Après avoir rempli son infirmerie,   Ge/Servette, qui reçoit Bienne ce soir, a amené de la fraîcheur avec quatre garçons dans le vent

 

 

Il y avait comme une grosse odeur d’urgence, d’un groupe dos au mur qui ne parvenait plus à mettre un patin devant l’autre. Il y avait de quoi s’inquiéter, d’autant plus que l’Aigle, qui avait glissé au 11e rang, sans âme, avait surtout perdu beaucoup de plumes dans sa chute: l’infirmerie affichait complet, avec des joueurs de qualité, indispensables sur l’échiquier. Avant de s’attaquer à Davos et à Berne, Craig Woodcroft, privé de neuf titulaires, dont trois étrangers, pouvait craindre le pire…

 

Mais à Genève, l’avenir est en marche, avec une relève assurée, qui apporte cette insouciance et un vent de fraîcheur bienvenu. Ces juniors, qui figurent parmi les meilleurs du pays, ont les dents longues.

 

On connaissait déjà le talent de Guillaume Maillard (19 ans), qui a su d’emblée saisir sa chance en septembre, et le culot de Neil Kyparissis (19 ans) depuis la saison dernière; voilà la fougue d’Arnaud Riat (18 ans) et la robustesse d’Enzo Guebey (18 ans), qui ont plongé à leur tour dans le bain bouillant de la LNA, pardon de la National League.

 

«Je suis très content de leur implication dans le jeu, s’est réjoui le coach des Grenat. Ils ont fait preuve d’une maturité et d’un calme impressionnants dans des situations difficiles, notamment à Berne. On peut être fiers de pouvoir compter sur une telle relève.» «Mais attention, prévient le chef. S’ils m’ont laissé une très bonne impression, ils ne doivent pas se relâcher, mais continuer à travailler dur pour montrer qu’ils ont vraiment le niveau pour revenir.»

 

Entraîneur des juniors élites, Patrick Emond connaît bien ces «gamins» qu’il aide à grandir. «On leur a demandé d’être capables de mettre un bon fore-checking et d’aider l’équipe, ce qu’ils ont bien fait», sourit leur guide, qui nous parle de ces quatre garçons dans le vent.

 

Guillaume Maillard (19 ans)

 

Après avoir livré huit parties avec les Aigles la saison dernière, Guillaume Maillard en compte déjà sept depuis le début du championnat: il en aurait même disputé le double s’il n’avait pas été blessé aux adducteurs début octobre. «Il avait des lacunes physiques quand il a débarqué de Fribourg en 2015, rappelle Patrick Emond. Mais il a bien travaillé durant deux ans. C’est un attaquant très offensif qui doit encore améliorer son côté défensif, mais le joueur est assez intelligent pour régler ce détail. Il n’a pas peur de se servir de son corps. Il va réussir une belle carrière en LNA.»

 

Neil Kyparissis (19 ans)

 

Il avait déjà montré à deux reprises sa bonne «bouille» la saison dernière avec McSorley. Le revoilà avec la première, avec un assist contre Davos. «Neil n’est pas un attaquant qui joue en finesse, il met l’accent sur sa vitesse et sa robustesse, explique le Québécois. Son rôle est d’amener son agressivité ainsi que son énergie et de terminer ses mises en échec. C’est un très bon élément en box-play. Mais il a encore besoin d’un peu de temps avant d’effectuer le grand saut chez les pros.»

 

Arnaud Riat (18 ans)

 

Son frère, Damien, qui a fêté ses 20 ans le 26 février, est proche de la NHL avec les Washington Capitals. «Il est aussi appelé à évoluer avec les pros un jour, assure son entraîneur. C’est un buteur, mais il manque encore de puissance. A son âge, il n’est pas encore à maturité physiquement. Mais il a le temps.» Après ses premiers coups de patins contre Davos et Berne, on le reverra, c’est sûr…

 

Enzo Guebey (18 ans)

 

Lancé dans le bain à… Berne, l’international M20 français a prouvé lui aussi qu’il a toutes les aptitudes pour devenir pro en défense en LNA. «Il est robuste et assez complet, souligne Emond. Mais il doit encore améliorer son jeu défensif.»

