18 septembre 2017

Quand l’Aigle tombe dans l’indiscipline, il devient une proie et perd bêtement. Comme samedi à Bienne…

 

Pourquoi monter si haut si c’est pour redescendre si bas un jour plus tard? Comment une équipe si flamboyante vingt-quatre heures plus tôt a-t-elle pu se liquéfier pareillement le lendemain sur la route? Quel contraste avec ce match si abouti la veille contre Berne aux Vernets. À croire qu’une fois sorti de son nid, l’Aigle perd tous ses repères, ses principes et sa discipline dans le car, faisant passer l’idée que l’exploit réussi contre le champion n’était qu’une illusion…

 

Comme ce fut déjà le cas à Fribourg et à Davos, Ge/Servette est encore une fois rentré bredouille d’un déplacement. A Bienne, alors que les Genevois avaient fait le trou à la 35e (1-3), le match qui semblait plié a tourné de manière incroyable.

 

Débridée, rocambolesque, cette fin de rencontre, partie dans tous les sens, a laissé un goût amer aux Servettiens. Comme le PSG la saison dernière à Barcelone, il y a parfois des choses qui ne s’expliquent pas. Entrés dans ce match du mauvais patin, par des pénalités et un but en power play, les Servettiens sont finalement sortis la tête basse sans aucune excuse valable. Malgré une domination convaincante à mi-match, avec une réussite chanceuse de Traber en sortant de prison (18e) suivi de deux buts de classe préparés par Tömmernes et Gerbe pour Loeffel et Spaling, les Grenat ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes d’avoir relancé les Seelandais. Quand l'Aigle bat de l'aile, il devient une proie facile...

 

Bienne a du caractère

 

Il a suffi de moins de six minutes pour que Jacob Micflikier (deux buts inscrits devant l’assistant du Team Canada!) et Jason Fuchs ne renversent le sablier. «Notre équipe possède un groupe de caractère qui avait réussi le même coup la veille à Lausanne pour s’imposer en prolongation», rappelait l’entraîneur biennois, Mike McNamara. Elle a cette fois-ci souligné les largesses d’une formation lunatique en totale déliquescence. Il n’y avait plus de jus dans le moteur! Le système de Craig Woodcroft où ses hommes patinent énormément pour la conquête du puck coûte beaucoup d’énergie. Cela s’est ressenti au final malgré un dernier sursaut d’orgueil de Cody Almond qui a bien cru avoir sauvé la fa(r)ce avant que Toni Rajala ne crucifie les Aigles à 21 secondes de la dernière sirène. Le pauvre Gauthier Descloux, héroïque jusque-là, a fini lui aussi par céder nerveusement. Mais personne ne va lui jeter la pierre.

 

«On a senti au 3e tiers que les Genevois n’avançaient plus!» avouait le buteur finlandais à l’heure de l’interview. «C’est beau le hockey quand on gagne ainsi, mais quand on perd…» Mike McNamara se voulait compatissant avec Ge/Servette, surpris lui aussi par un tel effondrement. Faut-il évoquer une préparation physique précaire et bâclée, la fatigue due à la grosse débauche d’énergie qu’il a fallu pour s’offrir la peau de l’Ours?

 

Les explications de Bezina

 

Comment extraire la lumière de ce trou noir? La porte du vestiaire du visiteur est restée longtemps close, où les acteurs se sont dit franchement leurs quatre vérités, avant que ne sorte Goran Bezina, l’un des tauliers de l’équipe, également bien emprunté au moment de disserter sur cette grosse défaillance collective. «On a eu une discussion entre nous, sans le coach, que vouliez-vous qu’il nous dise? explique le Valaisan. Il n’est pour rien dans cette défaite, il est resté calme derrière le banc, c’est nous qui avons paniqué.» Et d’ajouter: «A 3-1 pour nous, au début du troisième tiers, nous savions pourtant que Bienne allait pousser, se lamente le défenseur. Nous étions prêts. Et on les a remis dans le match! Jusque-là, lors des deux premières périodes, on jouait bien. On a manqué de confiance en nous, retombant dans nos travers de la saison dernière où on peinait déjà à gérer les avantages. Trois buts encaissés en six minutes, on s’est littéralement écroulés. C’est difficile à comprendre. On joue bien et tout d’un coup ça panique au lieu d’absorber la pression. Quand tu mènes 3-1 à l’extérieur, que tu viens de battre le champion, tu dois plier ce match. On a manqué de caractère et d’intelligence de jeu. Cela n’a rien à voir avec le système, la fatigue ou quoi que ce soit, c’est juste une question de mental. On prend trop de pénalités, c’est une chose à corriger.»

 

Après un gros soupir, il renchérit: «Si on veut devenir une bonne équipe et se battre pour le titre, il va falloir qu’on commence à gagner sur la route et au moins deux matches de suite. Les leaders prennent leurs distances, il va falloir éviter de se battre après Noël pour se qualifier pour les play-off. On a la capacité de jouer le haut de classement pour bénéficier de l’avantage de la glace, c’est le but de notre saison. On a suffisamment de joueurs d’expérience pour gérer ça, tout simplement.» Après un tour de coupe de Suisse, mercredi à Sion, les Aigles tâcheront de relever la tête et de reprendre leur envol vers les sommets vendredi à Langnau. Et ne pas retomber aussi bas. Des paroles aux actes…