Auteur d’une vilaine charge sur Rubin samedi, le capitaine des Dragons n’a pas été suspendu. Il est, du coup, très attendu par les Genevois!
La question était de savoir combien. De combien de matches allait écoper Julien Sprunger après son si vilain geste samedi sur Daniel Rubin. D’autant plus qu’il s’agissait d’une agression similaire à celle infligée au Lausannois Jannick Fischer, qui lui avait valu quatre rencontres de suspension à la fin de septembre. Ironie du sport, la faute avait déjà échappé aux directeurs de jeu…
Multirécidiviste, prendrait-il trois, six ou douze parties? La réponse est donc tombée hier matin: c’est zéro. On parle de la sanction, bien sûr. Aucune punition pour l’attaquant de Fribourg-Gottéron. Alors que le Genevois se fera opérer demain d’une triple fracture de la pommette, le capitaine des Dragons se trouvera bien sur le rink pour l’acte III aux Vernets. Etonnant. «On ne demandait pas quarante matches de suspension, mais zéro, c’est aberrant!» s’étonne Eliot Antonietti. Mais comment est-ce possible?
Les images sont pourtant aussi révélatrices qu’une longue diatribe. Il suffit de jeter un œil sur la vidéo, qu’on soit partisan ou pas, pour se rendre à l’évidence que le Fribourgeois commet une irrégularité. «Il risque gros», titrait d’ailleurs le journal local La Liberté .
Analyse de la scène
Et pourtant… M. Stéphane Auger, délégué à la sécurité des joueurs, a, assure-t-il, effectué une analyse détaillée de la scène. Il estime, après visionnement, que cette mise en échec était correcte, qu’elle ne visait pas la tête et que l’impact s’est fait sur une autre partie du corps. Voici sa version:
«Rubin est en possession du puck et peut donc être chargé. Sprunger ne se cambre pas et ne bondit pas; son bras et son épaule restent près du corps. Au moment d’effectuer sa charge, Sprunger ne patine pas activement. Il est en train de glisser et n’appuie pas sa mise en échec de manière particulièrement intense. Toutefois, il apparaît que la tête de Rubin heurte violemment la glace suite à la charge. Il n’est en outre pas possible d’établir avec certitude le moment exact où il se blesse.»
Petite question: comment se fait-il alors que le Servettien soit touché à gauche alors qu’il est tombé sur son côté droit?
Engagé cette année par Swiss Ice Hockey, le Québécois a donc décidé de ne pas déposer d’acte d’accusation et de confirmer la décision prise par l’arbitre Nadir Mandioni en cours de rencontre. Aucune procédure n’est ouverte auprès du juge unique, lequel n’est pas entré en matière sur la vidéo envoyée par Ge/Servette par rapport au «balayage» – faute avec le pied – du même Sprunger sur Frédéric Iglesias! «Maintenant, remarque le défenseur genevois, cela ne sert à rien de jeter de l’huile sur le feu.» Reste qu’à l’image de Goran Bezina, aux Vernets, on n’en pense pas moins…
Pas de conspiration
«Cette décision de Stéphane Auger en aura étonné plus d’un, à commencer par moi, mais je respecte son choix, poursuit Chris McSorley. Julien a certes dépassé les bornes mais il n’y a pas de conspiration contre Ge/Servette. De toute façon, que Sprunger joue ou non, nous avons battu deux fois Fribourg alors qu’il se trouvait sur la glace.» On pourrait ajouter que les Aigles restent même sur six succès d’affilée contre lui et ses Lézards…
«Pour moi, estime l’ancien Luganais Flavien Conne, il n’y a pas de quoi crier au scandale, c’est une vraie charge de play-off, rugueuse mais correcte.» Ce n’est toutefois pas l’avis de l’ex-défenseur et aujourd’hui journaliste au Blick Dino Kessler, qui se dit «écœuré» par cette décision. «Le premier point de contact, c’est l’épaule contre la tête, écrit-il sur son compte Twitter. Etre prêt ou pas à la charge, ce n’est pas la question. La seule question, c’est quelle partie du corps est heurtée en premier. Et c’est un sale coup à la tête porté par Sprunger, charge considérée comme correcte par la Ligue, s’indigne-t-il. Je suis profondément dégoûté par cette ligue pathétique et son système de justice.»
Commotionné par Sprunger à la fin de septembre à Saint-Léonard, Janick Fischer est tout aussi surpris par ce verdict. «C’est bizarre, surtout que Genève a perdu un joueur important, mais bon, il ne fait aucun doute que les Aigles vont l’attendre ce soir au tournant et qu’ils ne vont pas le rater, sourit-il. Tout en restant dans les limites du jeu, bien sûr. Je me réjouis de voir ce match!» Après l’effroi, il va faire chaud ce soir aux Vernets!
Commentaire
Voulez-vous des lunettes?
Après la violente mise en échec de Ralph Stalder sur Floran Douay à la fin de février à Lausanne, honteusement pas sanctionnée, à quoi sert finalement M. Stéphane Auger? Le Québécois a été engagé l’été passé pour protéger les joueurs, notamment des coups à la tête. Et le voilà qu’il ferme les yeux sur cette nouvelle agression! A force de répéter que tous les coups sont permis, on en arrive à ce genre d’aberration. Il n’y a jamais eu autant de commotions que cette saison. Quel est le message envoyé par la Ligue suisse de hockey? Le système ne pousse pas les joueurs à freiner leurs ardeurs mais protège ceux qui flirtent avec la limite. La plupart des gens qui se trouvaient samedi à Saint-Léonard, sans compter ceux, amoureux de hockey, qui ont revu les images plus tard, se demandent aujourd’hui s’ils doivent prendre rendez-vous chez leur opticien. On a beau revoir l’action au ralenti, on ne comprend pas ce verdict complètement flou.
Julien Sprunger est semble-t-il incertain ce soir: il souffrirait de l’épaule après son agression à l’encontre de Daniel Rubin. Il faut bien rire de ce coup de théâtre ubuesque! De toute manière, les Aigles ne vont pas jouer contre lui. Mais contre Gottéron!
Power-play
L’affiche Ge/Servette accueille ce soir aux Vernets (20 h 15) Fribourg-Gottéron pour l’acte III des quarts de finale des play-off. Les Aigles mènent 2-0 dans la série et pourraient enfoncer le clou face à un adversaire qui reste sur... six défaites d’affilée contre les Grenat. Jeudi, le coup d’envoi de l’acte IV à la BCF Arena aura également lieu à 20 h 15.
L’effectif des Aigles Parmi les blessés actuels, seul Jonathan Mercier pourrait effectuer son retour au jeu face aux Dragons. Chris McSorley prendra une décision ce matin au sujet de son défenseur No 22. Du côté des étrangers, Matthew Lombardi, pas loin de sa meilleure forme, devrait à nouveau être présent sur la glace au détriment de Tom Pyatt. «Cela se jouera entre Tom et Johan Fransson», ose le boss ontarien. Petit coquin...
L’effectif des Dragons Michaël Loichat et Jérémie Kamerzin sont blessés. Concernant les joueurs surnuméraires, l’entraîneur des Fribourgeois, Gerd Zenhäusern, n’a pas encore arrêté son choix. Dans les tribunes de la BCF Arena samedi, le Canadien Keaton Ellerby pourrait toutefois retrouver sa place en défense.