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Goran McKim, ven 26/08/2016 - 16:24

Octobre – Le cataclysme

 

« McSorley vers Lausanne ? » titre la Tribune de Genève en ce matin de premier derby de la saison. Les rumeurs de bisbilles internes et l’éternelle légende de la volonté de Chris d’aller à Lausanne semblent autant d’arguments suffisants au quotidien pour s’interroger sur l’avenir du Boss.

 

L’embellie aperçue la veille à la Vaillant Arena ne se confirme qu’à moitié, puisque un doublé de Genazzi répond aux deux buts rapides de Kast et Romy. Heureusement, une erreur d’Huet sur un tir anodin de Chuard nous donne la victoire, mais il y a encore du boulot. Dans les gradins, on sent poindre un début de lassitude. Les travées se vident à vue d’œil, même si le club annonce fièrement un « guichets fermés ». Plus grave encore, une collaboration inédite entre les IG et la Section Ouest permet aux premiers nommés de brandir le surplus d’affiches « Quennec dégage » brandies à Malley la saison passée. Dans la guerre des clans à la tête du club, le public semble avoir choisi son bord.

 

Profitant d’une petite semaine sans match, Lorne Henning et Chris McSorley convoquent la presse pour un point sur les transferts. Malgré l’atmosphère pesante, le duo annonce la prolongation anticipée du contrat de Romain Loeffel pour 4 saisons, ainsi que celles de Fransson, Kast et Antonietti pour deux saisons. Mais comme un signe du destin, ce même Fransson se blesse à l’entraînement le jour-même. C’est Patrick Andrey, en direct depuis la PostFinance Arena le vendredi soir, qui confirmera la mauvaise nouvelle : le Suédois est victime d’une déchirure des ligaments croisés et sa saison est d’ores et déjà terminée.

 

Gros coup dur pour Chris McSorley, qui se voit dans l’obligation d’aligner Jacquemet en défense comme ce fut déjà le cas la saison passée. Mais face à une armada comme celle des Ours, ça ne passe pas et notre équipe encaisse un sec 5-0. Jugés en-dessous de leur niveau depuis des semaines, Simek et Rubin sont priés de rentrer à pied. Finalement, le car des IG leur sauvera la mise, mais les propos (qui resteront secrets, seuls les présents savent) tenus par nos 2 joueurs attestent du climat pesant sur le club actuellement.

 

En l’absence de Simek et Rubin, certains leaders doivent sortir du bois dès le soir même contre Zoug. Almond reçoit le message 5/5 et s’offre le triplé le plus rapide de l’histoire du championnat en 3’27, pour une belle victoire 6-1, Riat, Vukovic et Santorelli s’étant chargés de saler l’addition lors de cette pink night.

 

La semaine précédant la double-confrontation face aux leaders du classement que sont les ZSC Lions, c’est une nouvelle mauvaise nouvelle qui vient frapper le club : Noah Rod a convaincu lors de son stage avec les Sharks et s’est vu proposer un contrat « 2 ways » qu’il a, après mûre réflexion, décide d’accepter. Loin de se laisser abattre, Hugh Quennec publie un communiqué vantant « les mérites de la formation genevoise, reconnue à travers le monde entier » et promet que « des solutions sont en passe d’être trouvées pour remplacer Noah ».

 

Sans Rod, mais également toujours sans Simek et Rubin (mis au ban), c’est une équipe allégée qui se fait tourner autour par des Lions survoltés. 1-4 aux Vernets et surtout 7-1 au Hallenstadion, nos joueurs n’y sont plus. Interrogé par Yes FM, Hugh Quennec confirme que Chris McSorley conserve toute la confiance des dirigeants.

 

2 jours plus tard, l’équipe touche le fond à Langnau. Malgré le retour des bannis et une ouverture du score rapide de Schweri, Langnau nous danse sur le ventre et s’impose 6-1. Au moment de venir saluer le parcage, nos joueurs sont sifflés par les 7 courageux ayant effectué le déplacement. Les mots de Vukovic au parcage ne suffiront pas cette fois, quelque chose semble s’être cassé. Avec 11 points en 15 matchs, nos joueurs sont bons derniers et tant l’attitude que le fond de jeu font peur à voir.

 

Le lendemain de cette triste soirée, la terre tremble à Mexico, New Dehli, Sydney et Copenhague, faisant la une de tous les médias, les sismologues s’intriguant du fait de ces mouvements terrestres simultanés.

 

C’est un peu plus tard dans la journée que l’explication tombera. Il est 12h57 quand le communiqué d’Hugh Quennec tombe : après 15 ans de bons et loyaux services, Chris McSorley est simplement relevé de ses fonctions d’entraîneur (et toutes les autres), de même que son adjoint Louis Matte ! On apprend également dans ce communiqué que face à cette décision, Christophe Stücki a préféré présenter sa démission. Bien évidemment, aucun problème pour Quennec, qui intronise Lorne Henning en lieu et place de Chris, lui adjoint René Matte (raisons budgétaires : ça fait un nom de moins à changer). Christophe Stücki sera quant à lui remplacé par Rémy Pagani. Vous avez bien lu : Rémy Pagani.

