8 mars 2017

Les Aigles, mauvais en power play et indisciplinés, ont reçu une leçon d’efficacité par les Zougois.

 

Il y a eu, certes, un sursaut d’orgueil, à l’usure, au mental, comme un instinct de survie. Mais lorsque tout était joué, que Zoug avait tiré la prise. Après un premier match plein d’espoirs à la Bossard Arena, les Genevois sont cette fois-ci tombés de haut pour ce deuxième acte qui a tourné au cauchemar…

 

Ce n’est un secret pour personne, Chris McSorley, ex-entraîneur de Las Vegas, est un as du poker (menteur) qui lui a souvent souri durant sa carrière. L’Ontarien, qui sait si bien camoufler son jeu, n’a pas son pareil pour brouiller les cartes et rafler la mise. C’est même devenu une de ses spécialités avec le temps.

 

Maintenant, même s’il répète à ceux qui veulent bien l’entendre que derrière la carte de visite d’un entraîneur, il est écrit en tout petit qu’on se réserve le droit de changer d’avis à tout moment, que ce soit à Zoug samedi ou ce mardi aux Vernets, il ne bluffait (malheureusement) pas. Il doit toutefois reconnaître aujourd’hui qu’il s’est planté! Appelez-ça comme vous voulez, cela s’appelle une gifle ou une leçon de hockey.

 

Choix impopulaire

 

Peu importent les critiques, le courroux de la vox populi, le chef a donc gardé sa foi en Jim Slater au profit de Francis Paré, lequel, en forme, piaffe toujours d’impatience dans son habit de surnuméraire alors que le No 16 brille dans le rôle de l’homme invisible. Le boss des Vernets, obtus, qui se moque de sa cote de popularité, s’est renfermé dans son inusable carapace pour repousser les invectives. Pour maintenir un choix qu’il savait impopulaire, il a voulu faire une fois de plus confiance à ses intuitions. A moins que ce soit un ordre venu d’en haut. Il est vrai que son équipe, avec Slater, avait dominé l’acte I, où cela s’était joué sur des détails.

 

Mais dans son jeu, contrairement au visiteur, lui n’avait finalement qu’un brelan d’as en mains, et encore. Il lui manquait surtout une carte forte pour changer la donne et être emporté par cette folie de la gagne qui le fait tant vibrer.

 

Les oreilles qui sifflent

 

Dans les tribunes, il y en a un qui a eu hier les oreilles qui ont énormément sifflé. Parce que Francis Paré, qui avait remporté sept des huit matches qu’il a disputés avec les Grenat, avait redonné des couleurs à un power play bien fade ce mardi soir. Il était prêt.

 

Mais pourquoi McSorley, irascible derrière son banc, s’obstine-t-il, les yeux fermés?

 

Après s’être tiré une balle dans le pied samedi, alors qu’ils étaient si près du premier point, les Genevois ont cette fois-ci sombré d’entrée. Moins de deux minutes ont suffi à Sandro Zangger pour exploiter une première supériorité numérique avant que Santeri Alatalo ne pose un papier carbone et que Lammer enfonce un peu plus les Servettiens avant le deuxième tiers. Les Grenat, indisciplinés (à l’image de Traber) et terriblement maladroits, n’ont alors plus existé avant que Zoug ne lève le patin. «Visiblement la chance n’a toujours pas changé de camp et chaque tir de Zoug a terminé au fond, s’est insurgé un Chris McSorley de bien mauvaise foi. Je m’attendais à un match plus serré mais dès le premier tiers, avec leur power play, cela nous a compliqués la vie. On savait qu’il fallait gagner une fois à Zoug, maintenant il faudra deux victoires.» La suite, c’est jeudi. Avec Francis Paré? M. McSorley, vous n’avez plus le choix…

 

«Un crève-cœur de partir comme ça»

 

Le regard noir. Les poings serrés. La tête basse… Timothy Kast a plus que souffert en voyant ses coéquipiers sombrer mardi soir aux Vernets. Touché au genou lors du dernier match de la saison régulière face à Kloten, le désormais futur ex-attaquant de Ge/Servette s’est rongé les ongles durant toute la rencontre en tribunes, maugréant quelques noms d’oiseaux…

 

«C’est horrible de terminer mon aventure, ici à Genève, de cette manière. Ne pas pouvoir tenir ma place sur la glace et ne pas être en mesure d’aider mes potes en play-off, c’est le pire scénario qui pouvait m’arriver…»

 

L’attaquant des Aigles, qui s’envolera du côté de… Zoug la saison prochaine, a vécu un sale moment sur les bords de l’Arve. «C’est un crève-cœur. Je ne voulais pas tourner cette page mais je ne pouvais pas non plus refuser l’offre de Zoug. Genève va me manquer, mes amis et ma famille aussi.»

 

Tim Kast n’en oubliera pas pour autant son passage à Ge/Servette, club pour lequel il continuera de vibrer jusqu’au terme des play-off. «Vous auriez dû me voir à la Bossard Arena samedi soir. J’étais le seul au milieu de la foule à me lever et hurler lorsque les gars marquaient.»

 

Malgré la claque reçue ce mardi aux Vernets, jeudi soir, Tim Kast sera encore du voyage à Zoug. «Perdre en prolongation ou s’incliner 2-5 à domicile, de toute façon le résultat reste le même. Ce n’est, au final, qu’un point.» Et le No 19 de conclure: «Les gars ont été trop indisciplinés. Jeudi, ils devront se tenir éloignés des pénalités et beaucoup mieux gérer le box-play.»