14 mars 2015

A la tête du HC Lugano depuis 2011, Vicky Mantegazza se confie sur elle et sur le coach qui a éliminé jeudi le club de son cœur

 

Proche des gens, avant chaque match à Lugano elle se mêle à la foule pour manger une pizza au restaurant de la Resega. Si elle a été élevée dans la soie et n’a jamais manqué de rien, Vicky Mantegazza (49 ans) ne dévoile aucun signe extérieur de richesse. Gamine, elle vivait dans la patinoire et criait avec les ultras à la Curva Nord. «Moi, je suis surtout une fille naturelle, sportive, qui possède un trésor intérieur et qui aime bien parler avec les fans à la patinoire. Je suis la première supportrice de Lugano!»

 

Depuis 2011, c’est elle la présidente, digne représentante de son père, Geo, qui a porté le club bianconero à bout de bras de 1978 à 1991. Cette passionnée de hockey «très tranquille et humble» aurait bien voulu offrir à son papa mécène, âgé de 87 ans, le titre de champion cette année. Mais jeudi, Ge/Servette en a décidé autrement.

 

«Ce n’est pas toujours facile de s’imposer dans une série», s’exclame Victoria, qui a quitté les Vernets fâchée. Parce que ses joueurs «n’ont pas donné tout ce qu’ils avaient dans le cœur». Depuis 2006, année du dernier sacre des Tessinois, son HCL n’a en effet plus passé un tour de play-off. «Il est temps que cela change, tonne-t-elle. J’espère que ce sera pour l’année prochaine. Je suis ici pour aller chercher le titre…»

 

Vicky Mantegazza, depuis que vous êtes présidente, comment vivez-vous les matches?

 

Je suis 100% Latine! Dans la tribune, je veux écouter le bruit de la glace, celui des entraîneurs, j’aime vivre le match. Mais avec ma fonction, je dois contrôler mes émotions. Je ne peux plus hurler contre les arbitres comme dans le virage nord…

 

Etes-vous proche de vos joueurs et de votre entraîneur?

 

J’ai de très bons rapports avec eux. Je peux être leur amie, mais en même temps, si quelqu’un ne donne pas tout pour le maillot, je peux devenir méchante!

 

Le HC Lugano a longtemps eu la réputation d’être un club de millionnaires. Ce n’est plus le cas aujourd’hui?

 

Moi, j’ai beaucoup de respect pour l’argent, pour les personnes qui travaillent et qui n’ont pas la possibilité de posséder une jolie voiture. Cela m’énerve d’entendre que nous sommes un club de millionnaires. Je veux aujourd’hui une équipe de Lugano qui joue pour le maillot, avec des joueurs capables de se sacrifier pour gagner des matches. Et si vous regardez le budget, nous ne sommes pas parmi les plus grosses équipes en Suisse.

 

Mais avec Brunner, Klasen et Pettersson, il y a de gros salaires dans votre équipe, non?

 

Oui, mais on a aussi beaucoup de jeunes. Des Brunner, Klasen ou Pettersson, il y en a à Berne, Zurich, Zoug ou Davos. Il y en a même beaucoup plus!

 

Quels sont vos rapports avec Chris McSorley?

 

Je sais que c’est un très bon entraîneur, mais je déteste quand il veut gagner les parties par tous les moyens. Je trouve que dans le sport, on ne doit jamais manquer de respect à son adversaire. Si j’étais sa présidente, il aurait des problèmes avec moi!

 

Et avec Patrick Fischer, cela se passe bien?

 

Oui, il représente ma personnalité aussi. Il aime le hockey, il est très loyal et humble. Il a beaucoup de sentiments pour les jeunes. C’est bien de travailler avec un entraîneur comme lui.

 

Lugano éliminé, est-il toujours l’homme de la situation?

 

Je ne suis pas contente de cette élimination, mais on ne peut pas tout effacer non plus. Je crois que nous avons réussi malgré tout une bonne saison.

 

Quel est le rôle de votre père aujourd’hui?

 

Si on parle beaucoup de hockey ensemble, il est devenu un fan, comme moi avant. Il a fait son chemin, moi je veux faire le mien.

 

Si vous aviez la possibilité de prendre un joueur à Lugano, amèneriez-vous Crosby?

 

Ce serait Romain Wick, de Zurich. A part mes joueurs, c’est celui que je préfère. Ou alors votre Romain Loeffel, j’ai de l’affection pour les défenseurs.

