Mars – La fin d’une saison galère
L’échec est cuisant pour une équipe qui visait comme chaque année le titre et la presse ne tarde pas à dégainer. Les premiers dans le viseur : Hugh Quennec évidemment, mais également Lorne Henning, l’homme au palmarès fabuleux mais incapable d’emmener son équipe en play-off. Quant aux fantômes Gall et Gillis, tout le monde se demandent ce qu’ils ont bien pu apporter au club. Le projet de patinoire n’a pas avancé d’un iota alors que c’est principalement pour ça qu’ils étaient venus. Aucun nouvel investisseur n’a montré le bout de son nez, alors que du côté du Servette FC, Christophe Stücki et Chris McSorley sont en passe de réussir leur pari puisque la Praille est de plus en plus garnie à chaque match.
Et alors que l’avenir du club est en suspens (Quennec menacerait de partir), nos joueurs doivent en plus faire face à une Ligue qui s’était montrée bien trop discrète durant la saison régulière. Elle a en effet décidé d’ouvrir une enquête à l’encontre de Goran Bezina à la suite de ses propos sur Julien Sprunger. Bilan : 5 matchs de suspension, qui lui permettront d’être de retour pour le dernier match des play-out uniquement. De plus, à la suite d’un contrôle « de routine », la Ligue décèle un problème de sécurité dans le Parterre Nord, sans donner plus d’explications que ça. Bilan : tout le virage Nord est fermé jusqu’à la fin de la saison. Tous ses occupants seront recasés en tribune K, leur offrant une magnifique vue sur… leurs places habituelles.
Ces play-out démarrent à Langnau, face à une équipe quasiment condamnée à jouer la série de tous les dangers alors que notre club possède une avance confortable sur son ennemi lausannois. Est-ce cela ou la pression du public de l’Ilfis, toujours est-il que nos joueurs semblent complètement à côté de leurs patins et s’inclinent 2-0 sur des buts de Hecquefeuille et DiDomenico. La victoire de Lausanne à Kloten dans le même temps fait que les deux rivaux lémaniques ne sont plus séparés que par 6 points.
3 jours plus tard, la venue de Kloten dans ces Vernets « new look » a des allures de match capital, mais seules 4500 personnes se pressent aux Vernets. Et après un début de match parfait (3-0 après 8 minutes grâce à Vukovic, Mercier et Slater), le GSHC endosse à nouveau sa tenue de fantôme et explose complètement. Mayer cède sa place à Bays après le 3-5 mais rien n’y fait et les Grenat prennent l’eau : 3-8, dont un triplé du fils à papa. La double confrontation face à Lausanne, qui s’est imposé contre Langnau, s’annonce explosive.
Malley fait évidemment le plein à l’occasion de la 3e ronde de ce tour de relégation et malgré l’absence de la Section Ouest, le CIGM bouillonne. Fermé pour cause de sécurité, le parcage sonne creux et seuls quelques Genevois sont présents à Malley, dont la rédaction de 1905 en tribune de presse. Tribune de presse où éclatera une vive altercation entre différents représentants de la presse romande, fustigeant tour à tour le traitement réservé à ce match dans les divers quotidiens. A l’affût, votre rédaction préférée filmera le tout et postera la vidéo sur Youtube accompagnée de la légende « Quelle ambiance en tribune de presse. On est loin des fantasmes de Massimo » que Brian Wakker ne twittera finalement pas, de peur de perdre son job. Loin de faire cas de cette animation en tribunes, le LHC déroule et s’impose 4-1, revenant ainsi à hauteur du GSHC au classement. Le GSHC qui aura donc réussi à perdre en 3 matchs un avantage de 9 points sur Lausanne, sacré exploit ! La victoire de Kloten contre Langnau sauve les Aviateurs et condamnent les Tigres.
Accueillis par un public furieux aux Vernets en rentrant de Lausanne, les joueurs discutent longuement avec les responsables des IG pour calmer les tensions. Ces derniers leur promettent un soutien sans faille, mais exigent un comportement irréprochable et surtout une victoire contre Lausanne deux jours plus tard.
Le lendemain de cette défaite honteuse, Hugh Quennec sort du bois et convoque une conférence de presse, durant laquelle il annonce purement et simplement le licenciement de Lorne Henning ainsi que de René Matte. Ceux-ci seront remplacés jusqu’à la fin de la saison par le duo Simon Saint-Hilaire (coach de la 2) et Laurent Pechkranz (Directeur administratif de l’AGFH). Quennec annonce par la même occasion les départs de Gall (pour la France) et Gillis, ceux-ci ayant mis à mal la stabilité financière du club. Quennec informe la presse que ni lui ni le nouveau duo de coachs ne commentera ces décisions. « Que nous cache Quennec ? » s’interroge Cyrill Pasche, tandis qu’Emmanuel Favre sort du bois en critiquant ce changement de coach précipité. Le « 20 Minutes » préfère s’attarder sur le « destin extraordhilaire » réservé à Simon.
Malheureusement, ni le choc psychologique lié au changement d’entraîneur ni la discussion avec les IG ne semblent avoir d’effet sur nos joueurs. Pourtant encouragés par un public nombreux et bruyant, ils ratent des montagnes devant les buts, Kast imitant à merveille le Tom Pyatt du match 5 contre Lugano. Et Lausanne ne se fait pas prier pour en profiter et gagne 3-1. Les joueurs sont raccompagnés aux vestiaires par une bronca rarement entendue aux Vernets. « Simon Saint-Hilaire est-il l’homme de la situation ? », se demande le revenant Bernard Andrié sur son blog.
