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Brett Regali, jeu 23/06/2016 - 08:08

Vous l'avez lu dans la presse et sur le site officiel du club : de nouveaux membres sont arrivés au conseil d'administration.

 

Le discours officiel nous parle évidemment de personnes pleines d'expériences et de compétences, prêtes à faire évoluer le club vers les sommets. Discours en grande partie repris par la presse. Mais qui sont-ils vraiment et que peuvent-ils apporter au GSHC ? Ces arrivées annoncent-elles d'autres changements ? Tentative d'explication et d'analyse.

 

Mike Gillis

 

Probablement le plus connu des trois de ce côté-ci de l'Atlantique vu qu'il a occupé le poste de GM (general manager, ou directeur gérant pour les Québécois) à Vancouver dans un passé proche. Avant ce poste il a eu une brève carrière d'agent durant laquelle il géra les intérêts de quelques joueurs renommés tels que Pavel Bure, Markus Naslund et Bobby Holik. Il a eu aussi une carrière de joueur relativement médiocre bien qu'il fut drafté très tôt (5e position totale en 1978) et ne parvint jamais a vraiment s'imposer en NHL tant avec les Rockies du Colorado qu'avec les Bruins de Boston.

 

Intéressons-nous surtout à son poste de GM à Vancouver. Il va de soi que le discours officiel est élogieux et les faits parlent pour lui : en 7 saisons sous sa direction, l'équipe a remporté 5 fois sa Division, 2 trophées des Présidents (meilleure saison régulière de la ligue) et atteint une fois la finale de la Coupe Stanley perdue en 7 matchs. Il faut avouer que sur le papier ça a de la gueule !

 

Sans vouloir tomber dans la critique gratuite, la réalité n'est peut-être pas si rose que ça. A cette époque-là, la Division nord-ouest était de loin la plus faible de la ligue. De là à dire qu'il était facile de remporter cette Division et faire un maximum de points contres ces équipes il y a un pas qu'on ne franchira pas, mais ça aide beaucoup ! Il faut admettre que Gillis a pris quelques bonnes décisions en signant tôt le prometteur attaquant Alexandre Burrows et en allant chercher Christian Ehrhoff pour renforcer sa défense. Mais les principaux piliers de l'équipe qui est allée en finale (les frère Sedin. Luongo, Burrows, Edler, Kessler) étaient déjà tous dans le club avant son arrivée au poste de GM.

 

Le contrat de 12 ans accordés à Luongo n'est pas la plus belle ligne de son CV. Il essayera pendant de longs mois de l'échanger à la première équipe intéressée mais ce contrat mirobolant est un obstacle. Ceci alors que Cory Schneider a clairement pris le dessus pour le poste de gardien numéro un de l'équipe. Il finira par échanger les 2 gardiens (!), Schneider s'en allant aux Devils et Luongo en Floride. Mais une partie du salaire de Luongo est toujours assumée par les Canucks et compte en partie sous le plafond salarial de l'équipe... Durant la même entre-saison, il engagea John Tortorella comme coach à la place d'Alain Vignault viré quelques semaines plus tôt. Une décision plutôt surprenante et très vite critiquée. Les deux hommes seront remerciés en fin de saison.

 

Ne nous trompons pas, Mike Gillis a des compétences et connait le hockey. On ne devient généralement pas GM par hasard (quoique, aux Islanders...). Les contraintes de la NHL (draft, plafond salarial) rendent le travail des GM passablement difficile. Mais il serait faux de voir en Gillis un génie de la gestion sportive d'une équipe qui transforme tout ce qu'il touche en or.

 

Maintenant, la question à se poser est plutôt à propos du rôle qu'il pourra jouer. On a de la peine à l'imaginer être d'un grand support pour le marché des joueurs suisses qu'il ne connait pas (bien que sous son mandat les Canucks aient acquis Sbisa, Weber et Baertschi). On imagine que son rôle sera surtout pour tous les à-côtés et qu'il apportera son expérience de gestion. Difficile d'avoir un avis sur la qualité de son travail à ce niveau lorsqu'il était à Vancouver. Mais avoir ce poste dans une ville canadienne, donc en étant en permanence sous le feu des médias, doit forger une sacrée expérience que l'on peut facilement imaginer être utile à notre club.

 

Si le club est allé le chercher pour développer le club pour tout ce qui n'est pas sportif (et on imagine que c'est le cas), c'est du lourd !

 

Lorne Henning

 

Moins connu, il fut le bras droit de Mike Gillis a Vancouver lorsque celui-ci était GM. On imagine donc qu'il peut apporter le même genre de conseils que Gillis, mais pas seulement.

 

Il n'a jamais été agent mais a, part contre, été entraineur et assistant en NHL. Il a remporté 4 coupes Stanley avec les Islanders, une comme joueurs, une comme entraineur-assisant-joueur (ah le bon vieux temps), et deux comme assistant. Il fut ensuite entraineur principal des North Star durant deux saisons au milieu des années 80 et durant une courte saison (pour cause de lock-out, déjà...) en 94-95 avec les Islanders. Il refera une courte pige sur Long Island en fin de saison 2000-2001 pour assurer la transition. Mais dans sa carrière il a surtout occupé le poste d'assistant, durant de nombreuse années avec les Isles, mais également à Chicago et Anaheim.

 

Avec une telle expérience derrière le banc au plus haut niveau, nul doute qu'il a des choses à apporter tant au niveau tactique qu'au niveau de la gestion d'un vestiaire. Et son statut de légende du côté de Long Island inspirera sans nul doute le respect de la part des joueurs (et une demi-érection à l'un de mes collègues chez 1905).

 

On ne peut donc qu'être ravis d'une telle arrivée dans l'entourage du club. Et il y a fort à parier que son carnet d'adresses très très garni soit très utile dans le recrutement. Les rumeurs disent même que c'est déjà le cas...

 

Peter A. Gall

 

A priori, cette dernière personne n'ira pas mettre son nez dans les affaires sportives du club. En fouillant un peu on découvre que c'est un avocat inscrit au barreau de la Colombie Britannique. On imagine donc qu'il a rencontré les deux autres acolytes lors de leur passage à Vancouver.

 

Selon le communiqué du club, il aurait officié régulièrement dans le monde du sport et aurait d'excellentes relations avec des investisseurs renommés. Hugh Quennec a donc décidé de s'entourer d'une pointure pour faire avancer le projet de nouvelle patinoire. Difficile de juger des compétences et de l'utilité de ce Monsieur mais on peut s'étonner d'aller chercher un homme de loi outre-Atlantique pour faire avancer un dossier avec des spécificités locales. Mais si son rôle se confine à la gestion des relations avec les investisseurs, on peut commencer à spéculer sur l'origine de ceux-ci...

 

Tirer des conclusions sur ces trois arrivées ne serait que pure spéculation à ce stade tant on ne sait pas quelle sera leur réelle implication dans le club. Il a souvent été reproché à Quennec et McSorley de ne pas ouvrir le club à d'autres personnes. Voilà qui est maintenant fait et un peu de vent frais ne peut pas faire de mal. Surtout que l'on a là deux grosses personnalités du hockey qui ont une grosse expérience au plus haut niveau.

 

On peut en revanche regretter qu'il n'y ait aucune personnalité locale dans ces noms car c'est bien de relais locaux que le club semble manquer dans les dossiers politiques.

 

Ces annonces seront-elles suivies par d'autres quant à la gestion et l’actionnariat du club ? Impossible à dire mais ces changements sont une petite bombe dans un club à tendance oligarchique.

 

La rédaction ne manquera pas de revenir sur le sujet quand on en saura plus sur les tâches des uns et des autres.