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Federico Bochy, mer 10/04/2019 - 18:17

À l’aube de cette saison, beaucoup de questions se posaient autour du GSHC. Nous en avions retenu 10 qui nous semblaient importantes. Six mois plus tard, il est temps d’y répondre.

 

1. Quel Chris McSorley verra-t-on à la bande ?

 

Sans grande surprise, Chris McSorley a fait… du Chris McSorley.

 

Si ses coups de sang ont été une denrée rare, il n’a pas rechigné à utiliser le reste de sa panoplie. Temps de jeu extrêmes (Tömmernes, Richard, Winnik…), matchs pugilats (à Berne le 13 novembre), jeunes « benchés » après une bourde (Kyparissis qui n’a pratiquement plus retrouvé la glace de l’hiver après son 2+10’ à Langnau), attaquants reconvertis en défenseurs (Kast), ou même coups de poker fous (la mesure de la canne à la 58’ d’un match IV de Playoffs) : tout ce qui a pu faire la légende de Chris McSorley y était.

 

Une légende qu’il a toujours accompagné de coups de génie et cette saison ne fit pas exception. Tout Genève s’interrogeait sur les signatures de Berthon et Fritsche ? Ils sont devenus les symboles d’un hiver rocambolesque. L’un de ses attaquants étrangers est blessé pour la saison ? Il en trouve un autre en deux semaines qui devient l’un des meilleurs compteurs de l’équipe. Sa direction pense à le débarquer ? Il crée un groupe de guerriers prêt à tout pour aller chercher une qualification héroïque pour les Playoffs et (presque) renverser le vainqueur de la saison régulière (même s’il semblerait qu’il ne soit pas le seul responsable de cette transformation).

 

Bref, une chose est sûre : sa dernière saison aura été un condensé de Chris McSorley. On ne le changera pas, pour le meilleur et pour le pire. Et c’est aussi pour cela qu’il est tant apprécié et respecté !

 

 

2. Qui sera le gardien numéro 1 ?

 

Une question qui se pose encore 59 matchs plus tard !

 

Mayer et Descloux semblaient partir sur un pied d’égalité en septembre. Très vite, Descloux a pris le dessus, bien aidé par cette magnifique série de victoires à domicile. Mayer pendant ce temps-là se coltinait des purges à l’extérieur et ne surnageait absolument pas lors des naufrages collectifs. Était-ce les préparatifs de son mariage et de son déménagement ou la perte de son statut de numéro un indiscutable ? Toujours est-il qu’il a probablement disputé jusqu’en janvier sa pire saison chez les pros. Il lui aura finalement fallu prendre un gros coup sur la tête (au sens propre) pour retrouver la lumière dans le money time. Incarnation de la fameuse loi de la moyenne (© Stéphane Rochette), Robert Mayer a réussi à atteindre des sommets aussi vertigineux que les profondeurs dans lesquelles il était tombé. Injouable lors du sprint final et des Playoffs, il est (re)devenu l’un des meilleurs gardiens du pays, réalisant environ trois miracles par match. Mieux encore : il a su élever le niveau de son jeu pile au moment où Gauthier Descloux avait besoin de souffler après son début de saison hallucinant. Rappelons qu’il était statistiquement lui aussi l’un des meilleurs gardiens du pays pendant l’automne.

 

En résumé, sans vraiment le vouloir, le GSHC s’est retrouvé avec un duo de gardiens titulaires où chacun a eu l’occasion de briller. Ce poste fut l’une des satisfactions de la saison, même si la question du gardien titulaire ne manquera à nouveau pas d’agiter les discussions cet été !

 

PS : la sélection suisse annoncée mercredi par Patrick Fischer confirme d’ailleurs les bonnes dispositions des deux portiers grenat !

 

 

3. Qui va marquer des buts ?

 

Commençons d’abord par un mea culpa : dans mon papier de pré-saison, j’affirmais que Wingels n’était pas réputé pour être un buteur. Avec une fiche d’un point par match et de 13 buts en 21 matchs, force est de constater qu’il m’a largement donné tort.

 

Dans son sillage, ses deux compères Richard et Winnik ont également bien fonctionné avec respectivement 8 et 6 buts, mais surtout 28 et 25 assists. On en revient donc tout de même à notre problème de base : même sur cette ligne, lorsque Wingels était absent, on s’est souvent demandé qui allait marquer des buts. Richard et Winnik sont des formidables passeurs, mais tous deux ont eu énormément de peine à prendre leurs responsabilités lorsqu’il le fallait, ce qui a probablement privé les Grenat de plusieurs succès (à Fribourg en février notamment).

