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Goran McKim, mer 19/08/2015 - 16:18

Des roux et des copains en playout sont à l’affiche de ce mois de février. Mais ce n’est pas tout !

 

Février – La Suisse romande est grenat. L’Europe aussi

 

Du côté des médias, c’est la révolution. Dégoûté par l’abandon de « Léman Bleu Hockey », Brian Wakker accepte une pige à « La Télé » pour co-animer « Les Puckalistes » avec Roland Guex, qui accueille, le 1er février, Christophe Bays sur son plateau. S’il n’apprendra que plus tard que sa présence a été rendue nécessaire que pour abaisser le TRSTV (Taux de roux sur un plateau TV), l’ancien animateur vedette de Léman Bleu convainc la chaîne vaudoise de faire perdurer son duo avec Roland Guex, ce qui ne pourra pas être pire qu’avec Jérémy Riser. Malheureusement, l’expérience tournera court quelques semaines plus tard, suite à une altercation verbale en direct avec Cyrille Pasche. Puni, le brave Brian est muté à la RTS, division haltérophilie.

 

Faisant fi de la situation contractuelle de la mèche rebelle la plus célèbre du PAR (Paysage audiovisuel romand), Johan Fransson envoie un missile sur la transversale de Marco Bührer lors de la prolongation du match du 2 février face à Berne. Sur le contre, Scherwey se joue de Descloux, qui a remplacé Mayer grippé, et offre la victoire aux Ours, 4-3. Mais peu importe, puisque le week-end qui arrive pourrait être absolument fabuleux pour notre équipe… et ses supporters !

 

Les données sont simples à l’entame du derby contre Lausanne. Il faut un point au GSHC pour officialiser sa participation aux playoffs, alors que tout autre résultat qu’une victoire condamnerait le LHC aux playout. Privés de Walsky, Deruns, Gobbi et Savary, tous (étonnement) blessés, le LHC ne pèse pas lourd, malgré le but le plus précoce de la saison de Danielsson (0-1 après 5’’). 3-1 après 1 tiers, puis 5-2 après 40 minutes pour un résultat final de 7-3. Les 23 lausannois ayant eu la force de venir encourager les leurs craquent et quittent les Vernets après 40 minutes. Et alors qu’ils tentaient d’en découdre avec un couple de personnes âgées, ils se verront interdire l’accès sur le territoire genevois par un Antonio Hodgers vert de rage. Pendant ce temps-là, les Vernets exultent : Lausanne retrouve sa place sous la barre et dans l’esprit du public - il est là, notre ennemi n°1.

 

Le numéro 2, nous le rencontrons le lendemain sur ses terres. Les données sont sensiblement identiques à la veille : si le GSHC n’a plus rien à perdre, Fribourg disputera les playout s’il ne bat pas les Genevois. Autant vous dire que Rivera, Kast et Mercier ne se priveront pas de faire taire les derniers bavards de la BCF Arena très rapidement (score final 3-0). Le public fribourgeois siffle ses joueurs, demande la démission de Zehnäusern et l’arrivée à la bande de Bykov. Oui, celui-là même qui, même lorsqu’il était le meilleur joueur du championnat, n’a jamais fait gagner le titre à son équipe. On ne change pas un public qui perd.

 

On a trop faim de victoires pour considérer que la saison est d’ores et déjà réussie, mais le simple fait d’avoir envoyé nos deux copains sous la barre suffit à remplacer la prise de 3 Viagra par jour pendant au moins 6 mois. Et cette période pourrait largement se voir doublée si nous remportons, dans 3 jours, la finale de la CHL.

 

Pour l’occasion, ce sont 12 cars qui partent de Genève en direction du Hallenstadion, plus une multitude de voiture portant à 1’000 le nombre de Genevois sur place, inhabituellement placés derrière un but. De manière tout à fait surprenante, le public zurichois est silencieux et propose, comme seule animation, l’allumage de 35 feux de bengale en début de match. Autant dire que les 1’000 Genevois sont chez eux. L’écran géant installé aux Vernets est également un succès puisque plus de 5’000 personnes s’y attroupent.

 

Sur la glace, la supériorité affichée en tribunes ne se reflète que moyennement. Zurich mène rapidement 1-0 grâce à Dan Fritsche, puis 2-0 juste avant la première pause grâce à Ryan Keller. Pourtant, au moment de leur retour aux vestiaires, les joueurs jettent un œil au parcage qui ne cesse de chanter ; le discours de Chris sera simple : pour ces gens-là, on ne peut pas se permettre de perdre.

