Les Aigles sont revenus de nulle part dans le sillage de leur tout jeune attaquant. Avant que les Ours ne calment les Vernets
C’est beau un hockeyeur qui pleure. Auguste Impose a illuminé la soirée par sa fraîcheur et son sourire. Le jeune attaquant des Aigles a inscrit son premier but dans l’élite. C’est forcément un grand moment dans une vie de hockeyeur. «C’est beau, c’est vrai, dit l’ancien junior de Saint-Imier et de La Chaux-de-Fonds. Mais je ne peux pas savourer pleinement car ce soir nous sommes bredouille au final. Il y a donc un goût d’inachevé.»
Berne et Ge/Servette ont proposé une bien curieuse soirée de hockey hier soir. Un scénario un peu fou avec un final qui peut sembler cruel pour les Aigles mais qui répond à une certaine logique tant Berne fait tout un peu mieux que les Genevois. «On a pourtant montré du caractère, poursuit le No 87 des Aigles. Berne est une très grosse cylindrée. Et quand tu te retrouves mené de trois longueurs et que tu parviens à égaliser, il est effectivement très dommage de perdre comme ça, sur des détails.»
Il faut revenir sur ce début de match. Pendant vingt minutes, on a bien cru que les Aigles ne feraient pas le poids. Trois jours après une prestation bien terne contre le HC Bienne, Ge/Servette a poursuivi sur sa triste lancée. Il flottait comme une espèce de sentiment d’impuissance dans les travées des Vernets. Une patinoire qui n’en finit pas de grouiller de bruits assez alarmants. On veut parler là de la gestion 2.0 instaurée depuis cet été par Hugh Quennec. Le président répète à qui mieux mieux qu’il veut faire de son club une référence au niveau interplanétaire. Il engage, il consulte, il dépense. Après un voyage du côté de San José, c’est à Cardiff que se sont rendus certains employés du club cette semaine. Pour un séminaire tenu par Julian Jenkins… A quand l’annonce de l’arrivée de Pascal Zuberbühler au poste d’entraîneur des gardiens?
La volonté de vouloir progresser est louable. Mais est-il bien nécessaire de vouloir réinventer la roue ou le fil à couper le beurre? Et si pour commencer, Hugh Quennec et ses nouveaux conseillers canadiens s’inspiraient de ce qui se fait de mieux en Suisse? Il suffisait de regarder en face. Il n’y a pas que sur la glace que Berne peut donner la leçon aux décideurs du bout du lac.
On ne sait pas si la Team Quennec, présente au complet (veston et cravate) dans la loge présidentielle, a apprécié le spectacle. Peter Gall, son fils Michael, Lorne Henning, Mike Gillis: cela en fait du monde… On ne sait pas s’il faut y voir une relation de cause à effet mais à chaque fois que l’aréopage canadien parade dans les travées, l’équipe semble comme tétanisée.
Berne avait-il besoin de ça? Le champion est sans états d’âme. Trois à zéro après vingt minutes. Pas de vie. Pas d’envie. Pas d’ambiance. Un peu comme si les fans étaient anesthésiés par le discours parfois surréaliste qui prévaut dans les plus hautes sphères du club. Oui, longtemps, cette soirée avait tout d’une soirée pourrie.
Il aura fallu une pause, salutaire. Un discours ferme et musclé du coach. «On nous a juste dit de jouer notre jeu et de nous détendre, dit Auguste Impose. C’est ce que nous avons fait.»
C’est alors que le match est devenu fou. Par la grâce d’un 4e trio offensif explosif. Rubin a sonné la charge. Puis c’est Loeffel qui a doublé la mise sur un service en or d’un Noah Rod en feu. Et puis, est venue l’heure d’Auguste Impose pour conclure trois minutes de folie. De quoi chasser des esprits les mauvaises ondes malgré la défaite. Mais jusqu’à quand?