Hier soir aux Vernets, l’équipe et le staff ont pris congé des fans. Des décisions pourraient tomber ce week-end à propos du coach
Ça commence toujours par un vol de Sherkan. Contrairement aux joueurs, le pygargue à tête blanche ne s’est pas raté cette saison. L’emblème de Ge/Servette a ouvert la cérémonie traditionnelle qui clôture chaque championnat. Dans le hall des Vernets, l’oiseau a pris de la hauteur pour mieux entendre un dernier Cé què lainô et une première ovation en l’honneur de Chris McSorley.
Avec les soubresauts qui agitent le club depuis le début de la saison, avec une accumulation de particules délétères qui pourrissent l’atmosphère depuis l’élimination en quart contre Zoug, cette soirée d’au revoir a pris des airs de soirée d’adieu. «Chriiiiiis McSorley!» «Chriiiiiis McSorley!» C’est le tube de ce vendredi soir. Il n’y a guère qu’Auguste Impose, le nouveau chouchou des Vernets. qui parvient à régater avec le coach des Aigles en accumulant plusieurs récompenses.
Peu après un dernier sourire à la foule, celui qui dirige le club depuis 2001 descend de la scène et nous lance un cri du cœur. «Cet accueil est merveilleux, dit-il. J’espère sincèrement pouvoir continuer mon travail pour ce club. Ge/Servette, c’est mon cœur, ma vie.» Il y a de l’émotion dans le regard de ce dur sur la glace au cœur tendre par ailleurs. Pour Eva, sa femme, et Aidan, son fils, la soirée aussi semble «spéciale».
Sans vraiment oser le dire tout haut, chacun imagine que c’est peut-être son dernier bain de foule. En apparence, le vernis est encore lisse. Mais des fissures sont apparues dès la fin du dernier match de la saison. Le président, Hugh Quennec, le vice-président, Mike Gillis, et le conseiller technique Lorne Henning ont entrepris un travail d’analyse. Dans le secret du lounge-bar de l’hôtel Mandarin Oriental, c’est l’avenir du club et celui de son emblématique entraîneur manager qui se décide depuis lundi.
Les langues se délient, paraît-il. Et elles ne sont pas toutes tendres avec un homme qui dépasse souvent les limites de l’outrance verbale. Celui qui ne joue pas assez se lâche. Celui qui ne réfléchit pas assez aussi. Celui qui n’en fait qu’à sa tête toute la saison se fâche. Celui qui n’en fait qu’à sa pomme distribue des coups. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on. Les club-sandwiches du Mandarin sont hors de prix mais délicieux.
Chris McSorley devrait y goûter ce week-end. Il a lui aussi rendez-vous avec les nouveaux hommes forts des Vernets. Il devra rendre des comptes. L’heure du bilan a sonné.
Sherkan? C’était lui. Et si l’oiseau s’envolait pour toujours?
Jacquemet est désolé (par Virgulator)
Alors que Hugh Quennec a serré des mains, comme à son habitude, le visage rayonnant comme si de rien n’était, celui de Chris McSorley était plus tendu, comme s’il avait compris que son sort était scellé, que ce serait une cérémonie d’adieu avec ses fans. Ils étaient certes moins nombreux que les autres années, mais ils sont tous venus pour lui, pour lui témoigner leur flamme, leur soutien. «Quennec go out, McSorley stay with us.» C’était écrit sur des banderoles et brandi à chaque apparition de «Jésus Chris» sur la scène. Le message était clair, mais ce n’est pas le peuple grenat qui fait la loi aux Vernets.
«C’est tout à fait normal que les fans soient derrière lui, estime Arnaud Jacquemet, récompensé hier par le vestiaire et ses entraîneurs pour sa remarquable saison. C’est quelqu’un qui compte à Genève et dans le club pour tout ce qu’il a fait pour Ge/Servette. J’espère maintenant que cela se terminera le mieux possible pour tout le monde.»
Alors que cela aurait pu être la veille d’un septième match contre Zoug, c’était aussi l’heure des regrets pour le Valaisan et ses camarades grenat. «On aurait bien aimé, en effet, finir d’une autre manière et que cette fête se passe le plus tard possible dans la saison, soupire, désolé, le défenseur. Mais pour tous ces fidèles ici ce soir, on va encore prendre le temps de leur signer des autographes en espérant les voir encore nombreux en septembre.»
Les récompenses (par Virgulator)
Comme à «L’école des fans», les joueurs de Ge/Servette ont été récompensés pour leur saison.
Voici le palmarès.
Prix Eric Conne (meilleur défenseur): Loeffel.
Prix Claude Barbey (meilleur compteur): Spaling.
Prix Torriani (MVP): Gerbe.
Challenge du Service des sports (les joueurs) et celui des entraîneurs: Jacquemet.
Challenge Cargill Cup (étoiles): Spaling et Impose.
Challenge des Irréductibles grenat (combativité) et des partenaires (meilleure progression): Impose.
Challenge 1905.ch (coup de cœur): Chris McSorley.
Challenge Jimmy Omer (courage): Daniel Rubin.
Challenge du meilleur fan: Laurent Bolay.