7 décembre 2017

 L’entraîneur Craig Woodcroft n’a pas trouvé la solution pour faire fonctionner le jeu de puissance de GE Servette. Le salut des Aigles passera pourtant par là.

 

Les Nord-Américains ont pour habitude de dire qu’une horloge cassée donne la bonne heure deux fois par jour. C’est plus ou moins la même chose avec le power play de GE Servette cette saison. De temps à autre, les Aigles marquent un but en supériorité numérique. Sauf qu’en ce moment le trend prend des proportions inquiétantes. Lors des seize dernières périodes de supériorité numérique, le GSHC n’a pas marqué le moindre but. «Actuellement, ils sont trop prévisibles, nous confie un technicien adverse. Ils peinent à mettre de la vitesse dans l’exécution. C’est leur grand problème.»

 

Trois hommes personnifient les soucis des Aigles: Henrik Tömmernes, Johan Fransson et Romain Loeffel. Le point commun des trois défenseurs des Vernets? Ils accumulent le temps de jeu en supériorité numérique et n’ont toujours pas marqué. Les deux Suédois ont respectivement joué 94 et 51 minutes à la ligne bleue, tandis que le Neuchâtelois en est à 91 minutes.

 

C’est peut-être ce dernier qui possède la clé pour le GSHC. En effet, c’était lui qui tenait la baguette durant la saison 2015-2016 lorsque GE Servette avait tout simplement la meilleure unité spéciale de la ligue (voir infographie). S’il n’avait de manière surprenante aucun but à son compteur, ses seize passes décisives mettaient très régulièrement l’artificier qu’est Matt D’Agostini sur orbite. Ce n’est pas un hasard s’il a pu inscrire huit buts dans cette situation. Son tir sur réception de droitier faisait des ravages.

 

Besoin d’un sniper

 

«Et, aujourd’hui, qui est cet artificier?» questionne notre interlocuteur, sans avoir de réponse. Tanner Richard? Un joueur d’intensité précieux dans les mises au jeu. Mais pas un buteur. Jeremy Wick? 30 buts en 140 matches dans la ligue. Cody Almond? Moins d’un but tous les quatre matches. Ce sont pourtant ces trois attaquants qui patinent le plus lorsque Genève évolue avec un homme de plus sur la glace. L’absence de sniper couplée avec le mutisme des défenseurs explique en grande partie les problèmes de supériorité numérique des Genevois. Et Stéphane Da Costa me direz-vous? Si ses qualités de playmaker sont fantastiques, le Parisien ne peut pas être rangé dans la catégorie des buteurs patentés.

 

Mark French, entraîneur de FR Gottéron, résume ainsi la différence entre infériorité et supériorité numérique: «Le box play est une question de système, tandis que le power play est une question de talent. C’est à ce moment que les joueurs doivent pouvoir s’exprimer et l’entraîneur faire un pas de retrait.» Un avis partagé par John Fust, ancien coach de ligue nationale et de l’équipe nationale M20: «La supériorité numérique est faite de lecture et de réactions instinctives. Une décision prise en une fraction de seconde peut tout changer. Pour cela, il faut du talent.»

 

Est-ce à dire que ce n’est pas Craig Woodcroft qui détient la solution à ce problème, mais ses joueurs? «Le coach a une vraie importance, tempère Fust. Derrière le banc il y a moyen d’influer sur le temps de jeu et l’alignement.» Une option? Piquer au vif ses meilleurs joueurs en leur baissant le temps de jeu. «Cela peut avoir un effet psychologique, détaille-t-il. Les fâcher pour qu’ils se reprennent sur la présence suivante.» Un artifice que sera tenté d’utiliser Woodcroft dès ce soir?

 

Les chiffres

 

12.37% Personne dans la ligue n’a un jeu de «puissance» aussi catastrophique que le GSHC. À l’opposé, Berne propose un power play efficace à 28,71%. Il y a plus d’un monde d’écart entre les deux équipes.

 

12 buts Seul Langnau (11) marque moins que les Genevois avec un homme de plus sur la glace. Mais les Emmentalois ont joué près d’une demi-heure de moins en power play que les Aigles.

 

14'40'' En supériorité numérique durant plus de 176 minutes, les Genevois ont besoin de près d’un quart d’heure pour marquer. À titre de comparaison, Zurich n’a besoin que de 6’20’’ en power play pour inscrire un but.

 

+9 Si l’on soustrait les trois buts encaissés avec un homme de plus sur la glace, GE Servette ne tire donc qu’un avantage minime de cette situation spéciale. Il est le cancre. Le meilleur élève? Berne (+28).

 

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