Que de regrets pour Vukovic et les Aigles, qui menaient encore 2-1 à 7’’ de la fin. Traber a raté, lui, l’immanquable en prolongation…
Comme le conducteur étourdi amendé après avoir emprunté par inadvertance un sens interdit avant de se faire flasher quelques minutes plus tard: cela s’appelle de la malchance, de l’inconscience ou la loi des séries! Il y a des fautes qui peuvent parfois coûter très cher. Sur la glace aussi…
Dans le luxueux car des Aigles, là-haut, à l’étage, le retour des hockeyeurs grenat sur Genève a paru plus interminable que d’habitude. Les Servettiens n’avaient vraiment pas le cœur à rire ou à jouer au poker. Le casque sur leurs oreilles, c’est un film d’épouvante qui a défilé au ralenti sur l’écran noir de leur nuit blanche. Avec, forcément, cette scène cauchemardesque que Tim Traber a passée en boucle.
L’attaquant, qui n’a jamais vraiment brillé devant une cage, a répété mille fois le geste. Et, là, assis sur son siège, dans sa tête, il marquait à chaque fois. Lui qui a été engagé pour les sales besognes aurait dû être cette fois-ci le héros de la soirée, congratulé au milieu de ses coéquipiers. Mais voilà, quelques heures plus tôt, au moment d’armer son tir, il a réussi l’exploit d’ajuster la barre transversale alors que Tobias Stephan était couché, battu et que la cage était grande ouverte devant lui. A quoi ça tient…
Quid de la grand-mère?
Mais comment un pro, qui joue en LNA, qui s’entraîne tous les jours, a-t-il pu rater une telle opportunité? Il lui suffisait de pousser la rondelle, même les yeux fermés. «Ma grand-mère aurait marqué», plaisantait-on d’ailleurs dans les travées de la patinoire. D’aucuns ont même parlé de faute professionnelle. Dans la défaite amère, les gens sont souvent méchants.
Reste que quatre minutes plus tard, alors que les maîtres de céans évoluaient à cinq contre quatre, la main de Josh Holden n’a, elle, pas tremblé. Ou si peu. Pour le plus grand bonheur d’une formation de Suisse centrale revenue d’un sens interdit en excès de vitesse alors que le visiteur tenait encore ce gros point sept minutes plus tôt. Une majorité de fans zougois avait même quitté sa place…
Assis sur le banc des pénalités au moment de la sentence, Jonathan Mercier, qui a commis une faute de trop sur Reto Suri au bien mauvais moment, s’est alors masqué le visage dans un linge. Il y a eu des larmes, c’est certain. Et tellement de frustration…
Mais comment Ge/Servette, qui a fait tout juste ou presque durant 59’ 53”, a-t-il pu laisser échapper ce premier point? Les Grenat avaient tous les atouts dans leur jeu pour s’imposer avant la prolongation. «On s’est tiré une balle dans le pied», soupirait un Romain Loeffel traduisant l’amère déception d’un groupe solide qui avait en effet si bien géré son affaire jusque-là.
Pas pris, Paré paré mardi?
Après l’égalisation de Cody Almond au cours d’un premier tiers intense, la réussite d’Arnaud Jacquemet exploitant un tir de Nick Spaling sur le poteau (57e) semblait avoir le goût d’une victoire méritée. Ce avant que Daniel Vukovic ne dégage dans les tribunes un puck chaud derrière Robert Mayer. A 41 secondes du gong! «Ce n’est que ma troisième pénalité de la saison, peste le défenseur. C’est de la malchance. Le puck saute, je me fais checker, je shoote et malheureusement il sort. C’est une punition qui change le match avec un Diaz qui s’est trouvé là au bon instant pour égaliser. Si je n’avais pas été pénalisé, Zoug n’aurait jamais égalisé. C’est dommage, mais ce n’est pas la fin du monde. C’est un premier match de perdu, on doit l’oublier, il reste des possibilités de rebondir…» L’occasion était si belle…
Chris McSorley, qui a aimé la manière dont ses hommes ont joué, s’attend, de toute manière, à une longue série. «Je ne vais pas accuser un ou deux joueurs en particulier. On gagne en équipe et on perd ensemble. Maintenant, on va faire en sorte d’être meilleurs dès mardi devant notre public.» Avec Francis Paré, son sniper, laissé au repos samedi? Ah s’il avait été là, dans la même position que Tim Traber…
Spaling en mode Stanley
Durant toute la saison, il a souvent brillé dans l’ombre, loin des filets et des honneurs, dans le rôle de l’homme invisible. Dans les gradins des Vernets, Nick Spaling a d’ailleurs souvent été critiqué. Comme pour celles de Jim Slater, ses performances étaient jugées insuffisantes…
Parce qu’il venait de disputer la finale de la Coupe Stanley avec les Sharks de San José, on attendait de Spaling qu’il allume plus souvent la petite lumière rouge derrière le gardien. Mais Chris McSorley et les (vrais) connaisseurs ont surtout vu le travail de titan défensif abattu par cet attaquant aux 494 matches de NHL, qui n’hésite jamais à se coucher sur un tir en box play.
Avec 33 points (dont 13 buts) réalisés en 38 matches, le Canadien, un peu réservé, a su, comme Zorro, endosser sa cape de top scorer juste avant ces play-off. Par sa vision du jeu, il a su rendre le puck intelligent et surtout mettre en valeur ses coéquipiers, comme Nathan Gerbe et Cody Almond.
A Zoug, ce trio a encore réussi des étincelles. «Nous avons tous un état d’esprit pour gagner cette série, explique l’Ontarien, auteur de deux points samedi et d’un énorme travail défensif. Après ce premier acte perdu, on est tous frustrés, mais en play-off il est important d’avoir la mémoire courte. On s’attend à une suite compliquée et on doit réagir très vite, dès mardi.»
Spaling est en mode Stanley, prêt à briller avec Gerbe et Almond sous les projecteurs…