 

Au niveau des buteurs suisses, les trois qui étaient très attendus ont répondu présent : Jérémy Wick (15 buts) termine avec son meilleur total depuis son arrivée en Suisse, Cody Almond (12) son deuxième meilleur total et sa troisième meilleure saison en termes de points, tandis que Noah Rod a véritablement franchi un palier avec ses 11 buts (21 points) en saison régulière, son record (et de loin) en carrière. Il a maintenu ce cap en Playoffs (5 points en 6 matchs, un seul but) alors que les deux autres étaient blessés. Leur absence s’est cruellement ressentie !

 

Enfin, sans effectuer une analyse statistique détaillée, citons encore les excellentes performances de Floran Douay (10 points dont 6 buts, tout proche de sa meilleure marque en carrière malgré sa blessure à la mi-saison) et les 8 buts de John Fritsche, son record.

 

Quant aux échecs, on notera tout d’abord Kevin Romy, certes longtemps blessé, qui termine avec 3 buts en saison régulière, son pire total depuis la saison 2002-2003. Il marque tout de même deux fois en Playoffs et a semblé en regain de forme. À suivre donc pour la saison prochaine. Enfin, Juraj Šimek, avec cinq petis points en 32 matchs, réalise son pire score depuis qu’il n’est plus en âge junior. À sa décharge, il s’agit également de la saison où il a le moins joué. Il a malgré tout porté le maillot de TopScorer en Playoffs.

 

En résumé, la crainte initiale de manquer de véritables buteurs s’est partiellement confirmée tout au long de la saison, même si elle s’est avérée moins criarde que prévu puisque le GSHC termine septième attaque du championnat.

 

 

4. Quand sera-t-on débarrassés de Craig Woodcroft ?

 

Malheureusement, cette question est toujours d’actualité.

 

Woodcroft ayant préféré développer son compte bancaire plutôt que sa carrière, son contrat plombe toujours les finances du club sans qu’il ne se soit vu confier une seule tâche de toute la saison. Il paraît que l’on peut l’apercevoir flânant dans les travées de Malley (où son fils a l’idée incongrue de jouer) et sur les quais nyonnais. Être grassement payé pour aller voir des matchs de hockey, fussent-il du LHC, on s’approche gentiment de la vie de rêve !

 

Et le pire, c’est que l’option de son contrat semble s’être activée automatiquement pour une année supplémentaire. On s’en réjouit.

 

 

5. L’inventeur du gobelet à remplissage par le fond va-t-il être pendu haut et court ?

 

Oui !

 

N’ayant pas souvent eu l’occasion de me rendre aux buvettes de notre ruine cette saison, je ne saurais vous dire depuis quand cette idée de génie a disparu. Toujours est-il qu’elle n’est plus d’actualité et que l’on ne peut qu’applaudir cette décision.

 

 

6. Est-ce que les jeunes auront effectivement du temps de jeu en LNA ?

 

Oui !

 

Le GSHC n’ayant à nouveau pas été épargné par les blessures, plusieurs jeunes ont été appelés à combler les trous en première équipe. S’il a parfois fallu lui forcer un peu la main, Chris McSorley a aligné régulièrement Arnaud Riat (26 matchs de LNA, 4 en MSL et 44 en Elites) et Guillaume Maillard (36 matchs en LNA dont une bonne moitié comme 13e attaquant et 17 matchs avec Sierre), ce dernier ayant de plus régulièrement obtenu un rôle en power-play.

 

Pour ce qui est des autres jeunes par contre, ils ont avant tout servi à ouvrir la porte à leurs aînés. Kyparissis a certes été convoqué 22 fois, mais il n’a plus obtenu de temps de jeu substantiel depuis le 4 décembre et a été renvoyé à Sierre pour y terminer la saison. Stéphane Patry, de retour d’Amérique du Nord, a eu le droit à 8 parties, obtenant un point lors de la seule qu’il a disputé comme titulaire. Le défenseur Zeiter et le revenant Massimino ont eux pu revêtir le chandail blanc et grenat à une reprise (à Zoug et Langnau).

 

Enfin, Enzo Guebey devait disputer la saison en LNB à La Chaux-de-Fonds, mais il s’est blessé gravement au genou en octobre et n’a plus rejoué depuis, tandis que plusieurs anciens juniors élite ont passé l’intégralité de l’hiver à Sierre (Wyniger et Benoist derrière ou Devouassoux devant par exemple). La mission commando de remonter le club en LNB ayant été couronnée de succès, on peut imaginer qu’ils auront plus de temps de jeu la saison prochaine.

 

 

7. Pourra-t-on enfin dire adieu au Trèfle-Blanc ?

 

Non. Oui. Peut-être.

