1er février 2017

Contre Kloten, Ge/Servette compte sur ses Genevois, Riat, Mercier, Kast et Antonietti, pour conquérir enfin un trophée dans l’élite

 

C’est très facile de la critiquer. De la dénigrer. C’est plus compliqué, en revanche, de la gagner. La Coupe de Suisse de hockey sur glace tente un come-back depuis trois saisons. Un retour nettement moins convaincant que celui de Roger Federer, c’est certain. Ressuscitée sur les cendres d’un passé glorieux, la «Swiss Cup» peine à trouver son public et à susciter un intérêt poli auprès de la majorité des acteurs du hockey suisse. L’attitude de certains clubs est extrêmement limite, eux qui n’hésitent pas à envoyer des moitiés d’équipe lors des premiers tours de cette compétition qui réunit les formations de LNA, de LNB et certaines de première ligue.

 

Aux Vernets, la mentalité est tout autre. Il est dans la culture nord-américaine de jouer toutes les compétitions à fond. On le voit année après année lors de la Coupe Spengler avec les performances régulières du Team Canada. Chris McSorley est sensible aux honneurs. Son président, Hugh Quennec, aussi. Pas question donc de prendre la Coupe à la légère. Au sein de l’effectif qui défiera Kloten ce soir à la Kolping Arena, les quatre Genevois de l’équipe sont même particulièrement remontés. Eliot Antonietti, Tim Kast, Damien Riat et Jonathan Mercier ont tous trusté les honneurs lorsqu’ils étaient juniors. «On en a soulevé des coupes, souligne Riat, le benjamin de la bande. Mais chez les jeunes, ce n’est pas la même chose. Alors oui, je suis déterminé. On va aller chercher cette Coupe de Suisse pour l’offrir au peuple grenat!»

 

Depuis 1972…

 

La finale 2017 mettra aux prises deux formations aux parcours opposés. Après un début de saison en surrégime, Kloten a ostensiblement et régulièrement piqué du nez depuis le mois de décembre. Actuellement 10es du classement de LNA, les banlieusards joueront leur saison sur un match. Pour Genève, qui semble confirmer sa lente montée en puissance au gré du retour de certains éléments-clés, la problématique est différente. «Ce n’est pas un match à la vie à la mort, dit Tim Kast, mais une fois arrivé à ce stade de la compétition, il n’y a pas de calcul à faire: on doit la gagner, cette finale. Il est aussi temps que le palmarès s’enrichisse d’un nouveau titre.»

 

Après l’exploit de 1959, Ge/Servette a conquis une deuxième Coupe en 1972. Depuis, le club a connu beaucoup de bas avant de s’installer comme une valeur sûre du hockey suisse. Depuis le retour en LNA, il est le patron incontesté du hockey romand. Mais les Aigles veulent des titres, des vrais. «Ge/Servette a déjà gagné deux fois ce trophée par le passé. Et on dit jamais deux sans trois! souligne Mercier, grand témoin de l’évolution du club depuis quinze ans. Ce serait de toute façon une très bonne chose pour bien lancer la fin de saison. Un titre en Coupe pour mieux aller en chercher un autre, en championnat…» suggère le défenseur, qui a soulevé la Coupe de champion de LNB avec les Grenat en 2002.

 

Ce soir, la Swiss Arena affichera complet. Une belle colonie genevoise devrait être de la partie. Des anciens de 1972 et quelques-uns de leurs prédécesseurs des belles années 60 seront dans les tribunes. Une finale n’est belle que si on la gagne, dit l’adage. «Alors, on n’a pas le choix, plaisante Eliot Antonietti. On va y aller à fond. Mais il ne faut pas non plus surjouer le match. On ne peut pas se mettre en mode play-off comme ça, d’un coup. Je pense que si nous continuons sur notre bonne lancée, ça devrait le faire.»

 

Un titre qui restera

 

Le plus beau barbu de la ligue brûle lui aussi de brandir le trophée. «La Coupe Spengler a un vrai prestige, dit-il. Et c’était génial de la gagner deux fois. Mais un vrai titre lors d’une compétition officielle, c’est autre chose.» Un palmarès prend toute sa signification dans le temps. Que valaient vraiment les premiers titres conquis par les clubs sur les patinoires extérieures? Des années plus tard, Davos est plein de fierté lorsqu’il s’agit de compiler tous ces succès, fussent-ils acquis à une époque où la concurrence était moindre qu’à l’heure actuelle. «Peu importe si tout le monde ne joue pas le jeu à fond, dit Damien Riat. Dans plusieurs années, personne ne s’en souviendra. Seul le titre restera. C’est l’essentiel.»