En cas de défaite contre Langnau couplée à une victoire de Lausanne contre Kloten, le GSHC serait condamné à disputer une série de tous les dangers contre Langnau. Les deux matchs sont évidemment suivis avec autant d’intérêt par le maigre public des Vernets (2746 spectateurs). Lausanne prend rapidement les devants, mais Kloten égalise au moment où Rubin (de retour de blessure plus rapidement que prévu) ouvre le score aux Vernets.
L’atmosphère est irrespirable aux Vernets, mais ceux-ci sont libérés par un but de l’inévitable Santala à moins de deux minutes du terme de la prolongation. C’est fini à Lausanne où Kloten s’impose 2-1 au-delà du temps réglementaire, mais aux Vernets, Roland Gerber égalise à 6 contre 4 à 1’57 de la fin du match. Genève-Servette joue son va-tout et Robert Mayer sort de sa cage. Suite à un engagement perdu par Santorelli, Chiriaev s’en va seul au but pour définitivement sceller le sort des Genevois. Et alors que le public se met déjà à siffler, Chiriaev s’encouble et réussit à manquer le cadre. Il n’en fallait pas plus à Santorelli pour récupérer le puck et s’en aller seul rattraper son erreur sur l’engagement. Transformant les défenseurs emmentalois en cônes, il mystifie Ciaccio et offre une victoire miraculeuse aux siens, alors qu’il ne restait que 29 secondes à jouer. Les Vernets (du moins ce qu’il reste du public) explosent, mais réalisent rapidement que rien n’est fini. Il faudra aller gagner à Kloten en espérant que Lausanne n’en fasse pas de même à Langnau.
Le samedi 18 mars, ce ne sont pas moins de 10 cars de supporters genevois qui prennent la route de Kloten pour aller s’assurer le maintien. A la demande des dirigeants genevois (enfin, DU dirigeant genevois), Kloten accepte de diffuser le match de Langnau sur ses écrans géants. La soirée s’annonce folle.
Denis Hollenstein, de retour de sa 8e blessure de la saison, se fait un malin plaisir d’ouvrir le score en toute fin de 1er tiers alors que Langnau tient Lausanne en échec au terme des 20 premières minutes. La tension est à son comble dans le parcage genevois dans lequel on dénote la présence de Christian Maillard et Louis Matte. Rémy Pagani a lui été mis dehors manu militari.
Lorsque Chris DiDomenico ouvre le score pour Langnau, c’est le délire parmi les fans du GSHC, d’autant que droit derrière, Daniel Vukovic s’arrache pour égaliser suite à un rebond laissé par Gerber sur un tir de Spaling. Mais il était dit que rien ne serait facile ce soir, et 5 minutes plus tard, Gobbi égalise à Langnau, avant que Déruns continue la liste des anciens joueurs du club s’étant mis d’accord pour nous faire chier. 1-1 à Kloten, 1-2 à Langnau : à l’entame du 3e tiers, le GSHC est virtuellement l’adversaire de Langnau.
Preuve qu’il a toujours été sous-estimé par ici, Kevin Hecquefeuille égalise pour Langnau et sans le savoir voit son nom être scandé à Kloten. Mais ce but ne change rien si le GSHC ne s’impose pas. Il reste 5 minutes à jouer sur les deux patinoires, et après avoir touché les montants à 3 reprises, les Grenat semblent maudits. Quand soudain, une nouvelle page de l’histoire du hockey suisse vient s’écrire sous nos yeux.
Il est précisément 21h39 quand nous assistons au plus grand moment d’émotion de nos vies de supporters genevois. Alors qu’à Langnau, c’est Roland Geber qui offre le 3-2 aux siens et dévoile sous son maillot un t-shirt des IG, c’est Goran Bezina en personne qui, d’un tir de la bleue dont il a le secret, vient perforer les filets des buts de Gerber. Il reste précisément 1’39 aux pendules des deux matchs et après avoir vécu un ascenseur émotionnel aussi long que le pauvre Del Potro à Rio, les sirènes retentissent dans les deux patinoires. Le GSHC est sauvé in extremis alors que Lausanne devra batailler face à Langnau puis, mais nous ne le savions pas encore, face à Martigny en barrages.
Bien qu’une parade sur la rade ait été souhaitée par Hugh Quennec, le bon sens (et quelques coups de pression des supporters) lui enlèveront cette idée de la tête et seule la traditionnelle fête de fin de saison sera organisée. Fête durant laquelle Goran Bezina annoncera cette fois sa retraite et sa volonté de rejoindre le staff du club.
Le bilan de la saison ne peut être 100% satisfaisant, la victoire en Coupe et les émotions du dernier match ne pouvant effacer la déception liée au championnat. Seule grosse satisfaction de la saison : Alain Birbaum a signé un contrat de 2 ans avec Olten. Au revoir également Marc-André Bergeron et surtout Hugh Quennec, qui se retire après 12 années de présidence. Bien sûr, en guise d’adieux, il déclarera, fidèle à lui-même, que « des solutions sont en passe d’être trouvées avec des repreneurs ». Présent dans l’assemblée, un certain Chris McSorley peine à cacher un petit sourire malicieux.