10 janvier 2014

Le Canado-Suisse s’est aguerri avec Martigny avant de franchir un palier avec Ge/Servette à Davos. Il veut faire aussi bien à Bienne

 

Débarqué cet été aux Vernets sur la pointe des pieds de son Université de St-Lawrence (dans l’Etat de New York, proche d’Ottawa), Jeremy Wick a finalement crevé l’écran entre Noël et Nouvel-An. Placé entre-temps à Red Ice Martigny, où il est devenu meilleur compteur de LNB (32 points en 28 parties), ce petit attaquant racé est définitivement sorti de l’ombre dans les Grisons pour franchir un palier supplémentaire avec Genève-Servette durant une Coupe Spengler qu’il n’est pas prêt, lui non plus, d’oublier.

 

Il y avait eu, avant lui, Mike Knoepfli et Wesley Snell. Mais aussi, dans le désordre, Daniel Vukovic, sans oublier Eric Walsky, Dan et John Fritsche précédant Cody Almond puis Robert Mayer et Tim Traber. Chris McSorley a toujours l’art de dégoter l’oiseau rare en Amérique du Nord, qui possède comme par enchantement des grands-parents en Suisse; mieux, le précieux passeport rouge à croix blanche…

 

«Un pays merveilleux»

 

«A la naissance, ma mère a eu la bonne idée de nous enregistrer, ma sœur et moi, avec la double nationalité, sourit ce robuste attaquant de 25 ans qui a, dans sa jeunesse, joué de la trompette, au football américain, au rugby, au baseball et à la crosse quand il n’était pas sur une patinoire ou en vacances à Zuzwil (dans le canton de Saint-Gall). Je comprends bien le schwyzerdütsch mais je ne le parle pas. Cela me permet toutefois de vivre dans un pays merveilleux et d’évoluer à Genève devant des fans incroyables qui vous poussent à vous surpasser.»

 

Si comme tous les joueurs de hockey qui ont grandi dans le Nouveau monde, il rêve encore de NHL – il a eu des touches avec Chicago et Phoenix – son autre but a toujours été de percer en Suisse, qu’il compare à un Eldorado. «J’adore ce pays où je me sens bien. Mais après avoir vécu quelques mois à Martigny, dans une ville aussi petite que Canton où je vivais dans mon université, à Genève je suis obligé de rouler en voiture au milieu des giratoires ou de me déplacer en tram. Ça me change…»

 

A l’aube de la dernière ligne droite en direction des play-off, ce détenteur d’un bachelor en psychologie est, à coup sûr, la bonne trouvaille du chef, qui lui a d’ailleurs permis dans la foulée d’économiser un gros salaire en se séparant de Juraj Simek. «Or, après sa bonne semaine à Davos, j’attends de lui qu’il redescende désormais de la montagne, qu’il se réveille comme d’autres dans l’équipe», tonne Chris McSorley, conscient que son petit joyau est capable de beaucoup mieux après deux parties en demi-teinte le 4 janvier à Davos et mardi en demi-finale de Coupe face à Kloten.

 

«Moi aussi, remarque Jeremy. maintenant, je veux réussir les mêmes matches en championnat qu’à la Spengler! Or après deux jours de congé, on a pu recharger les batteries suite à une période très chargée. A Bienne, on en aura bien besoin pour lancer notre fin de saison.»

 

Un rôle différent

 

Si à Martigny le Canado-Suisse (qui n’a aucun lien de parenté avec Roman Wick des Zurich Lions) était confiné dans un rôle uniquement offensif en première ligne, celui qu’il endosse désormais avec le maillot grenat est différent. «On doit mettre plus d’énergie tout en essayant de gratter des points. Ce n’est plus la même chose, mais je m’adapte.»

 

Son rêve aujourd’hui? Sortir par la grande porte. «Après la Coupe Spengler, il y a beaucoup d’attente à Genève pour qu’on remporte le titre», s’exclame, très motivé, ce Servettien qui a signé un contrat de deux ans avec les Grenat.

 

Après être sorti de l’ombre, celui qui partage la vie de Laetitia est prêt à retourner sur son nuage, celui de la Coupe Spengler…

 

Noah Rod est de retour aux affaires

 

«Je me réveille le matin à 3 h, ce n’est pas la situation idéale. Les effets du décalage horaire se font encore ressentir», explique Noah Rod, tout juste rentré des Mondiaux M20, disputés au Canada, à Toronto. De retour à l’entraînement avec Ge/Servette, le jeune homme avoue être sur les rotules après trois semaines passées à vivre en groupe 24 h/24 h.

 

«Sur le plan personnel, je suis satisfait de mes championnats du monde. Ce n’était pas facile de s’adapter à la surface de la patinoire (ndlr: plus petite qu’en Europe) . Il a fallu aussi apprendre à évoluer avec de nouveaux coéquipiers», analyse le No 91 des Aigles, élu dans le top 3 des meilleurs joueurs helvétiques. «C’est une fierté de figurer dans ce classement, d’autant plus que ce sont les entraîneurs présents lors du tournoi qui ont remis ces prix. Ça me touche.»

 

Convocation en équipe de Suisse oblige, Noah Rod a manqué pour la deuxième année consécutive le rendez-vous de la Coupe Spengler, dont Ge/Servette est désormais double tenant du titre. Une déception? «C’est clair que j’ai un petit pincement au cœur de ne pas avoir pu participer au rendez-vous davosien. Je suis tout de même très heureux pour l’équipe qui mérite sa victoire. C’est le hasard du calendrier: l’an passé j’étais dans les tribunes et cette saison je portais le maillot rouge à croix blanche.» L’attaquant a tout de même pu suivre à distance les exploits de ses coéquipiers grenat: «Il y avait une télévision dans les vestiaires donc j’avais la possibilité de regarder les matches avant le début de nos rencontres.» Il y a aussi eu cette demi-finale de Coupe de Suisse perdue aux Vernets face à Kloten et à laquelle Noah Rod n’a pas pris part. «C’est dommage, ça aurait été chouette pour le club de disputer une deuxième finale de coupe cette saison après la Spengler. Il faut aussi se rendre à l’évidence: on ne peut pas tout gagner. L’important maintenant est de se tourner vers le championnat.» Cela commence dès aujourd’hui à Bienne.

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette (6e, 35 matches, 52 points) se rend ce soir à Bienne (8e, 35 matches, 46 points). Le coup d’envoi sera donné à 19 h 45 par MM. Philipp Clément et Marcus Vinnerborg.

L’effectif Christian Marti (épaule), Chris Rivera (cheville) et Matt D’Agostini (cheville) devraient être absents encore une semaine. Noah Rod, de retour des Mondiaux M20 (lire ci-contre), et Arnaud Jacquemet (légère commotion) sont à nouveau à disposition du coach. Tim Traber a été prêté à Martigny.

La statistique GSHC s’est imposé lors de ses deux derniers déplacements au Stade de Glace (31 janvier et 14 octobre 2014, 2-5 et 2-3). Jamais deux sans trois?

Chris McSorley «On doit absolument gagner face à un Bienne qui joue actuellement son meilleur hockey. Les joueurs, qui ont bénéficié de deux jours de congé, ont rechargé leurs batteries.»$$$