 

Pendant 5 minutes, la terre a cessé de tourner à Genève. Et les réactions ne vont pas tarder à fuser de toutes parts.

 

Les premiers à dégainer sont les IG, via un communiqué relayé sur 1905.ch. Ceux-ci en appellent purement et simplement au boycott du match de vendredi contre Ambri. Le forum finit par sauter en raison d’une affluence qu’il n’est pas capable d’absorber. Les hashtags #JeSuisMcSorley, #QuennecDemission sont dans les tendances sur Twitter.

 

La presse romande est également sens dessus-dessous et on vous passe les échanges entre éminents membres de notre presse locale. En direct du plateau des « Anges de la téléréalité », Christian Maillard craque et envoie un « T’es GSHC et t’as plus de McSorley, nan mais allô quoi » qui va faire le régal des amateurs de gifs en tous genres. Grégoire Surdez et Daniel Visentini font tout pour obtenir l’interview exclusive de l’un des 3 bannis, mais Christophe Stücki les informe qu’il ne s’adressera qu’à 1905.ch.

 

C’est le matin même du match contre Ambri que l’interview de notre désormais ex-directeur général est publiée. Et celle-ci n’est pas piquée des vers. On y apprend que les conditions de travail au club depuis l’arrivée du « trio à Quennec » étaient irrespirables et qu’une issue pareille semblait inévitable. Quennec semble avoir des demandes de plus en plus loufoques, la dernière en date étant la présence des Cheerleaders tous les matins dans son bureau car dit-il, « la danse [me] met de bonne humeur ». Chris McSorley et Louis Matte étaient quant à eux sous la pression constante de Lorne Henning, qui a finalement eu ce qu’il voulait. Même s’il essaie de ne pas en dire trop, on sent bien l’amertume chez Christophe Stücki qui dit être ouvert à toute proposition pour son avenir professionnel et ne manque pas d’adresser un mot de remerciements pour le staff, les bénévoles, les supporters et les sponsors du club. Chris McSorley se contente lui de dire que « Hugh a toujours agi dans les intérêts du club et pris les décisions qui s’imposaient. Je souhaite tout de bon au club pour la suite. Allez Servette », le tout dans un français impeccable. Louis Matte préfère lui rester loin de tout ça.

 

L’appel au boycott des IG ne fonctionne que moyennement le soir même, puisque 5600 personnes se massent aux Vernets, sans savoir ce qui s’était passé dans la semaine. Et alors que les hommes du duo Henning-R. Matte viennent péniblement à bout d’Ambri (1-0), une manifestation est organisée dehors et rassemble 2000 personnes selon les organisateurs, 750 selon la police. Réunis derrière une banderole « Quennec démission ! », les manifestants sont accompagnés par de nombreux politiques et hommes influents de la région. Et bien qu’ils aient essayé de passer inaperçu, Christophe Stücki, Chris McSorley et Louis Matte font bien partie des manifestants.

 

Malgré cette fronde, les IG organisent tout de même le déplacement à Kloten le lendemain, mais le cœur n’y est pas. Et ce sentiment se transmet manifestement sur la glace, les fantômes en grenat étant battus sèchement 5-1. L’ère Henning-Matte ne démarre pas sous les meilleurs auspices.

 

Lors du match de Coupe à Martigny, Henning titularise Bays et de nombreux juniors élites, mais ceux-ci ont toutes les peines du monde à venir à bout de l’ambitieux Red Ice. C’est finalement un but de Spaling qui libérera les supporters genevois (0-1). Ces derniers, présents dans la même tribune que leurs amis de Martigny, assurent une ambiance exceptionnelle dans un forum en ébullition malgré la défaite, scellant s’il le fallait l’amitié entre les deux publics. Présent sur les lieux en raison de ses vacances dans la région de Verbier, Massimo Lorenzi tweete : « Quelle ambiance au Forum, on est loin de nos stades et pati… Ah non, merde ! », qui obtient un retweet : celui de Brian Wakker. Prochain adversaire en Coupe : Viège à la Litterna-Halle.

 

Alors que la situation autour du club semble s’être apaisée, un nouveau communiqué de Hugh Quennec vient remettre le feu aux poudres. En effet, un joueur de Martigny a tapé dans l’œil du duo Henning-R. Matte et vient immédiatement renforcer l’effectif du GSHC. Et ce joueur, c’est Alain Birbaum !

 

Ce mois catastrophe se termine pourtant par une victoire convaincante face à Lugano (6-2), durant lequel Romy et Almond auront fait étalage de toute leur classe. Ce qui fait dire à un Emmanuel Favre sorti du bois : « Et si le problème de Genève durant 15 ans avait été Chris McSorley ? ». Birbaum n’était pas encore qualifié, mais les IG lui annoncent la couleur tout de suite : « Birbaum, tu n’es pas le bienvenue ». Une caméra de la RTS se braque sur l’intéressé qui est en larmes.

 

Avec 17 points en 18 matchs, notre équipe est toujours lanterne rouge, précédée par Langnau et Lausanne, tandis que devant, Lugano et Zurich font la course en tête.