 

Etes-vous pour ou contre le juge unique?

 

Je n’ai rien contre lui. En revanche, il faut faire quelque chose pour élever le niveau de l’arbitrage en Suisse.

 

Le boss à l'affût ce soir devant sa télévision (par Benjamin Berger)

 

C’est une certitude; Chris McSorley aura les yeux rivés sur les écrans de télévision ce soir pour l’ultime journée des quarts de finale des play-off. Un acte VII qui permettra de départager Berne et Lausanne d’un côté, Zurich et Bienne de l’autre. Quand on demande au boss des Vernets lesquelles de ces équipes il préférerait voir gagner ce samedi soir, il botte directement en touche: «Vous imaginez bien que jamais je ne me prononcerai sur ce sujet. De toute façon, quel que soit l’adversaire qui se dressera sur notre route, nous serons prêts», dit-il en gloussant.

 

Si le technicien ontarien manie à merveille la langue de bois quand il en a l’envie, nul doute qu’une victoire des Lausannois dans l’antre des Bernois et qu’un succès des hommes de Kevin Schläpfer au Hallenstadion de Zurich lui feraient le plus grand plaisir. «Je vais regarder et enregistrer ces deux rencontres et les analyser dans les moindres détails. Quoi qu’il en soit, nous serons sur le qui-vive mardi pour commencer les demi-finales.»

 

Touchés jeudi soir lors de la qualification face à Lugano aux Vernets, Antonietti, Douay et Picard seront-ils sur pied pour attaquer la nouvelle série? «Eliot et Floran devraient normalement tenir leur rang. Leurs blessures sont minimes. Alex, quant à lui, est incertain», précise Chris McSorley. S’il devait se passer de son No 81, il pourra en revanche très certainement compter sur le retour de Kevin Romy, absent depuis le début des play-off suite à une blessure à l’épaule lors du match disputé à Fribourg-Gottéron, le 20 février. Chris Rivera, lui, ne sera pas de la partie. Il souffre toujours du haut du corps. Le coach ne se prononce pas quant à un possible retour de son attaquant.

 

Le bilan des experts

 

Flavien Conne

«J’ai cogité toute la nuit sur cette victoire de Ge/Servette. Lugano était mon favori de cœur mais je tire mon chapeau aux Aigles qui méritent leur qualification. Pour être honnête je suis surpris par ce résultat. Quand la troupe de Patrick Fischer est revenue à 2-2 dans la série j’étais persuadé que le momentum avait changé de camp et que Lugano allait passer l’épaule mais la réaction des Genevois a été exemplaire. Ils sont restés très concentrés et solides. Sans vraiment briller, les Aigles ont réussi à imposer leur jeu aux Tessinois. Je pense que les hommes de Chris McSorley ont maintenant une belle carte à jouer.»

 

Olivier Keller

«Tout d’abord, je tiens à faire passer un petit message à Flavien, mon «adversaire» durant ces pronostics: «Il faut toujours écouter le plus vieux!» Plus sérieusement, je suis triste pour Lugano, car j’ai passé six ans de ma carrière dans ce club. C’est dommage mais voilà ce qui arrive quand les joueurs n’évoluent que sur un patin. Je tiens évidemment à tirer un grand coup de chapeau à Chris McSorley, à Louis Matte et aux Genevois qui, malgré toutes les difficultés qu’ils ont connues dans cette série, n’ont jamais baissé les bras. Maintenant, je rêve d’un Ge/Servette-Lausanne en demi-finale. Ce serait fabuleux pour le hockey romand!»

 

Qui en demie ? (par Grégoire Surdez)

 

L’ordre des rencontres Il est défini par le classement en saison régulière. Le meilleur qualifié affronte le moins bon qualifié.

 

Trois adversaires Ge/Servette connaîtra son sort ce soir à l’issue des deux derniers duels Zurich-Bienne et Berne-Lausanne.

 

Les Aigles affronteront:

 

Zurich si Zurich bat Bienne et Berne bat Lausanne.

 

Davos si Zurich perd contre Bienne et Berne bat Lausanne ou si Zurich bat Bienne et Berne perd contre Lausanne.

 

Lausanne si Bienne élimine Zurich et le LHC bat Berne. Dans ce cas Genève, commencerait sa série aux Vernets.