28 février 2018

Arnaud Jacquemet témoigne du nouvel état d’esprit qui habite les Grenat. Ils vont hausser le ton car ils n’ont «plus d’excuse»

 

Arnaud Jacquemet incarne parfaitement ce que Ge/Servette n’aurait jamais dû cesser d’être: une équipe mue par le courage, la volonté et le sens du collectif. Des valeurs qui collent aux patins du Valaisan. Attaquant reconverti en défenseur pour la bonne cause depuis deux saisons, l’homme est un dur au mal. Il a souvent joué en serrant les dents. Cet hiver, au plus fort de la tempête financière, il a été le premier à reconduire son bail aux Vernets. Il était certes inquiet de tout ce qui se disait autour de ce club au sein duquel il se verrait bien finir sa carrière de joueur. «Mais je ne peux pas croire qu’une organisation comme Ge/Servette fasse faillite, assurait-il alors. La ville est une place forte du hockey et des solutions seront trouvées.»

 

Il s’en est fallu de peu mais les prédictions du No 17 se sont réaliséesavec la reprise des affaires par la Fondation 1890 juste avant la trêve olympique. Une pause qui a fait du bien et qui prend fin ce mercredi soir du côté de l’Ilfis de Langnau. «Pour nous, les play-off commencent déjà, dit-il. Nous avons profité au maximum des Jeux. L’équipe est pratiquement au complet pour aborder ces trois derniers matches décisifs.»

 

L’absence du coach

 

On ne parle plus que de hockey aux Vernets. Même l’absence de Craig Woodcroft n’a pas perturbé la marche rédemptrice entreprise par l’équipe. Sans son mage, toujours sage comme une image, le ciel grenat ne s’est pas chargé de nuages. «Louis Matte et Jason O’Leary ont bien géré les entraînements. Ils avaient des contacts avec le coach, je crois. Quoi qu’il en soit, nous sommes prêts pour faire face à nos responsabilités. Même si nous n’en avons jamais cherché véritablement, nous n’avons plus d’excuse aujourd’hui.»

 

Arnaud Jacquemet évoque bien sûr les soubresauts qui ont concerné essentiellement les affaires financières. Il pense forcément aux blessures qui ont miné la défense. Il a lui-même subi une commotion cérébrale au tout début du mois de janvier. «Je reviens enfin au jeu en étant totalement remis, dit-il. J’ai presque l’impression qu’une nouvelle saison commence. Pendant la pause, nous avons même travaillé le foncier. Comme on dit, nous avons mis de l’argent à la banque pour pouvoir le dépenser pendant les play-off.»

 

Langnau en ébullition

 

Il faudra donc être généreux dès ce mercredi soir à Langnau. Dans l’Oberland, la petite ville est en ébullition. Depuis plus de trois semaines, la patinoire affiche complet. «L’Ilfis est un lieu particulier, dit Arnaud Jacquemet. On sait que là-bas, chaque petit contact sur un joueur bernois débouche sur des hurlements du public pour influencer les arbitres. À nous d’éviter de tomber dans ce piège. J’ai joué un an dans ce club et je sais ce qu’il représente dans la région. C’est une équipe qui ne participe que très rarement aux play-off mais qui peut toujours compter sur le soutien de la population. D’ordinaire très chauds, les fans des SCL Tigers vont être en ébullition puisque pour eux, l’objectif est également de participer aux séries finales.»

 

Ge/Servette est l’équipe qui figure au menu des Tigres. Avec deux points d’avance, les hommes de Craig Woodcroft n’ont qu’un objectif: «Gagner et mettre les Bernois à cinq points, dit Arnaud Jacquemet. En réalité, en cas de victoire, on aurait l’équivalent d’un point supplémentaire puisque en cas d’égalité, nous aurions alors l’avantage dans les confrontations directes!»

 

Attention à Ehlers

 

Rentrer dans le lard en restant dans les règles de l’art. Prendre des coups sans broncher, se faire mal, se coucher sur les pucks: Ge/Servette a compris qu’il ne s’agira pas de faire dans la dentelle pour s’offrir les trois quarts de son ticket pour les play-off. «Il faudra être patient contre une équipe qui joue de façon très disciplinée et qui est très habile en contre-attaque, analyse le Valaisan des Vernets. Heins Ehlers est un coach redoutable qui est passé maître dans l’art de faire déjouer les équipes adverses. C’était déjà le cas lorsqu’il était à la bande du LHC. Nous avions souvent souffert. Il faut aussi se souvenir qu’avec les Vaudois, il n’était pas passé loin de l’exploit en play-off contre Zurich.»

 

Il ne faudra pas avoir d’états d’âme pour tuer dans l’œuf les espoirs de toute une région. Ancien Tigre, Arnaud Jacquemet ne fera aucun cadeau. «Bien au contraire. Si je peux contribuer à la victoire de Ge/Servette, je ne me gênerai pas. J’ai vécu une saison 2012-2013 particulière à Langnau puisque l’équipe avait basculé en LNB à la fin. Et pourtant, en play-out, nous menions d’un but lors du match No 6 face à Ambri-Piotta (les Bernois menaient également 3-2 dans la série) avant de subir l’égalisation à 30 secondes de la fin du temps réglementaire. Et puis, lors de la prolongation, nous avions encaissé le but de la défaite d’un tir de la ligne rouge alors que nous étions en power play. Le début de la descente aux enfers.»

 

Arnaud Jacquemet rêve bien sûr d’un tout autre scénario pour son équipe actuelle. «Une victoire à l’Ilfis pourrait bien constituer le début d’une belle aventure.»

 

Vers le paradis?