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Goran McKim, mar 18/08/2015 - 17:05

La folie des transferts, tempête de neige, Secret Story : un mois de janvier débridé

 

Janvier – A la conquête de la France et de l’Europe

 

Il est 14h27 en ce 1er janvier 2016 lorsque Chris McSorley, après avoir purgé sa peine à Prague, franchit les portiques de l’aéroport international de Genève, accueilli en héros par plus de 700 personnes selon les organisateurs, 2000 selon la police. Au micro de Patrick Andrey, Chris déclare avoir beaucoup travaillé sur l’équipe depuis sa cellule et convoque une conférence de presse le lendemain en marge du match contre Bienne. Les rumeurs les plus folles enflamment les réseaux sociaux.

 

A 14h au McSorley’s pub en ce 2 janvier, Chris a effectivement beaucoup de choses à dire. Il annonce tout d’abord le retour d’Alexandre Picard (le vrai) pour la fin de saison, suite à la blessure de Lombardi. L’arrivée de Raphaël Diaz, envoyé en AHL par les Rangers, pour 3 saisons est annoncée dans la foulée et déclenche les vivas de la foule. Il confirme avoir approché Martschini mais celui-ci a préféré signer à Zurich, alors que Bertaggia, blessé toute la saison, s’est engagé à Langnau. Pas de quoi effrayer Chris qui annonce qu’Andrighetto sera bel et bien grenat la saison prochaine, au contraire de Birbaum dont Chris ne veut pas entendre parler ! Côté départs, Rubin (Langnau), Iglesias (Fribourg) et Jacquemet (Davos) font les frais de ces arrivées.

 

A la question de savoir comment Chris se débrouille pour financer tout ça, celui-ci répond tout simplement que « Hugh et moi avons fait de l’excellent travail avec si peu de moyens à notre disposition ». Dernière annonce, celle de la reprise de la présidence par Franz Szolansky, présent dans le club depuis longtemps et qui fera donc enfin autre chose que de poser sur la photo officielle.

 

Christophe Stücki prend finalement la parole pour annoncer que la finale de Secret Story, à laquelle participe Christian Maillard, sera retransmise en direct à l’issue du match au McSorley’s pub et attend un public nombreux.

 

Visiblement troublés par tant d’annonces, nos joueurs sont à côté de leurs patins durant les deux premiers tiers et sont menés 0-3. Mais poussés par des Vernets en fusion, ils parviennent à renverser la vapeur et remporter le match à 1’30 de la fin grâce à un solo époustouflant de Fransson (4-3).

 

A l’issue du match, seules 17 personnes se retrouvent au pub pour assister au triomphe de Christian Maillard en finale de Secret Story. Vêtu d’un t-shirt « Ici c’est Genève », il dit vivre le plus beau jour de sa vie. Christophe Stücki, joint en duplex, se déclare fier que le nom du Genève-Servette Hockey Club soit porté de telle manière à travers la France et invite le lauréat à donner le coup d’envoi du match contre Langnau le 16 janvier. La victoire à Bienne du lendemain (1-4) passe presque inaperçu dans les journaux locaux, trop occupés à fêter leur idole. Seul 1905.ch propose un résumé de ce match.

 

En ½ finale de Coupe à Langnau, Alexandre Picard revêtit pour la première fois notre maillot après son départ en DEL. Coïncidence ou pas, l’équipe se fait laminer 7-1 et est éliminée honteusement de la course à un titre qui lui tenait pourtant à cœur. Rideau.

 

Atteints moralement (ou alors est-ce la perspective de la ½ finale de CHL qui se profile ?), nos joueurs s’inclinent à Berne 3 jours plus tard (3-2) et prennent directement la direction de Oulu, à 150km du cercle polaire. Un envoyé spécial de 1905 aura la chance de voyager avec l’équipe, même s’il lui faudra se déguiser vu que certains joueurs n’ont pas apprécié certains de ses commentaires. Il sera rejoint sur place par 19 Genevois ayant effectué le déplacement. Les joueurs se cotiseront pour offrir les billets à ces 20 courageux, geste particulièrement apprécié. Presque aussi apprécié que le premier but de Picard après son retour, même s’il y avait déjà 4-0 pour les nordiques à ce moment-là. Un but de Chuard en toute fin de match nous laissera quand même espérer une qualification au retour. Retour qui s’annoncera difficile pour tout le monde, l’équipe et ses supporters restant bloqués deux jours sur place en raison d’une tempête de neige. De retour le vendredi tard dans la nuit, le club se heurtera à l’intransigeance de la ligue et n’obtient pas le droit de repousser son match du samedi.