 

Pas de réponse claire sur ce sujet, ce qui est tout sauf une surprise. Si le projet de la bande à Quennec est enfin mort et enterré, on semble maintenant se diriger vers un nouveau Plan tout aussi cher que le précédent mais mieux pensé et porté par des acteurs locaux. Soit.

 

Je reste à titre personnel plutôt sceptique sur le lieu choisi et sur la faisabilité d’un tel mégaprojet dans des délais raisonnables vis-à-vis de l’urgence actuelle (nous sommes à Genève, un canton où les recours sont plus populaires que le sport d’élite). Rappelons que l’on parle d’une inauguration en 2025 au mieux alors que tous les clubs actuels de LNA auront une nouvelle enceinte (ou du moins largement rénovée) d’ici 2022. Exprimé autrement, cela signifie trois ans de retard avant même la pose de la première pierre. Chaque jour de délai supplémentaire pénalisera donc le club d’une manière ou d’une autre. Dès lors, il serait à mon avis plus judicieux de revoir ces ambitions pharaoniques à la baisse pour s’assurer d’un avancement concret et rapide du projet.

 

Pour répondre à la question initiale, disons que oui, nous avons pu dire adieu au Trèfle-Blanc, mais pour mieux accueillir le Trèfle-Blanc 2.0.

 

 

8. Qui remplacera Tim Traber sur le banc des pénalités ?

 

Grosse surprise dans ce domaine puisque le joueur le plus pénalisé de l’équipe se nomme Eliot Berthon avec 84 minutes. Le centre de quatrième ligne a écopé de deux pénalités majeures pour s’être bagarré à Berne et à Fribourg ainsi que d’une pénalité de dix minutes en Playoffs. Cette combativité ayant toujours été dans l’intérêt de l’équipe, on peut largement lui pardonner cette statistique.

 

Beaucoup moins surprenant par contre, Tanner Richard termine deuxième avec 68 minutes récoltées. Véritable baromètre de l’équipe, il est aussi adepte de pétages de plombs qui ont parfois coûté le match à ses camarades. Si précieux lorsqu’il joue au hockey, il a tendance à être ingérable. Un digne successeur de Tim Traber dans ce domaine !

 

Mentionnons à ce propos l’entrée triomphale de Daniel Winnik dans cette rubrique. Joueur extrêmement doué et leader dans le vestiaire, il a trop souvent récolté des pénalités inutiles en zone offensive. Peut-être toutefois que son temps de jeu hallucinant lui a parfois fait perdre un peu de lucidité.

 

 

9. Chris McSorley sera-t-il toujours sur le banc à la fin de la saison ?

 

Oui… Mais plus pour très longtemps.

 

Malgré quelques remous en novembre et février, Chris McSorley a pu terminer la saison comme entraîneur du GSHC. Cela ne s’est parfois pas joué à grand chose, mais la sagesse et l’ouverture d’esprit d’une partie de la direction a permis d’éviter d’enclencher de grandes manœuvres à un moment inopportun. Tant mieux.

 

A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toutefois acquis que le match le plus long de l’histoire du hockey suisse restera également le dernier de la carrière d’entraîneur de Jesus-Chris. Qui le remplacera ? Mes collègues se chargeront de vous en parler ultérieurement, mais je mettrais à titre personnel une (grosse) pièce sur Pat Emond, l’actuel entraîneur des juniors élite et double champion de Suisse de la catégorie.

 

 

10. Le GSHC sera-t-il Champion de Suisse ?

 

Le GSHC non, l’AGFH oui.

 

Comme je l’ai écrit dans mon résumé du match VI contre Berne (que vous pouvez retrouver ici), le GSHC a débuté ses Playoffs un soir de février du côté de la Valascia. Arrivé en « finale » contre Berne, il a tout donné pour renverser l’Ours, mais comme (trop) souvent, cela n’a pas suffit. Malgré tout, nous aurons vécu des émotions extrêmes, presque aussi intenses qu’en 2008 ou en 2010. Comme nos chances de soulever le trophée étaient particulièrement faibles à l’origine, soyons légèrement poétiques en énonçant que le GSHC a été Champion de Suisse dans nos cœurs, ce qui n’est déjà pas un mince exploit au vu de l’état misérable dans lequel l’avait laissé la bande à Quennec.

 

Et profitons de cette dernière question pour adresser un immense coup de chapeau à l’ensemble de l’AGFH pour le travail fantastique qu’ils font depuis des années. Obtenir deux titres consécutifs en juniors élite (cumulé pour certains à un titre en novices auparavant) pile au moment où son club vit l’une des pages les plus compliquées de son histoire, cela montre toute la force et l’importance de la formation à Genève. Croisons les doigts pour qu’elle continue à nous faire rêver, pourquoi pas avec un troisième trophée national d’affilée ?