7 mars 2015

Daniel Vukovic avait l’égalisation au bout de sa crosse jeudi à Lugano. Lui et Ge/Servette sont prêts à corriger le tir ce soir aux Vernets

 

Les filets en tremblent encore! Il n’avait plus qu’à «la» pousser au fond. Mais, voilà, cette satanée rondelle, offerte sur un plateau de caviar par Taylor Pyatt, a tourné du mauvais côté. Jeudi au Tessin, Daniel Vukovic a raté une occasion en or, l’immanquable. Genève-Servette, qui aurait pu égaliser à la 49e, a certainement manqué le coche à ce moment-là, quittant la Resega, théâtre du IIIe acte entre les Aigles et Lugano, avec plein de regrets; à l’image de son défenseur, conscient qu’à 1-1, le scénario aurait pu changer. Avec des «si», peut-être bien que les Grenat serviraient pour une place en demi-finale ce soir aux Vernets. Mais on ne refait pas l’histoire…

 

Le car étant arrivé à cinq heures du matin de Lugano, le voyage a été long et la nuit très courte. Et cette scène n’a pas cessé de défiler au ralenti dans la tête du Servettien. «Au moins mille fois et à chaque reprise c’était goal, se marre «Vuko», désolé pour ses coéquipiers et ceux qui ont pesté contre lui devant le poste de télé. Maintenant, les joueurs me connaissent bien, ils savent que je donne toujours tout pour l’équipe, qu’une erreur ça peut arriver. C’était une grosse possibilité et je n’ai pas marqué. C’est dommage, mais c’est le hockey. La série continue…» On passe déjà au prochain chapitre d’un scénario dramatique appelé à durer.

 

S’il avait réussi à loger à cinq reprises le puck au bon endroit cette saison, ce n’est pas l’objectif premier de ce Canado-Suisse de 29 ans, apprécié pour ses autres qualités; celles de battant, mais aussi humaines, son humilité et sa gentillesse depuis 2008 qu’il porte le tricot genevois.

 

Comment lui en vouloir?

 

«Je ne peux vraiment pas lui en vouloir d’avoir manqué ce but, reconnaît d’ailleurs Chris McSorley. C’est un des joueurs les plus respectés dans le vestiaire. Il a beaucoup progressé, il est toujours positif et l’un des plus rudes sur la glace.» L’Ontarien sait combien ce gros cœur, marié à Mélissa, est efficace lorsqu’il s’agit de protéger son gardien, sa maison, sa famille, un trésor. «Me sacrifier pour l’équipe, c’est ma manière de jouer, sourit-il. Bloquer un puck ou checker un joueur est tout aussi important que de marquer ou de réussir une bonne passe. C’est ma philosophie.»

 

«Un ours qui dort, mais…»

 

Cet homme, qui a disputé 375 matches avec le GSHC, préfère l’ombre à la lumière. «Je le compare souvent à un ours qui dort, mais il ne faut pas le réveiller», se plaît à imager le chef quand on lui demande de tirer le portrait de ce garçon attachant qu’il était allé chercher à l’Université du Michigan en 2008. Au début, le boss ne lui demandait que de patiner en arrière et d’assurer sa première passe. Celui qui chante désormais le «Cé qu’è lainô» la main sur le cœur, est aujourd’hui, selon McSorley, «un des meilleurs du pays à ce poste».

 

En attendant d’être sélectionné en équipe nationale (il le mériterait), Daniel Vukovic prend du galon dans l’arrière-garde des Servettiens, avec une assurance qui renverse des montagnes. Il rêve, lui aussi, de sommets, de ce titre qu’il a vu de si près lors de la finale 2010 contre Berne. «A Lugano, il y a beaucoup de talent, reconnaît «Vuko». Mais là-bas, ils n’aiment pas trop qu’on leur rentre dedans. A nous donc d’appliquer notre style, comme lors de nos deux premiers matches pour ne pas leur rendre les choses trop faciles. On doit être plus physiques, plus agressifs et mettre beaucoup d’émotions avec plus de conviction. C’est notre identité. Sinon, on redevient juste une équipe normale. Même privé de Kevin Romy et de Matthew Lombardi dans cette série, on peut, malgré tout, se qualifier.»