 

C’est facile de la critiquer. Mais c’est surtout très bon de la gagner.

 

Power-play

 

A l’affiche Finale de la Coupe de Suisse ce soir à 20 h 15 à Kloten: Kloten - Ge/Servette (RTS2).

 

Format En cas d’égalité après 60 minutes: une prolongation en mort subite de 20 minutes à 5 contre 5. Puis une deuxième prolongation: de 5 minutes cette fois, à 3 contre 3, toujours en mort subite. Si rien ne bouge, une séance de tirs au but départagera les deux équipes.

 

Ge/Servette jouera sans Rod, Romy, Ehrhardt. Slater de retour. Paré surnuméraire.

 

Goran Bezina de retour dans «ses» Vernets

 

Goran Bezina a pris congé de son public. Pour mieux en retrouver un autre. Du côté de Zagreb, cela faisait un moment que les fans s’étaient fait une raison. Après la non-qualification pour les play-off de KHL, les dirigeants du Medvescak n’ont pas tardé à réagir. En proie à des soucis de liquidités, le club croate a libéré plusieurs de ses joueurs majeurs. Le Canadien Colby Genoway (ex-LHC notamment) s’est retrouvé à Kloten. Ge/Servette, lui, a vu débarquer l’excellent Francis Paré. Lundi, c’est Alexandre Bolduc, encore un Canadien, qui a quitté Zagreb, suivi hier par l’entraîneur Gordie Dwyer, qui terminera la saison sur le banc d’Ambri! Aux Vernets, cela faisait des semaines qu’un retour de Goran Bezina était dans l’air. Pour tout dire, Chris McSorley lui-même prédisait ce cas de figure cet été lors d’un entretien que nous avions eu avec lui. «Je prends le pari que Goran sera de retour avant Noël. Il sera toujours le bienvenu.» Voilà qui coupe assez sèchement les théories boiteuses de ceux qui voyaient dans le retour du capitaine une basse manœuvre de Hugh Quennec pour mettre dans l’embarras un coach qui n’avait pas souhaité conserver le défenseur à n’importe quel prix à l’issue de la saison dernière. Bien évidemment, McSorley ne peut qu’apprécier d’avoir dans son alignement un joueur de ce calibre, qui lui offrira la profondeur de banc en défense. Avec Goran Bezina, c’est tout l’équilibre de l’équipe qui peut être modifié. Indispensable, incontestable aussi, jusque-là, il n’est pas impossible que Johann Fransson entre dans le jeu du tournus que Chris McSorley va devoir imposer à son quintet de joueurs étrangers. Tout cela se décidera au gré de la forme et des bobos des uns et des autres.

 

L’Ontarien avait donc vu juste, même si c’est avec un mois de retard sur ses prédictions que Bezina terminera la saison aux Vernets. Et le suspense sera allé jusqu’à son terme, puisqu’il a fallu attendre la fin du match contre le Dynamo Moscou pour que la nouvelle soit officialisée.

 

Le club de KHL aura donc fait patienter les fans genevois jusqu’à la clôture de la période des transferts pour les joueurs suisses, fixée à hier minuit! L’ancien capitaine des Aigles voyagera aujourd’hui en direction de Genève. Il ne sera pas du déplacement de Kloten. Il faudra attendre samedi soir à Bienne pour revoir le No 57 à nouveau à l’œuvre avec les Aigles.

 

Selon certaines indiscrétions, le mythique défenseur des Aigles ne récupérera pas le C du capitaine. Conscient de la symbolique d’une nomination à ce poste, il ne lui viendrait pas à l’idée de revendiquer quoi que ce soit. Un capitaine, Jim Slater, a été nommé. Il ira au bout de son mandat, Goran Bezina ou pas…

 

Et si un soir d’avril, il y a un trophée à aller chercher, nul doute que ces deux hommes intelligents trouveront bien un terrain d’entente.