Le petit attaquant de 19 ans est le top scorer des Aigles. Rencontre avec un garçon qui a du talent plein les bras, les jambes et la tête
Il y a des gens, comme ça, qui ont une bonne tête. Au premier regard, on se dit que le garçon sera plutôt du genre bonnard. Il faut le voir tournoyer sur la glace, tête levée et sourire en coin. Kay Schweri prend son pied avec les Aigles. Cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Une figure toujours barrée de ce sourire de gosse heureux. «Je fais ce que j’aime le plus au monde», dit-il. A 19 ans, le hockey est encore un jeu. Puisse-t-il garder cet état d’esprit encore longtemps. «Je ne suis pas le genre de joueur qui va mettre une grosse charge, reprend-il. J’essaie donc de me rendre utile pour l’équipe autrement. En faisant parfois des belles actions, c’est vrai. J’aime ça.»
Dans son histoire moderne, Ge/Servette a rarement intégré dans son effectif ce type de joueur. 1,78 m, 80 kilos, ce n’est pas à proprement parler le gabarit d’un joueur de poche. Et Chris McSorley a toujours affiché un penchant pour les armoires à glaces. Mais l’entraîneur sait désormais renoncer à certains principes. Il peut même lâcher un peu la bride à ceux qui en ont les moyens techniques. «Quelle belle surprise, dit l’Ontarien, visiblement conquis par ce lutin qu’il est allé chercher du côté de Sherbrooke (Canada). Comment qualifier Kay? Disons que dans une équipe, il y a beaucoup de peintres en bâtiment et que lui serait plutôt un artiste peintre. Il est celui qui met la touche finale au tableau.»
Il bonifie les autres
Après des années juniors à Kloten, l’international des moins de 20 ans est allé parfaire sa formation en Ligue majeure junior du Québec. Pendant deux saisons, ses coaches canadiens n’ont pu que constater l’évidence: lorsqu’il est sur la glace, l’équipe se bonifie et fait grimper son taux de victoires. Presque de quoi faire rougir l’intéressé. «Je suis quelqu’un qui reste humble, dit-il. Je n’aime pas trop me mettre en avant. En fait, j’adore valoriser les autres en faisant une belle passe, en provoquant une action dangereuse.»
Il faudra bien sûr voir comment Schweri s’inscrit dans la durée. Il n’est pas rare qu’un jeune joueur se brûle les ailes après avoir flambé quelques semaines. Comment réagira-t-il lorsqu’il connaîtra un petit coup de mou et que ses oreilles ne manqueront pas de siffler. Résistera-t-il au fameux passage de savon que Chris McSorley réserve à tout joueur, un soir ou l’autre de prestation quelconque? Il semble avoir la tête bien installée sur les épaules et devrait avoir l’intelligence de savoir faire le poing dans sa poche.
S’il est venu à Genève pour entamer sa carrière dans l’élite, c’est tout sauf un hasard. «J’aurais pu revenir à Kloten, c’est vrai, dit-il. Mais je voulais aller dans une équipe compétitive. Genève a montré ces dernières années une capacité à jouer pour le titre. Et puis j’ai aussi constaté qu’ici, on donnait vraiment sa chance aux jeunes joueurs. La saison réussie l’an passé par Damien Riat en est le plus parfait exemple. C’est le genre de choses qui comptent lorsque l’on doit choisir où signer. Genève est le bon choix pour ma carrière.»
Comment lui donner tort. Après cinq matches, voilà Kay Schweri avec le chandail de Top scorer sur les épaules. Ses deux buts, deux «one to one» exécutés avec maestria, ont marqué les esprits. Et voilà qu’on le compare déjà à Lino Martschini, le plus petit joueur du championnat, qui évolue à Zoug. «C’est un peu flatteur, avoue Kay Schweri. Lino est un vrai buteur. Moi, je me classe plutôt dans la catégorie des faiseurs de jeu.»