 

L’appui du public

 

Et Daniel Vukovic de revenir sur cette fameuse action de la 49e minute… «Vous voyez, on n’a pas très bien joué jeudi, mais si je marque, cela faisait 1 à 1 et tout était alors possible, constate le Servettien. Il n’y avait que 1-0 avant que Reuille ne double la mise dans la cage vide, pas 5 ou 6-0!» Autrement dit, Daniel Vukovic et les Grenat sont plein d’espoirs avant ce IVe acte. «Aux Vernets, devant notre public, on a l’occasion d’inscrire un troisième point. Avec cette ambiance dans cette patinoire, cela nous donne des ailes.» Et de promettre: «Si j’ai la même occasion de but ce samedi, cette fois-ci je ne vais pas rater!» Il est prêt à se coucher sur le puck et à le pousser au fond!

 

Paroles d'experts

 

Flavien Conne

«Je pense que ce soir aux Vernets, ça ne va pas être une partie de plaisir pour Ge/Servette. A mon avis, ce sont les Aigles qui débuteront la rencontre avec la pression sur les épaules et non pas les Tessinois, même si les Genevois mènent 2-1 dans la série. Si Lugano venait à égaliser, je pense que le momentum changerait alors de camp. Ayant évolué dans les deux clubs, je suis pour que le spectacle dure le plus longtemps possible donc je vais opter pour une victoire des hommes de Patrick Fischer.» Pronostic: Ge/Servette-Lugano 2-3

 

Olivier Keller

 

 «Je pense que la défaite de jeudi contre Lugano n’aura pas trop d’importance sur le mental des Aigles. Connaissant bien Chris McSorley, je suis certain qu’il a recadré ses joueurs et qu’ils seront fin prêts, qui plus est à domicile. Après c’est clair, ce ne sera pas facile et il va falloir éviter de se mettre dans une situation délicate comme évoluer trop souvent en box-play. Jusqu’à présent, les trois rencontres se sont jouées à très, très peu de choses et je crois que ce sera à nouveau le cas ce soir aux Vernets.» Pronostic: Ge/Servette-Lugano 2-1 tab

 

Power-play

 

L’affiche Ce soir, acte IV des quarts de finale des play-off. Ge/Servette, qui mène désormais 2-1 dans la série, reçoit Lugano. Coup d’envoi à 20 h 15 (RTS 2 et Teleclub).

Effectif Kevin Romy, Matthew Lombardi, Christophe Bays, Christian Marti et Paul Ranger sont blessés. Jeremy Wick est de retour de suspension.

Licence B Lionel Girardin (La Chaux-de-Fonds) est à disposition de Chris McSorley à la faveur d’une licence B. «J’espère que j’aurai la chance de marquer, comme l’an passé…» C’était en effet il y a douze mois à Genève lors de l’acte III. Ce défenseur, à l’époque à Martigny, avait inscrit le dernier but de la rencontre et les Aigles s’étaient imposés 7 à 1.

La phrase de Chris McSorley «Kevin Romy pourrait être de retour pour l’acte VI ou VII, mais j’espère qu’on n’aura pas besoin de lui dans cette série.»

L’info Servette FC jouant à 16 h contre Winterthour, Hugh Quennec, président des deux clubs grenat, invite les fans de foot et de hockey à le suivre, lui et d’autres supporters dans leur «pèlerinage»: départ du McSorley’s pub à 14 h pour une marche de 25 minutes jusqu’au stade et retour aux Vernets au coup de sifflet final, à 18 h 30. Que ceux qui l’aiment le suivent…