 

Comme un symbole, c’est Bezina qui ramène le score à 2-1 en milieu de seconde période. Les Genevois poussent pour égaliser, mais Flüeler dit non. C’est sur ce score que les deux équipes entament le 3ème tiers, dans lequel il ne faudra que 2’28 à Chuard pour égaliser d’un maître-tir à la bleue. Zurich ne sait plus où donner de la tête et n’adresse que 3 tirs en direction de Mayer au cours du derniers tiers. Mais alors que l’on s’achemine vers la prolongation, coup de théâtre ! Zurich jouait en power-play suite à une faute imaginaire de Romy sifflée par Danny Kurmann, étonnement au commandes de ce match, lorsque Blindenbacher perd le puck à la bleue. Il reste 8 secondes et Rivera et Gerber, partent en contre. Le chrono tourne, et il ne reste que 0.8 seconde au chrono du Hallenstadion lors que Roland Gerber pousse le puck hors de portée de Flüeler. Un silence, puis une explosion de joie sans précédent dans le parcage, qui s’illumine aussitôt d’une bonne dizaine de fumigènes. Les joueurs bondissent sur la glace et les 8 dixièmes de seconde restants ne seront jamais joués. Les supporters genevois envahissent la glace et réalisent subitement ce qu’il se passe : le Genève-Servette Hockey Club est champion d’Europe !!! En larmes, le Capitaine Goran Bezina soulève enfin un trophée majeur dans l'hystérie totale autour de lui.

 

Les Vernets sont également en ébullition et le seront jusqu’au retour des héros à 4h du matin. Ivre, McSorley lâche un « I did it » qui fera date. Les larmes se mélangent aux cris, notamment pour ceux qui réalisent qu’il y a 20 ans, ils voyaient ce club arpenter les patinoires de 1ère ligue. « Genève sur le toit de l’Europe » résonne dans tout le Canton et sera le titre de l’article de tous les médias le surlendemain (le temps de décuver). Et comme on tient à notre réputation de Français, on ne va pas se gêner de faire comme France 98 et de vous faire chier 20 ans avec ce titre !

 

Dieu merci, ce match précède la première pause internationale utile de l’histoire, afin que l’on puisse décuver sereinement. Mais on a l’impression que pas tout le monde est particulièrement sobre au moment de recevoir Davos une semaine plus tard. Résultat, les champions en titre en profitent en nous humiliant 1-7. Le public reprend en cœur un « On s’en bat les couilles » qui colle parfaitement à la situation.

 

Il faut pourtant revenir aux choses sérieuses afin de préparer sereinement les playoffs, ce qui est chose faite à Kloten 3 jours plus tard (1-4) et à Berne (1-3) dans la foulée. Véritable match winner de ces deux rencontres, Goran Bezina tient à se montrer digne du « C » qu’il arbore sur son maillot jusqu’au bout.

 

Le match du 26 février donnera lieu à une séance absolument inédite aux Vernets. Alors que notre équipe déroule (6-0 score final), le public, sous l’impulsion des IG, ira de son show à lui. La grande tribune, assise, attend que le kop lance un « Toc toc toc » pour se lever comme un seul homme et répondre « Qui est là ? ». Ensuite, à l’unisson, les Vernets répondent par un « Les Champions d’Europe » du plus bel effet (si vous n’avez pas reconnu l’air de cette chanson, prière de vous acheter une enfance). Dans les deux dernières minutes du match, les joueurs poussent le vice jusqu’à reprendre la chorégraphie, ce qui n’est pas du goût des Fribourgeois mais hormis John Fritsche, aucun d’eux n’ose se rebeller.

 

Le lendemain, dans un Malley désert (le meilleur public du monde ayant préféré aller soutenir son équipe II qui elle, au moins, représente les sacro-saintes valeurs lausannoises), nos joueurs, sur un patin, s’imposent 5-0 et terminent ainsi leur saison à la 5ème place, avec 88 points. La lutte pour la 4ème place faisant rage jusqu’à tard dans la nuit, c’est à 23h14 que nous apprenons le nom de notre adversaire en playoffs : Berne !

 

La traditionnelle élection de l’équipe de l’année organisée entre autres par la Tribune (mais boycottée par Le Matin, pourtant également membre du groupe Tamedia), le GSHC place Matt D’Agostini, le top scorer de la ligue, et Noah Rod dans l’équipe-type de la saison, en compagnie de Flüeler, Von Gunten (la belle affaire !), Sondell et Pettersson. L’équipe composée uniquement de Suisses voit Loeffel, Wick et Martschini remplacer les étrangers cités ci-dessus. Coach de l’année : Marc Crawford.

 

Le classement après 50 journées

 

1. Zurich

2. Davos

3. Lugano

4. Berne

5. GSHC

6. Ambri

7. Zoug

8. Langnau

9. Bienne

10. Kloten

11. Fribourg

12. Lausanne