La paire avec Riat
Un avis partagé par Damien Riat, qui évolue a ses côtés depuis le début de la saison. «On est de la même génération et on se trouve parfaitement sur la glace, dit le Numéro 9 des Aigles. Kay est incroyable depuis le début de la saison et il y a une vraie bonne alchimie entre nous, ça tournait super-bien avec Tim Kast au centre. Et c’était la même chose samedi avec Kevin Romy.» Le Top scorer renvoie le compliment à son compère de ligne chez les Aigles et en équipe de Suisse juniors. «Damien est un super-joueur, physique, qui a un très bon sens du but. C’est vrai qu’on se complète très bien.»
En cinq matches, Kay Schweri compile une fiche de 5 points (deux buts et trois assists) avec un différentiel de +5. Il va falloir s’habituer à cette bonne bouille, c’est certain. Il a même promis de nous répondre en français la prochaine fois. «Pourquoi la prochaine fois? lance Jimmy, le chef mat des Aigles. Il comprend très bien et parle très bien le français.»
Talentueux et farceur, Kay Schweri…
Les attaquants jouent les dépanneurs
Confronté à une avalanche de blessures en défense, Chris McSorley préfère ne pas agir dans l’urgence. Anthony Huguenin, mis au bout du banc à Bienne, n’entre pas dans les plans de l’homme fort des Vernets. Après cinq matches, à quoi bon se précipiter pour tenter un pari avec un joueur qui n’en finit pas de décevoir? De par son profil, offensif, il ne correspond pas du tout aux besoins actuels de Ge/Servette. «Je ne prendrai jamais un joueur pour faire le nombre, dit-il. Si nous engageons quelqu’un, il faut que cela ait un sens et que ce joueur apporte un vrai plus.»
Avec Jonathan Mercier et Eliot Antonietti à l’infirmerie et avec deux jeunes joueurs qui peinent à se mettre dans le rythme (Chuard et Petschenig), Chris McSorley a opté pour le recyclage de certains de ses attaquants. Depuis le début de la saison, Arnaud Jacquemet s’est mué en défenseur. Un poste qu’il avait déjà tenu avec une certaine réussite la saison passée. Samedi, c’est Tim Kast qui a reculé d’un cran. Pour le plus grand bonheur de son coach, qui n’a pas vraiment été surpris «qu’un joueur si intelligent s’adapte si rapidement à ce nouveau rôle».
Quand Mercier sera de retour, dans une dizaine de jours, Chris McSorley disposera de cinq défenseurs confirmés, en incluant le Canadien Travis Ehrardt, très sobre et efficace depuis qu’il est aligné. Une question se posera alors: lequel de ses cinq joueurs étrangers l’entraîneur laissera-t-il en tribune? «Pour avoir davantage de profondeur, j’attends aussi de certains jeunes qu’ils franchissent un palier rapidement, martèle le boss. Car je ne pourrai pas imposer un temps de jeu inhumain à mes joueurs défensifs majeurs pendant toute la saison.»
Power-play
A l’affiche Ge/Servette se déplace à Bienne ce soir à 19 h 45. C’est le deuxième affrontement entre les deux équipes. Le 10 septembre, Bienne était venu s’imposer 3-1 dans la fournaise des Vernets en s’appuyant sur un excellent Jonas Hiller dans les buts.
Equipe Détraz, Antonietti, Spaling, Mercier sont blessés. Chuard devrait être surnuméraire. «Spaling est très proche d’un retour», dit Chris McSorley. Rubin intégrera le centre de la 4e ligne pour la densifier.
Opération L’opération d’Eliot Antonietti à la Clinique La Colline «s’est très bien passée et le joueur va bien», confirme Louis Matte. Rappelons que le solide défenseur sera éloigné des patinoires pour deux mois au moins. Le ménisque et des ligaments ont été touchés, a-t-on appris sans plus de précision, secret médical oblige.
Mayer au top Avec son coach, Sébastien Beaulieu, Robert Mayer s’est fixé des objectifs élevés: faire mieux que la saison passée. Après cinq matches, le gardien est déjà dans un excellent rythme puisqu’il rend une fiche de 94,09% d’arrêts, qui le place en 3e position de la ligue. Si l’on excepte un léger manque de réussite sur un ou deux buts, Robert Mayer assure ses arrières. Le tout avec devant lui une défense décimée. Avec 186 tirs reçus, il est le gardien le plus sollicité de LNA