Chris McSorley n’est pas tendre avec son ex-joueur qui a rejoint Lugano. Interview à la veille du premier choc des play-off au Tessin
«Je vais aller m’acheter le déguisement du diable cet après-midi avec une fourche et les cornes!» Chris McSorley, qui a promis l’enfer à Lugano, est fin prêt à la veille de défier les Tessinois en quart de finale des play-off.
Qu’est-ce qui vous fait penser que vous possédez, à la veille de ce premier match, toujours «la meilleure équipe que vous n’ayez jamais eue» auparavant?
Parce que vous ne pouvez pas entrer en play-off sans croire que vous possédez la meilleure équipe possible. Alors oui, j’y crois. Contre Lugano, nous avons comptabilisé huit points sur douze et on les a dominés durant trois parties. Et puis tu ne peux pas laisser le public croire que l’adversaire peut te battre. Alors je suis confiant.
Mais Kevin Romy, blessé à la clavicule, ne sera pas là. Ge/Servette, sans lui, ce n’est plus vraiment la même équipe.
Il est clair qu’en son absence, cela risque d’être difficile. Mais on devrait le récupérer au milieu de la série.
L’an passé, vous aviez éliminé Lugano en cinq parties, mais Lombardi était au top de sa forme et la défense encaissait moins de buts. Comment pouvez-vous éliminer les Tessinois ainsi et sans Stephan dans la cage?
Aucun joueur n’est venu se plaindre du gardien cette saison. Tobias est un grand goalie, mais Robert Mayer aussi. Il n’aura pas de problème à fixer l’adversaire droit dans les yeux. Avec les blessures de Marti et de Ranger, je n’ai pas beaucoup d’options en défense, c’est vrai. Or cette semaine nous avons travaillé avec chaque joueur pour qu’il se mette dans la tête d’un joueur de Lugano. Au moment d’entrer sur la glace, il sera meilleur mentalement que lui. Quant à Lombardi, qui est arrivé en cours de saison, je m’attends à ce qu’il soit au même niveau, voire supérieur à Klasen.
Avec Brunner, Pettersson et Klasen, ce Lugano est construit pour le titre: quelles sont les légitimes raisons de croire à votre qualification?
L’an passé, Lugano était déjà meilleur sur le papier que Genève, mais nos joueurs avaient bien appliqué le plan de match pour s’imposer. Lugano a bien essayé de jouer physique. Mais en se comportant de cette manière, les Tessinois nous ont donné des atouts.
Quinze points d’écart entre Lugano et Genève au classement, cela ne traduit-il pas les rapports de force entre les deux équipes?
C’est le plan de match qui fera la différence. Maintenant si Lugano, qui s’est imposé à Berne et à Zurich, est capable de gagner le championnat, son chemin passera malheureusement d’abord par Genève!
Mais Genève-Servette n’a jamais éliminé une équipe mieux classée en play-off. Pourquoi serait-ce différent cette fois-ci?
Quand on attend assez longtemps, toutes les séries ont une fin. L’histoire est là pour être réécrite.
Quelles sont désormais vos relations avec les arbitres?
Cette saison, c’est le meilleur arbitrage que je n’aie jamais vu en suisse. Je salue d’ailleurs le travail de Brent Reiber, qui amène beaucoup de bonnes choses positives avec les entraîneurs. L’apport du Suédois Vinerborg a aussi été important.
Votre power-play est aujourd’hui le meilleur de la ligue: est-ce parce que vous avez laissé vos joueurs s’exprimer?
Si j’avais laissé les clés du power-play aux joueurs, c’est comme confier ta voiture à un enfant. Si notre jeu de puissance a changé, c’est grâce à la présence de Loeffel, Pyatt, Kast et D’Agostini. Avec Louis Matte, on fait aussi durant trois à quatre fois par semaine un gros travail avec la vidéo.
