Battus aux tirs au but, les Genevois auraient mérité un succès. Mais ce bon point leur permet de s’appuyer sur un match référence
Comme le dit fièrement dans le magazine Top Hockey Filippo Lombardi, conseiller aux Etats du Tessin et président d’Ambri-Piotta depuis 2009: «Ici, c’est l’esprit de la Suisse, la raison d’être d’un petit peuple de montagne qui résiste aux grandes puissances voisines et qui refuse de se faire dominer par les grandes métropoles du pays.» Ambri, c’est aussi la Valascia, une patinoire d’un autre temps et des fans incroyables qui chantent durant toute la partie derrière le portrait du Che Guevara. C’est enfin la Montanara, un hymne qui résonne comme une fierté d’irréductibles un soir de victoire…
«Les fans font du bruit»
«On savait que ce serait compliqué de venir ici car les fans font beaucoup de bruit», s’est exclamé Robert Mayer, lequel découvrait hier cet endroit si particulier qui peut vite devenir un enfer pour le visiteur. Après un long voyage, Genève-Servette est d’emblée tombé dans un guet-apens. Après huit minutes de jeu, l’Aigle avait pris froid à la Valascia et accusait déjà deux buts de retard. «Chris McSorley nous avait pourtant prévenus qu’ils allaient venir très fort durant les premières minutes et qu’il fallait éviter des erreurs», soupirait Alex Picard, persuadé que les deux tirs de Hall (6e) et Grassi (8e) pouvaient être contrés.
«A ce niveau-là, ce n’est pas évident de revenir, mais l’équipe, qui a donné son maximum jusqu’au bout, a très bien réagi, se réjouissait pour sa part un Kevin Romy convaincu que sa formation aurait mérité de quitter l’arène avec le plein de points. On a bénéficié de nombreuses occasions, mais leur gardien n’a pas craqué…»
Une fois l’orage du premier tiers passé, les Genevois ont en effet pris la direction des opérations, pour dominer de la tête, des épaules et physiquement les Léventins. Comme un ouragan.
Deux buts en power play
Comme un jour auparavant face à Rapperswil, les Grenat – avec un bon Goran Bezina en défense – ont montré leur vrai visage, plus agressif, qui a fait de l’Aigle des Vernets un rapace. «On a peut-être livré notre meilleure partie autant offensivement que défensivement, renchérit Picard. Mais ce sont encore les pénalités qui nous ont fait très mal.» Il n’empêche que ce sont dans ces situations spéciales, comme vendredi, que les Servettiens ont fait la différence. Après trois buts en power play la veille, Taylor Pyatt et Simek (qui s’est même couché sur des pucks) en ont inscrit deux de plus. «Si, en début de saison, on avait de la peine à concrétiser notre jeu de puissance, on l’a travaillé ces derniers jours, précise Romy. Dans un championnat aussi serré, cela peut être la clé d’une partie.» Après avoir vidé tout leur coffre sur la glace, il aura manqué un peu plus de dynamite pour faire exploser le verrou de Flückiger avant la séance de tirs au but. «C’est toujours un exercice difficile», pestait Robert Mayer, qui n’a rien pu faire face à la malice d’Alexandre Giroux. Le portier, qui disputait sa première partie de LNA depuis 2007 (avec Kloten), a toutefois été époustouflant, à l’image de cette parade superbe que n’aurait pas reniée Tobias Stephan à la fin du tiers médian. «Les gardiens ont réussi des arrêts incroyables ce soir, et Robert nous a sauvé un point», dit encore Picard. Avant que Chris McSorley conclue: «Si on continue ainsi, on va devenir une belle équipe…» Ge/Servette, qui a retrouvé sa grinta, n’a donc pas tout perdu au Tessin.
Lombardi est attendu
Quelques minutes avant que le car ne quitte la Valascia, Chris McSorley avait le sourire de celui qui était sur le point de conclure la bonne affaire du week-end, un clin d’œil en prime. «Cela devrait normalement se concrétiser ce dimanche», lâchait l’Ontarien, «très optimiste». Puis le patron, visiblement contrarié, a changé de couleur, jetant à la poubelle un hamburger qui était aussi coriace qu’Ambri. Venait-il de recevoir un appel fâcheux en provenance d’Amérique du Nord? Le retour a dû être long.
Matthew Lombardi, qui est attendu comme un messie à Genève, n’a toujours pas officialisé son «come-back» au bord du Jet d’eau. «Lombo», qui ne se voyait pas ailleurs que dans la Cité de Calvin avant de signer un contrat de deux ans aux New York Rangers pour 1,44 million (cela ne se refuse pas) préférerait-il vivre une nouvelle aventure? On l’a contacté. Mais il n’a pas répondu.
Le Canadien de 32 ans (536 matches dans la plus grande ligue du monde), qui n’a finalement pas été retenu par le club américain, aurait le choix entre un club de KHL, Berne et les Aigles. Celui qui était le top scorer des Grenat la saison dernière (59 points en 58 matches) hésite entre une ville qu’il a adorée (avec une école en langue française pour ses enfants) et deux autres offres plus lucratives. Viendra, viendra pas? Tout dépend du nerf de la guerre, ah l’argent!
«Le deal est presque fait, explique un Chris McSorley qui a passé sa journée au téléphone. Hugh Quennec, notre président, travaille très dur pour faire revenir Matt Lombardi. Ge/Servette tient la corde dans ce dossier et cela pourrait se concrétiser aujourd’hui.» L’optimisme reste de mise aux Vernets…