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Brett Regali, ven 23/02/2018 - 15:04

Le communiqué du club tombé en début de semaine n’était pas vraiment une surprise. Il n’empêche que l’officialisation de la reprise complète du club par la Fondation 1890 est un soulagement définitif après des mois d’inquiétude et parfois de chaos. Si on ne sait pas encore où cette reprise va exactement nous mener, on sait où elle ne nous mènera pas : la faillite. C’est pas suffisant pour décrocher un titre, mais c’est la base de tout.

 

Rolex et tout ce qui l’entoure étant réputé pour faire preuve d’une extrême discrétion (voir plus), il n’est pas facile de glaner des infos. Essayons quand même de tâtonner pour comprendre ce que tout ça signifie pour le club.

 

 

Une fondation c’est quoi ?

 

Une fondation est une structure qui peut être crée facilement et rapidement. Les fondations ne sont régies que par quelques articles du code civil (80 à 88). Contrairement aux associations, elles n’ont pas pour vocation à avoir des membres « lambdas » à l’image d’un club de foot local ou la fanfare du quartier.

 

Un fondation a pour objet l’affectation de biens en faveur d’un but spécial, généralement d’utilité publique. La Suisse est considérée comme un pays très favorable à la création de fondations. Ceci grâce à une législation légère et un régime fiscal qui leur est favorable.

 

 

La Fondation Hans Wilsdorf, c’est qui ?

 

Cette fondation porte le nom du fondateur de Rolex et celle-ci est l’unique propriétaire de l’entreprise. Selon son site internet, elle apporte son soutien dans l’action sociale, la formation et la culture. Aucune allusion au sport n’est faite où que ce soit. Certains argueront cependant, dont l’auteur de ces lignes, que le sport c’est aussi de la culture.

 

Épargnez-vous de longues recherches pour trouver les résultats financiers du groupe Rolex ou les sommes offertes par la Fondation Wilsdorf car absolument rien n’est public et le secret reste très bien gardé. 

 

Des analystes estiment le chiffre d’affaire de Rolex aux alentours de 4,5 milliards mais impossible de savoir quel est le bénéfice du groupe ni quel part de ce bénéfice est attribuée aux bonnes œuvres de la Fondation Wilsdorf.

 

Un récent article de la Tribune de Genève sur les acteurs influents de la vie genevoise cite quelques sources anonymes qui parlent d’un somme de 100 à 150 millions par an engagée par la fondation. Chiffres très difficiles à vérifier mais les sommes engagée dans la nouvelle Haute école d’art et de design démontre bien la puissance financière de l’organisation.

 

On a affaire là à une philanthropie de pure tradition protestante calviniste. Bien que les sommes soient énormes, on gère le tout avec pudeur, humilité et surtout énormément de discrétion.

 

 

La Fondation 1890 c’est quoi du coup ?

 

Officiellement, la Fondation 1890 n’a jamais reconnu être la « petite sœur sportive » de la Fondation Wilsdorf. Didier Fischer s’est contenté de déclarer publiquement que la Fondation 1890 était soutenue par une fondation genevoise et d’autres partenaires. Chacun en tire les conclusion qu’il entend mais la participation de la Fondation Wilsdorf derrière tout ça ressemble à un secret de polichinelle.

 

Cette structure est-elle due à un avantage fiscal ou est-ce parce que le sport populaire ne doit pas être lié de trop prêt à une marque de montre de luxe ? Difficile à dire, mais dans le fond, cela importe peu aux passionnés de hockey que nous sommes.

 

 

La Fondation 1890 est-elle là sur la durée ?

 

A priori oui, aucune déclaration ne permet d’affirmer le contraire. Les divers plans B ou C évoqués ces derniers mois vont probablement rester sur la touche car rien ne laisse à penser que la Fondation veuille partager le pouvoir.

 

Comparaison n’est pas toujours raison, mais si on observe ce qui s’est passé du côté du foot depuis deux ans et demi, il y a bien des chances que la Fondation reste l’unique propriétaire du club. Il faudra néanmoins attendre l’été pour être totalement fixé.

 

 

La Fondation va-t-elle nous doter d’un budget XXL ?

 

Au risque d’en décevoir certains, probablement pas. L’altruisme de style calviniste n’a pas grand chose à voir avec le tape à l’œil qatari. Après avoir déboursé une grosse somme pour assainir les comptes du club, il est possible qu’une seconde enveloppe arrive durant l’été pour terminer la restructuration et assurer un budget sportif plus ou moins équivalent.

 

Passé cela, il faudra probablement plutôt voir la Fondation comme une assurance tous risques en cas de pépin que comme un arbre à pognon pour faire des transferts à la luganaise. Toutefois, le sérieux et les garanties apportées par un tel propriétaire ne peut qu’aider à trouver de nouveaux sponsors, notamment dans les grandes entreprises locales.

 

Mais avant de parler d’argent et de transferts, l’essentiel est sûrement de remettre l’organisation du club en ordre. Car après près de deux ans de guerre des clans accompagnée de doublons à presque tous les étages, il est grand temps de retrouver une organisation simple, efficace et qui ne coûte pas un bras.

 

 

Un été animé ?

 

Si au niveau des transferts il ne faut pas s’attendre à des miracles, pour le reste tout est ouvert. Que ça soit au poste d’entraîneur, mais également du côté de la direction sportive ou dans le bureau, les choses pourraient et devraient bouger. 

On sait qu’un audit du club a été lancé et peut-être que certaines décisions stratégiques ont déjà été prises en coulisses. Toutefois, il est à parier que le club n’annoncera sagement rien avant la fin de la saison.

 

Vous l’aurez sûrement compris : à défaut de bling bling et d’ambitions démesurées, nous aurons surtout droit à du sérieux et de la stabilité. C’est pas le plus sexy au premier abord, mais pour un club de sport, qui plus est genevois, c’est déjà un sacré accomplissement.