 

D’autres, comme les Lettons Sandis Smons (1999) et Deniss Smirnovs (1999), voire Mike Wyniger (1999), ont les moyens, eux aussi, d’effectuer bientôt le grand saut. Quand il y aura une urgence…

 

Ces talents sont formés par Ge/Futur Hockey…

 

Neil Kyparissis, Guillaume Maillard, Arnaud Riat et Enzo Guebey ont gravi les échelons du mouvement junior de Ge/Servette avant d’être appelés à évoluer avec la première équipe. Comme l’ont fait, avant eux, Jonathan Mercier, Yoan Massimino, Floran Douay, Thomas Heinimann, Auguste Impose, Noah Rod, Damien Riat, Makai Holdener et Eliot Antonietti. De nombreux autres juniors rêvent de jouer un jour en LNA. Pour l’instant, ils portent aussi un maillot grenat, mais la filière de formation n’a rien à voir avec la gestion de la première équipe…

 

Juste derrière le sommet, on trouve l’académie, Genève Futur Hockey. «C’est la structure qui recrute, développe et forme les talents de demain», explique le directeur administratif Laurent Pechranz, chargé notamment de la gestion administrative du club – à savoir les relations avec les autorités du canton, la Ville, la Ligue suisse de hockey et Ge/Servette SA. Il s’occupe également des entraîneurs pros, des licences, des contrats des jeunes joueurs et des relations avec leurs agents. «On gère aussi le sport-études pour que nos hockeyeurs deviennent de bonnes personnes!»

 

Après les bambini et les piccolos, c’est à partir de 11 à 12 ans, aux moskitos top, qu’un talent rejoint l’élite jusqu’en junior (17-19 ans) en passant par les minitop (13-14 ans) et les novices (15-16 ans). «Quand ils sont vraiment bons et qu’ils survolent leur catégorie, comme Rod, Impose, Riat, Douay, Maillard ou Kyparissis, on les place en LNB, LNA ou au Canada pour qu’ils continuent de progresser. Mais nous sommes bien conscients aussi que nos juniors ne passeront pas tous professionnels…»

 

Il y a encore une troisième structure, Ge/Servette Association, qui s’occupe de l’école de hockey tout en collaborant avec Trois-Chênes et Meyrin pour les jeunes qui n’ont pas l’envie ou le niveau pour évoluer avec les élites mais qui poursuivent pour le plaisir. Plus tard, ils évolueront peut-être avec Ge/Servette II Association, Meyrin ou Genève Hockey féminin, qui conservent un statut indépendant au niveau des comptes du budget et du personnel…

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette reçoit la visite, aux Vernets, de Bienne. Coup d’envoi à 19 h 45. Lors du premier match, le 16 septembre, les Aigles s’étaient inclinés 5-4.

 

L’effectif Bays, Gerbe, Spaling, Rod, Douay, Mercier, Romy, Schweri et Massimino sont toujours blessés. Da Costa n’est toujours pas d’attaque. Antonietti jouera avec les Grenat si Tömmernes (toujours dans l’attente de son premier enfant) devait rester au chevet de son épouse. Sinon, le grand barbu retournera à Ajoie. Leonelli est prêté à Olten.

 

Les retours Arnaud Jacquemet et Cody Almond ont reçu le feu vert du médecin.

 

Bozon à l’honneur Après les tricots de Daniel Clerc (0), d’Eric Conne (4), de Fritz Naef (6), de Jean-François Regali (24) et d’Igor Fedulov (28), Ge/Servette va retirer le No 12 de Philippe Bozon le 21 décembre lors de la venue de Kloten, où joue son fils Tim. Celui qui est désormais entraîneur des Boxers de Bordeaux a joué cinq ans à Genève, dont quatre comme capitaine.

 

GSHC à Davos Les Aigles défieront le HCD en quarts de finale de la Coupe le 21 ou le 22 novembre. Autres affiches: Ajoie - Langnau, Bienne - Berne et Rapperswil - Zoug.