Patrick Fischer, l’entraîneur de Lugano, a essayé de faire du McSorley la saison dernière. Va-t-il tenter une nouvelle intimidation?
Il y a très longtemps, on m’a dit que lorsqu’un coach parle des entraîneurs, c’est un signe de faiblesse. Vous ne m’avez jamais entendu critiquer un autre coach, c’est lancer un leurre pour que le poisson morde à l’hameçon. Maintenant, lors d’une série, c’est souvent l’expérience qui peut éviter qu’elle bascule en ta défaveur…
Et Goran Bezina, sera-t-il encore à Genève la saison prochaine?
Goran possède une clause dans son contrat qui lui permet de s’en aller à la fin de la saison. Comme le coach, chaque jour qui passe, tu te rapproches de la fin de ta carrière. S’il s’en va, j’aurais toujours autant de respect pour lui. Mais s’il veut rester, il sera toujours mon capitaine.
Juraj Simek, qui a marqué le but décisif à Zurich offrant Ge/Servette à Lugano, est prêt à se venger contre vous, non?
Avec l’émergence de Jeremy Wick, son rôle avait changé chez nous. Je lui ai donc donné l’opportunité de prendre une nouvelle dimension à Lugano. Je suis certain qu’il sera à 120% contre nous, mais ce n’est qu’un joueur dans la série.
Ne craignez-vous pas qu’il dévoile des secrets du système aux Luganais?
A Genève, Juraj ne comprenait rien au système Il n’a donc pas beaucoup de secrets à dévoiler…
Sur le plan financier, les play-off c’est du bonus (par Grégoire Surdez)
Depuis son retour en LNA, Ge/Servette ne s’est pas développé que sur la glace. Il a aussi appris à ne plus vivre au-dessus de ses moyens. «Ainsi, notre budget (ndlr: 11,3 millions) ne prend pas en compte une participation, ou non, aux play-off. Les comptes doivent être équilibrés à l’issue de la saison régulière.» Christophe Stucki, le directeur de Ge/Servette, aborde cette phase décisive avec envie et excitation. «Sur le plan personnel, il y a une vraie impatience. Ça bourdonne au bureau où tout le monde est aussi en mode play-off. Le téléphone sonne toutes les deux minutes.» Entre les demandes de billets ou autres faveurs, l’homme-orchestre du bureau ne chôme pas. «On espère que l’aventure durera le plus longtemps possible. Pour nous les séries finales ce n’est que du bonus.»
Un long parcours peut rapporter gros aux Aigles. Tous frais déduits (y compris les primes versées aux joueurs), un match à guichets fermés aux Vernets rapporterait une manne financière d’une bonne centaine de milliers de francs. Un vrai bénéfice qui pourra être réinvesti en vue de la prochaine saison. L’an dernier Ge/Servette avait joué six matches à domicile, le compte est vite fait et il est bon.
Meilleur en tout cas que la moyenne de spectateurs de la saison écoulée. «C’est vrai que l’on perd 200 spectateurs en moyenne par match, répond Christophe Stucki. Mais cela concerne essentiellement les places parterre et tribune du côté sud. Pour le reste, les chiffres sont stables. Et avec la multiplication des matches, avec la Ligue des champions et la Coupe de Suisse, nos rentrées billetterie sont même en hausse cette saison. Cela dit, nous réfléchissons à la question de ces places et il y aura sans doute du changement pour la saison prochaine.»
Le secteur VIP, le plus rentable, affiche, lui, complet. «On a des listes d’attente pour la saison régulière. Et pour les play-off, seule une centaine de places n’a pas été reconduite. Le plus souvent pour des raisons de disponibilités et non par manque d’intérêt. Ces places retrouveront très vite preneur. Cela démontre une fois de plus que nous arrivons à saturation. Notre chiffre avec les VIP stagne désormais. De quoi rappeler l’urgence de la nouvelle patinoire si le club veut pouvoir continuer son développement, une nouvelle enceinte est indispensable.»