28 septembre 2017

Robert Mayer est proche d’un retour au jeu (ce soir?), deux mois après son accident de moto au Canada. Le gardien de GE Servette s’est confié sur cette histoire qui l’a fait grandir. Témoignage.

 

Je me rappellerai toute ma vie les premiers instants qui ont suivi mon accident. Cela s’est passé en deux phases bien distinctes. Il y a d’abord eu dix secondes de choc. Plein de questions s’entrechoquaient. Vais-je de nouveau pouvoir jouer au hockey? Est-ce que je vais m’en sortir? Mais rapidement – et je m’en souviens comme si c’était hier – j’ai commencé à me parler. Je me suis juste dit une chose toute simple. Je me suis dit: «Non! Cela ne se passera pas comme ça. Tu vas commencer par te relever. Tout ira bien.» Dans un cas comme celui-ci, la pensée positive et la force mentale sont deux éléments capitaux.

 

Après ces premières secondes compliquées, je me suis rendu compte que ce n’était pas si grave. Je me suis d’ailleurs rendu à l’hôpital par mes propres moyens. Je pensais avoir deux ou trois égratignures, rien de plus. Ce n’est que lorsque j’ai été pris en charge que je me suis rendu compte de ce qui m’était arrivé (lire rappel des faits, ci-contre). Plus j’y repense et plus je suis conscient d’avoir eu de la chance. Avant cet accident, j’étais en très grande forme. Je venais de terminer la préparation estivale. J’avais bouffé de la salle de force tout le printemps. C’est sûrement pourquoi j’ai pu encaisser le choc de manière moins dommageable.

 

Ensuite, mon expérience de gardien de but m’a permis de passer immédiatement à autre chose. D’oublier l’accident et de me focaliser sur la suite. Lorsque je commets une erreur durant un match, je n’ai pas le droit de la ruminer encore lors de la prochaine action. Cette faculté de faire le vide est une qualité primordiale à mon poste. Comme goalie, si tu commences à trop réfléchir, tu as déjà perdu. Dans la vie, le plus important n’est pas de savoir chuter sans se faire mal, mais la manière dont on se relève.

 

Ce qui a été capital dans mon processus de guérison et de retour en forme a été de me fixer un objectif précis. Je l’ai pris comme un défi. Et cela tombe bien, j’adore les challenges. Après tout, c’était là «juste» une occasion de reconstruire mon corps différemment. De travailler certains autres aspects. Tout au long de ma convalescence, j’avais une idée en tête. J’étais convaincu de pouvoir participer au moins à un match amical de GE Servette. Personne ne me le disait autour de moi, mais c’était impossible. Aujourd’hui, je m’en rends compte, mais qu’importe. Cette date arbitraire m’a permis d’avancer. Elle était la raison pour laquelle je voulais au plus vite me remettre à l’entraînement.

 

J’ai des objectifs tellement élevés pour cette saison entre les Jeux olympiques et mon club que j’avais fait une préparation en conséquence. Je ne pouvais pas tout perdre en une seconde. Exclu. Comme j’étais déjà en «mode travail», ce n’était finalement qu’une étape de plus. Si une blessure de ce style m’était arrivée en cours de saison, je ne sais pas si cela aurait été aussi simple. Mais, à cette période de l’année, on est par principe prêt à souffrir. J’étais capable d’encaisser la charge de travail nécessaire. Douze jours plus tard, j’étais de retour à la salle. Je n’avais parlé à personne. J’étais juste là pour ne pas perdre davantage. Maintenir en meilleure condition possible les muscles qui étaient aptes à travailler. Je savais que ce serait le meilleur moyen de pouvoir recommencer à fond.

 

Cela peut paraître bizarre, mais cet accident est la meilleure chose qui me soit arrivée. Je connais désormais bien mieux mon corps qu’avant. J’en ai profité pour lire beaucoup. Lorsque j’étais dans l’organisation de Montréal, nous avions recours à un psychologue du sport. Il nous enseignait les bases. La plus importante? Avec la pensée positive, toutes les situations peuvent se retourner en ta faveur. Comme c’est un domaine qui me passionne, j’avais déjà approfondi le sujet. Avec cette histoire, j’ai également pu mettre en pratique. J’en connais aujourd’hui beaucoup plus sur moi-même qu’auparavant.

 

Je suis de nouveau sur la glace depuis fin août. Aujourd’hui, je pense être en meilleure forme physique qu’auparavant. Et, mentalement, je suis plus solide. Durant ces périodes de doute, tu te rends compte à quel point tu aimes le jeu. À quel point chaque entraînement a son importance. À quel point enfiler son équipement est un honneur.

 

Je ne sais pas encore si je serai devant le filet ce soir. Une décision tombera dans la journée. Mais moi, je suis prêt. Je me réjouis de ressentir de nouveau cette petite excitation au moment d’entrer sur la glace. Lorsque j’aurai la chance de disputer mon premier match, peut-être bien que les émotions seront un peu plus fortes que d’habitude. Mais c’est exactement la raison de tous ces efforts. Pour ressentir ce petit quelque chose dans le ventre. Ce pourquoi nous jouons au hockey sur glace.

 

Dans la vie, le plus important n’est pas de savoir chuter sans se faire mal, mais la manière dont on se relève