 

Sans surprise, nos joueurs se font manger par des Emmentalois volontaires et jouant leur place en playoffs, qui s’imposent facilement 0-4. C’est quand même ballot que ça tombe le soir du match des peluches, même si l’initiative du  club, qui avait demandé à tout le monde de venir avec une peluche « Tigrou » en hommage à notre adversaire, a pris tout son sens lorsque la glace s’en est vue recouverte au moment du 0-4. M’enfin, finalement, est-ce qu’un match dont le coup d’envoi a été donné par un Christian Maillard lâchant un superbe « Ici c’est Genève, allez Loana ! » pouvait réellement bien se terminer ?

 

Le match du lendemain se joue également aux Vernets, suite à l’inversion des matchs contre Davos connue en début de saison. Nos joueurs font preuve d’un caractère hors du commun et réalisent le match parfait défensivement. Pyatt et Picard se chargeront de sceller le score final, 2-0. Un très beau sursaut d’orgueil.

 

Deux jours plus tard, ce score de 2-0 ne suffirait toutefois qu’à décrocher les prolongations face à Oulu. Les Vernets font le plein, y compris du parcage déserté par les supporters du Kärpät. Dans une ambiance de feu, Loeffel signe un doublé au premier tiers, mais les Finlandais reviennent à égalité à la 47ème minute. La mission se complique, mais un but de Roland Gerber à 6 contre 3 nous permet de rêver. Picard et D’Agostini ajustent les montants, mais sur une nouvelle supériorité numérique, Loeffel réalise le triplé et nous envoie en prolongations (4-2). Les 20 minutes sont interminables, chaque équipe touche 2x le montant et un but genevois est refusé en raison d’une faute bête de Rubin. C’est finalement Noah Rod qui nous enverra en finale. Explosion de joie comme rarement vécue aux Vernets, le GSHC est en finale de Coupe d’Europe ! Son adversaire ne sera autre que… les ZSC Lions, qui ont complètement renversé la vapeur contre Frölunda en ½. L’aspect sexy de la finale, qui se jouera au Hallenstadion, en prend un méchant coup. Le Matin ose un « La Suisse sur le toit de l’Europe » qui obtient un record de 24 retweets.

 

Après ces belles émotions, les matchs suivants seront presque un peu ternes, malgré une belle victoire contre Ambri (5-4) et à Zurich (2-1) dans ce qui sera un avant-goût de la finale de la CHL. Accueillis par des « Nie Europameister », les supportes genevois sont pourtant convaincus que ce titre ne peut leur échapper. « Ils nous font déjà assez chier comme ça en championnat » ose l’un d’eux.

 

Kloten, qui reste sur une série de 14 défaites en 15 matchs, ne pèse pas lourd aux Vernets le 26 janvier, avec une défaite étourdissante sur le score de 9-1. A l’issue de cette déroute, Sean Simpson est viré et Denis Hollenstein, top scorer avec 15 points, demande l’asile à Genève. Réponse de Chris : « Fuck off ! ».

 

Le match à Zoug, qui fait suite aux tristes événements entre ces deux équipes la dernière fois, vire au pugilat, avec pas moins de 200 minutes de pénalité sifflées et 5 renvois aux vestiaires. Entre deux bagarres, on assiste néanmoins à la bagatelle de 15 buts, pour une victoire 8-7 du GSHC qui vient donc de marquer 17 buts en deux matchs ! Mention spéciale à Damien Riat, auteur de son premier triplé en LNA, face à Tobias Stephan qui plus est !

 

Le lendemain, les Grenat resteront toutefois en panne offensive, et Lugano en profitera pour s’imposer 2-0 grâce à un doublé de … Juraj Simek, arrivé la veille dans son ex et désormais néo club pour palier à la cascade de blessures qui frappe les Tessinois. Même si on l’avait un peu oublié, le public des Vernets ne se gêne pas pour le siffler à chacune de ses apparitions, mais à notre grand étonnement, il reste stoïque et ne provoque même pas le banc après ses buts. La rumeur disant qu’il serait parti en stage de yoga durant ces derniers mois prend tout son sens.

 

Avec 70 points en 41 matchs, le GSHC est quasiment sûr d’accrocher le bon wagon. Il disputera en plus, cerise sur le gâteau, la finale de la CHL. Seule la Coupe de Suisse laisse un goût d’inachevé dans la bouche de ses supporters.