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Brett Regali, mer 07/10/2015 - 11:31

Attardons nous aujourd'hui sur la "mode" des retraits de maillots

 

Ah les retraits de maillots, ces instants émouvants où l'on se rappelle les grands moments vécus quand le joueur en question était encore actif et nous gratifiait de ses exploits. Enfin, c'est très théorique. Lors de la cérémonie, il y avait probablement peu de monde dans la patinoire qui avaient vu à l'œuvre les Naef, Conne et Clerc en leur temps. Et même l'auteur de ces lignes sera forcé d'avouer n'avoir vu que les dernières saisons de Jean-François Regali (dont un mythique dernier match à St-Léonard).

 

Partant de là cher lecteur, je pourrais tomber dans une paresseuse facilité et vous énumérer les uns après les autres les joueurs de ces 15 dernières années que l'on a adoré et trouver pour chacun d'entre eux moultes bonnes raisons d'accrocher leurs maillots au plafond des Vernets. Mais allez savoir pourquoi, c'est précisément le contraire que j'ai envie de faire. Peut-être suis-je simplement un indécrottable emmerdeur ? Ou ai-je simplement plus d'esprit critique qu'une pré-adolescente racontant quotidiennement sa vie via 12 selfies sur Instagram ? Probablement un mélange des deux.

 

Qu'on s'entende bien, ce n’est pas que je ne les aime pas ces joueurs, bien au contraire. Et certains d'entre eux ont assurément marqués l'histoire du club. Je ne vais pas en faire la liste ici (histoire de ne pas prendre le risque de vexer qui que ce soit), chacun d'entre vous a probablement sa liste en tête. Mais à moins de vouloir reléguer une cérémonie de retrait d'un maillot en une banale habitude, ça doit rester exceptionnel. Car si on se met à retirer le numéro de chaque joueur ayant joué plus de quatre saisons et ayant eu « une attitude irréprochable » on aura vite moins de maillots disponibles que retirés.

 

Mais alors quels critères utiliser ? Bien difficile de répondre à cette question de manière précise, aucune équipe n'ayant établi un règlement détaillé qui permette de définir qui a droit ou pas à cet honneur. Un constat tout de même : le hockey étant un sport d'équipe, faire gagner des titres à son club semble être un critère assez évident. Et là il faut bien admettre que ça coince un petit peu dans notre club adoré. Mise à part deux lointaines coupes de Suisse on a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Et les deux sympathiques victoires récentes dans un tournoi amical de 4 matchs à Noël (avec des renforts...) n'est pas vraiment ce qu'on peut décemment appeler un palmarès.

 

Aussi rude soit-elle, la réalité de notre histoire n'est pas manipulable aussi facilement que le déroulement d'un match pour un article style Cendrillon du Matin. Et la réalité c'est que non seulement nous n'avons jamais gagné un vrai titre, mais en plus on a passé un nombre très important de saisons en dehors de l'élite. Alors quoi ? Eh bien avoir 5 maillots retirés (et bientôt 6, 7 ou 8 selon les désirs de certains) quand on a un palmarès moins fourni que Langnau ou Villars (oui, oui!) c'est déjà beaucoup. Et quand on voit que Davos n'en a retiré que 2, Zürich 3 et Bienne aucun, on passerait presque pour une bande de mégalos !

 

Alors oui, je me jette à l'eau : je suis contre le retrait du numéro 12 de Philippe Bozon ! Philippe, il y a peu de chance que tu me lises, mais sache tout de même que je t’adore ! Ta rage de vaincre, ton engagement de tous les instants, ton leadership, il n'y a guère que ton incapacité à sourire que j'ai pu moins aimer. Quoique... Tu es un joueur exceptionnel, vraiment, et je ne remettrai jamais ça en cause. Mais voilà, 4 saisons sous nos couleurs plus une petite pige alors que tu t'ennuyais dans ta retraite, je trouve que ce n'est pas assez pour justifier d'accrocher ton maillot au plafond. Tu as fait une très belle carrière, exemplaire, mais il ne s'agit pas de ça ici. Il s'agit de toi et du GSHC, club qui ne fut qu'une petite partie de ta carrière. Je ne te le reproche absolument pas, juste un simple constat qui m'amène à cette conclusion.

 

Ce n'est pas manquer de respect envers nos anciens joueurs que de ne pas retirer leurs maillots, tout n'est pas blanc ou noir. On peut très bien être très reconnaissant et admiratif envers un joueur sans pour autant lui accorder cet honneur exceptionnel. Quoi qu'il en soit, le débat sera toujours en partie subjectif et un zeste irrationnel. Dans ce contexte, la politique actuelle du club qui consiste à ne surtout pas prendre de décision à la hâte parait sage et judicieuse !