5 février 2016

La 15e confrontation en championnat depuis 2013 entre GE Servette et Lausanne, deux clubs toujours contrôlés par Hugh Quennec, suscite des interrogations.

 

C’est une «affiche» qui tombe plutôt mal. GE Servette (3e) contre Lausanne HC (7e), Quennec Servette vs Quennec HC. Un derby sous fond de tension entre l’homme d’affaires québécois et le conseil d’administration du club vaudois, dirigé par le président Patrick De Preux. Les relations, d’ailleurs, sont au point mort depuis que les dirigeants lausannois ont mené une opération coup-de-poing en convoquant la presse le 18 décembre dernier et brandi des menaces de démission dans la foulée.

 

«Quennec dégage!» Un derby lémanique qui tombe vraiment mal (il y en aura encore un lors de la dernière ronde), le tout à quelques encablures d’une fin de saison régulière délicate pour les Vaudois, à la lutte avec Berne, Ambri et Kloten pour une place en play-off. Les Lions ont désespérément besoin de points pour assurer une troisième participation consécutive aux séries éliminatoires. Les Aigles, de leur côté, sont d’ores et déjà qualifiés et pourraient donc – théoriquement bien sûr – se permettre un certain relâchement même si personne ne remet en doute la nature ultracompétitive des joueurs de Chris McSorley. Ni celle des joueurs du club vaudois, du reste. «Il n’y a aucune équipe que je souhaite autant battre que le LHC», jure le coach des Aigles.

 

Reste que peu importe le résultat, les mauvaises langues disposeront de suffisamment de cartouches pour nourrir la théorie du complot et parler d’arrangement (lire ci-dessous). Les chiffres sont éloquents: GE Servette a égaré 25 des 42 points en jeu lors des 14 derbies lémanique disputés depuis 2013. 14 matches, neuf victoires vaudoises…

 

Berne, Ambri et Kloten resteront à coup sûr attentifs aux événements qui se produiront ce soir du côté des Vernets. Ces équipes ont-elles légitimement de quoi se faire du souci au vu de la zone d’ombre qui plane au-dessus des clubs lémaniques, toujours contrôlés par la même personne? «Quennec dégage!» «Ce club n’est pas un jouet pour actionnaires.» Les supporters du LHC, très remontés lors du derby du 22 décembre dernier à Malley, avaient pourtant annoncé la couleur. Mais peu de chose a évolué depuis.

 

L’attaque du car

 

Le président de GE Servette et actionnaire majoritaire du LHC a certes promis de se départir de ses actions. Pour l’heure, rien n’est encore réglé. Le Québécois, de toute façon, a jusqu’au 16 février pour s’alléger de suffisamment de titres afin de satisfaire aux exigences de la commission des licences de la Ligue. Pour l’instant, il joue la montre. En attendant d’évincer pour de bon le conseil d’administration vaudois actuellement en place?

 

Une rencontre, enfin, classée à haut risque et qui se disputera sous fond de tension depuis le déplorable épisode de l’agression dont les joueurs genevois et Chris McSorley en particulier (touché par une pierre et des éclats de verre au visage) ont été victimes en quittant Malley le 22 décembre, victoire 0-3 en poche. Espérons que cette fois-ci, l’aspect sportif prenne le dessus…

 

"Pas d'esprit tordu sur la glace" (par Frédéric Lovis)

 

Ueli Schwarz, le directeur de la Ligue nationale, est persuadé que le derby de ce soir se déroulera dans un état d’esprit où l’éthique sportive sera reine.

 

Ueli Schwarz, irez-vous aux Vernets ce soir?

 

La ligue sera représentée.

 

La Ligue sera-t-elle en mission?

 

Non. Les clubs doivent garantir le déroulement normal du match. Après les jets de pierres avant Noël à Lausanne sur le car de GE Servette, les responsables de la sécurité des deux clubs et la police seront certainement mobilisés et en contact avec le responsable de la sécurité de la Ligue. Ce qui s’est passé est inacceptable. Je lance un appel au calme.

 

Il y a aussi l’affaire Hugh Quennec…

 

Une solution au niveau de l’actionnariat du LHC est en passe d’être trouvée. Nous avons fixé un délai. Il court jusqu’à la prochaine assemblée de la Ligue nationale. A ce niveau-là, une solution est proche et ne devrait raisonnablement pas affecter ce qui se passe sur et hors de la glace. Je souhaite que tout le monde en soit certain.

 

Craignez-vous que le match soit truqué?

 

Non. Depuis le retour de Lausanne en LNA, on n’a jamais pu émettre des pensées pareilles. Personne n’a jamais constaté d’irrégularités. Je suis convaincu à 100% de la probité des coaches, des directeurs techniques et des joueurs de ces deux clubs.

 

Et si le gardien genevois «se trouait» à 23 secondes du gong final, erreur à la base d’une victoire 4-3 du LHC?

 

C’est de la spéculation. Après, si un truc comme ça arrivait, il y aurait forcément des discussions. Mais ça peut toujours se produire. Cela dit, j’ai obtenu la garantie des deux clubs qu’ils respecteraient l’équité sportive. Je leur fais confiance. Franchement, ce serait une honte pour chaque personne impliquée dans ce match si quelque chose de ce genre était mis sur pied volontairement.

 

Et si un défenseur genevois se mélangeait les pinceaux à 5 secondes de la fin du temps réglementaire, accident de patinage qui débouchait sur le 4-3 en faveur du LHC?

 

Je viens de répondre à votre question.

 

Mais elles sont légitimes!

 

Oui, c’est la conséquence d’une situation que personne ne souhaitait dans le hockey suisse. Elle est là et, depuis qu’elle est formellement reconnue, nous avons tout fait pour la résoudre. Je le répète: je suis convaincu que personne n’entrera sur la glace avec un état d’esprit tordu.

 

Comment pouvez-vous faire confiance à des clubs qui ont sciemment caché une partie de la vérité à la commission des licences?

 

Je ne souhaite pas répondre à votre question. Si je le faisais, ça ne ferait que jeter à nouveau de l’huile sur le feu. Nous sommes sur le bon chemin pour résoudre la situation.

 

Berne menaçait de déposer protêt en marge de ce match. Est-ce encore d’actualité?

 

Je n’ai jamais reçu un coup de téléphone, lu un e-mail où vu quelqu’un parlant de ça. Ce n’est qu’une rumeur.