas fallu plus de quelques secondes au plateau du soir sur UPC et par l’entremise du toujours excellent Stéphane Rochette pour déterminer que le Fribourgeois est très probablement hors-jeu. UPC bénéficierait-il d’un télescope de la NASA ? Que neni ! Un simple zoom via grand écran sur le patin du joueur Fribourgeois aura suffi ! À peine le temps pour moi de lever un sourcil que Rochette nous explique que les arbitres ne bénéficient pas de ce simple zoom.

 

La nature, en l’occurrence généreuse et ne m’ayant pas affublé d’un mono sourcil, il n’en faut pas plus pour que mon second sourcil rejoigne le premier.

 

Deuxième acte.

 

Alors que Genève pousse toujours tant et plus, Riat allume la transversale. Le shift se poursuit, avant que les arbitres décident d’aller consulter la vidéo à la fin de celui-ci. S’en suit de longues, LONGUES minutes d’attente non pas pour analyser le point d’impact de la rondelle mais pour mettre la main sur la bonne séquence à analyser. Scène aussi inacceptable que récurrente à la table de marque des Vernets. Le ralenti arrive enfin ! La caméra latérale semble renforcer l’impression initiale : jolie transversale genevoise. Rien à signaler, circulez !

 

Le tiers se termine (non sans que Fribourg score à nouveau et toujours autant contre le cours du jeu) et alors que le plateau a repris l’antenne depuis à peine un instant, il est question d’un but « peut-être valable de Riat ». (Sourcils 1 et 2 en action.)

 

Rochette, rejoint par John Fust et l’ensemble du plateau, déroulent leur argument, qui est le suivant : selon leur longue expérience, un palet ne retombe jamais de cette façon après avoir frappé la barre. Il est nettement plus probable que Riat ait touché le haut du filet, à l’extrême limite avec le métal. C’est impossible à déterminer à 100% via une caméra latérale, il faut pour ceci l’aide d’un plan de vue à la verticale de la cage. Le terme de « malaise » face à cette situation est même employé par ces observateurs autrement plus qualifiés et neutres que votre serviteur.

 

Certainement parce qu’il ne s’agit à nouveau pas de technologie à la seule disposition des chinois du FBI. La NHL et d’autres l’utilisent pour de bonnes raisons.

 

À l’arrivée, nous avons un Gottéron qui repart des Vernets avec 3 points, bien aidés par un gardien en feu, une baraka sportive à peine réelle et une baraka… « vidéo ».

 

Si la baraka fribourgeoise est rageante, elle fait partie du jeu, ma pauvre Lucette. Ce qui est en revanche parfaitement inacceptable, c’est que dans un des championnats européens les plus puissants financièrement, où l’on joue un bon hockey, ont ait l’impression que les arbitres doivent déchiffrer une VHS dont la qualité ressemblerait à celles que nous avions l’occasion de visionner dans les années 80 et sur lesquelles étaient déjà passé un Star Wars, deux Indiana Jones, les galas de patinage artistique de Maman, un film du samedi soir sur Canal et vos premiers pas capturés par vos parents émus. Le tout sur une TV noir et blanc plus profonde que large.

 

Inacceptable, non ? Attendez un peu que je vous livre cet élément de contexte : jusqu’ici, Swisscom versait à la ligue 12 millions par saison pour s’offrir l’exclusivité du hockey suisse. UPC en verse désormais 35 ! Les clubs suisses (presque tous…..) se dotent de nouvelles patinoires, le niveau du championnat est en hausse, les moyens financiers des clubs également et alors qu’UPC vient de déverser une brouette de liasses supplémentaires sur la ligue, la qualité de la vidéo reste à l’âge de pierre.

 

Si la Ligue Suisse de Hockey ne perd effectivement jamais une occasion de se vautrer dans l’incompétence, il est assez désespérant de constater qu’alors qu’il ne suffirait que de quelques dizaines de milliers de francs par patinoire pour renforcer sérieusement la régularité des décisions arbitrales, nous préférons prétendre – cocher ce qui convient – que l’enjeu n’est pas important, que les clubs n’ont pas les moyens, que l’équité sportive importe peu ou que la technologie nécessaire n’existe pas.

 

Inadmissible