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Goran McKim, mer 16/09/2015 - 15:44

Après avoir quelque peu laissé retomber nos émotions, il est temps de consacrer un article à celui qui nous a quittés après 12 ans de bons et loyaux services

 

Chris,

 

Depuis deux jours, ton départ a beaucoup fait parler. Sur les forums, dans les patinoires, au café du coin, toutes les discussions des fans du GSHC et de ton nouveau cl… de Fribourg-Gottéron (désolé, mais je n’y arrive pas encore !), tout le monde a ton nom à la bouche. Finalement, les moins loquaces à ton sujet, ça a sûrement été les dirigeants de notre club, qui ont annoncé ton départ comme on aurait annoncé celui d’un mec ayant joué 2 matchs pour nous. Tout ça pour dire que tu n’as pour l’instant pas encore eu l’hommage que tu mérites. Sans prétention, je vais tenter de m’en charger.

 

Il y aurait tout un tas de choses à dire sur ton départ : les raisons, le pourquoi du clash, pourquoi Fribourg, cette histoire de salaire peut-être encore payé par le GSHC et que sais-je d’autre encore. Mais je vais éviter de les aborder, tant les inconnues sont grandes sur le sujet. Certains aiment passer du temps à supputer alors qu’ils ne savent rien, grand bien leur fasse, mais seul toi et Chris connaissez toutes les raisons de ce divorce. Quand bien même on en connait une partie, l’important ne me semble pas là aujourd’hui.

 

Le plus important dans l’histoire, quelles que soient les raisons et les conditions, c’est qu’on vient de perdre l’âme de notre équipe. Non tu n’es pas mort, et entre toi et moi je sais que tu ne vas pas te priver de nous le montrer dès que tu le pourras. Mais c’est quand même la mort dans l’âme que j’écris cet article.

 

Toi qui es fan de Manchester United (comme quoi, t’as aussi des défauts !), t’aurais imaginé un Ryan Giggs, un Roy Keane ou un Wayne Rooney signer à Liverpool ? Bien sûr que non ; on ne touche pas à l’emblème d’un club, et encore moins pour l’envoyer chez l’ennemi numéro 1 (ou numéro 2, c’est selon). T’imagines donc ce que j’ai ressenti hier. Je pourrais même dire ce qu’ON a ressenti, car je doute être le seul dans ce cas.

 

Comment envisager qu’un joueur ayant disputé plus de 500 matchs sous notre maillot puisse comme ça, du jour au lendemain, s’en aller ? Toi, le Genevois-type, râleur et grande gueule, destiné à une carrière vouée à un seul et même club, te voilà du côté obscur ? Ben merde !

 

Tu le sais toi-même, tu n’es pas le joueur le plus talentueux de la ligue, pas le plus doué. Oh tu n’es pas un manche pour autant, mais l’image que l’on gardera de toi sera d’abord celle d’un guerrier avant celle d’un Sydney Crosby en puissance. Mais peu importe le talent ; ce que tu nous as montré durant 12 ans, personne à Genève ne doit l’oublier.

 

Tu t’es battu comme un lion sur tous les pucks, durant chaque match que tu as eu le privilège de jouer avec notre beau maillot. Tu nous as fait vibrer, par certaines paroles, certains gestes, certaines charges. Tu as su accepter ce poste ingrat en 4ème ligne, transformant celle-ci en une ligne redoutable chaque année, quels que soient les joueurs qui t’ont été adjoints. Et surtout, tu as su incarner à merveille cet esprit de guerrier qui nous plait tant. Celui qui fait de nous des gens aussi amoureux du grenat que toi.

 

Pourtant, à tes débuts, je t’avoue que tu m’as souvent énervé, surtout en raison de tes pénalités régulières et bêtes pour des fautes évitables en zone offensive. Mais petit à petit, tu as gagné mon cœur et celui de tous les Vernets, jusqu’à faire de toi une des figues les plus emblématiques de ce club.

 

Aujourd’hui, te voilà à Fribourg, loin (enfin, tout est relatif) de tes racines, de ta ville, de ta famille, de tes potes. Et surtout de ton club. Il va nous falloir l’accepter, le choix ne nous étant pas donné. Il paraît que c’est le sport de nos jours…

 

A Fribourg, tu devras faire ton métier comme tu l’as toujours fait, avec passion. Même quand tu joueras contre nous. Aux Vernets, tu seras toujours le bienvenu, même si ton jeu fera sûrement de toi une victime de quelques sifflets. Comme à ton habitude, tu chargeras, provoqueras et titilleras ; c’est ton métier. Nous supporters, réagirons ; c’est notre passion. Mais il en faudra plus que ça pour que tu deviennes un paria dans ton canton. Ta ville. Ta patinoire. Ton club.

 

Le plus sincèrement du monde, je te souhaite bonne chance pour ton nouveau challenge. Eclate-toi ! Aie juste la décence de ne pas trop nous faire chier quand même ! Quant à ton nouveau public, on veut bien imaginer que la transition va être difficile. Mais un jour il réalisera la chance qu’il a d’avoir, dans son équipe, un mec comme toi !