Avec un Robert Mayer royal, un Simek en feu, un Richard du tonnerre, les Aigles ont redonné le sourire à leurs fans
Jeudi dernier, Sarah avait quitté les Vernets avec plein de larmes dans les yeux. Supportrice inconditionnelle du club, cette adolescente yverdonnoise de 15 ans ne comprenait pas comment ses Aigles pouvaient voler aussi bas. Onzième du classement, onzième power play, onzième attaque, douzième défense, que de nonchalance sur la glace, un manque d’agressivité, la gamine était dépitée. Elle a donc pris sa plus belle plume d’écolière pour écrire un mot à ses «amoureux» et exprimer son immense chagrin.
Cette lettre est arrivée dans notre boîte e-mail. Peut-être même qu’elle a aussi touché ses protégés. Morceaux choisis: «J’aimerais particulièrement m’adresser aux joueurs qui sont là depuis des années et qui se sont toujours battus pour l’équipe. Vous êtes enfermés dans le cercle vicieux de la défaite, sortez-en! Ne laissez pas tomber, battez-vous encore et encore avec fierté, jusqu’au bout. Reprenez votre passion en main, retrouvez l’envie de jouer, d’aller sur tous les pucks. Comme si c’était votre dernier match à jouer. Comme si c’était une finale. Faites en sorte que cette flamme ne s’éteigne pas…»
Trois nouveaux blessés
Sarah a été écoutée, ses «copains» ont du cœur, de l’orgueil et encore de la vie. Et pourtant, tout avait mal commencé. Arnaud Jacquemet a lui aussi rejoint l’infirmerie, qui affiche bientôt complet. Avec Romy, Rod, Almond, Gerbe, Spaling, Douay et Maillard, il n’y a que du beau monde. Plus tard dans le match, Schweri et Mercier sont aussi venus grossir les rangs. Mais pourquoi y a-t-il autant de blessés?
Peu importe, cette équipe, le dos au mur et un pied dans le vide, avait retrouvé un instinct de survie, de résilience. De la concentration, de la discipline et du cœur, le groupe de Woodcroft a joué simplement, sans prendre trop de risques. C’est payant! Elle s’est offert le scalp de Davos, qui n’est jamais facile à dompter. Avec un Robert Mayer impérial, qui a rassuré tous ses coéquipiers, des leaders qui ont pris leurs responsabilités, les Genevois ont su mettre la gomme sans s’effacer pour se jouer de la virtuosité des artistes grisons de Del Curto, surpris par tant d’audace. A commencer par Arnaud Riat, le frère de Damien, qui a réussi son baptême du jeu en LNA, à dix-huit ans, profitant notamment de la sortie de Schweri. «Mon frère n’a pas arrêté de me parler, souriait le «rookie» en fin de match. Il m’a dit, «fais comme ci, fais comme ça». A un moment donné je me suis demandé si ce n’était pas lui le coach! Mes parents étaient dans les tribunes, ils étaient émus. 3-0 contre Davos, je ne pouvais pas rêver mieux pour mes débuts.»
Simek jette l’allumette
C’est Juraj Simek, en feu, qui a jeté l’allumette dans cette partie avant que Wick ne profite lui aussi d’offrandes d’un Tanner Richard, du tonnerre lui aussi. «La clé ce soir c’était la simplicité, lâchait le Canado-Suisse. On a pu compter sur des jeunes incroyables, à l’image d’Arnaud, qui a bloqué des tirs et fait un magnifique travail. On a fait preuve d’un superbe état d’esprit et je commence à me sentir de mieux en mieux dans cette équipe.»
Débarqué ce mardi après-midi à Genève, Stéphane Da Costa n’avait plus assisté à un match de hockey depuis un bon bout de temps. «On a été défensivement très solides, avec des jeunes qui ont montré du cœur», s’est enthousiasmé la future star des Aigles, qui se réjouit de sauter bientôt sur la glace. Quand? Il l’ignore encore.
Sarah a quitté les Vernets avec le sourire…