Les Aigles ont passé deux jours en altitude ensemble. Bilan: une belle victoire et un esprit d’équipe renforcé
Chris McSorley aime le poker. C’est surtout vrai lorsqu’il s’agit de dénicher un joueur, de prolonger un contrat, d’en casser un, aussi. Le bluff, l’esbroufe, le froid calcul en ont fait un manager redoutable et redouté. On le dit pressant, omniprésent, toujours sur le dos de ses ouailles. Mais le coach sait aussi parfois lâcher la bride. Ce week-end, à Davos, Ge/Servette a sans doute conquis davantage que trois points, au demeurant très importants. L’équipe a aussi profité de ce séjour en altitude pour tisser ces liens qui font l’unité d’un groupe.
Cette construction de l’état d’esprit se fait souvent autour d’une table. «Vendredi soir, j’ai laissé le groupe seul, dit Chris McSorley. Avec le staff, les physios, Jimmy, le responsable de presse et ses assistants, nous sommes allés manger de notre côté. C’est important que les joueurs décompressent sans nous.» Autour de la table, donc, Francis Paré en a profité pour mieux s’imprégner de l’esprit qui semble enfin se dégager. «Un esprit serein, je trouve, dit le Québécois. Il y a toujours la place pour une blague. Ce genre de petit séjour est donc idéal pour mieux connaître mes nouveaux coéquipiers.»
Paré est aux anges
L’attaquant a conquis son monde en deux coups de patins. Très bon sur les engagements, il s’est montré dangereux à plusieurs reprises. Et puis, il y a eu cette action de la mi-match. Un mouvement de classe. «On s’est retrouvé à 3 contre 1, dit-il. Jusqu’au dernier moment je cherche à faire la passe à un coéquipier mais le défenseur joue très bien le coup. En levant un œil j’ai vu un tout petit espace au-dessus de l’épaule du gardien.»
Deux mouvements de crosse et un tir lancé plus tard, et l’araignée qui tissait sa toile dans l’angle supérieur droit de Van Pottelberghe décédait sur le coup. «Dans ce genre de situation, tu dois faire un choix. Et il n’est bon que si tu marques», s’esclaffe Francis Paré. Un peu comme au poker…
Cette rencontre aura véritablement ressemblé à une partie de cartes. Ge/Servette a particulièrement bien joué le coup. «Il fallait être consistant en zone neutre, poursuit le Québécois. Davos est une équipe qui patine très fort et se projette vite vers l’avant.» Le No 91 des Aigles n’était évidemment pas là en décembre dernier aux Vernets lorsque les Grisons avaient plumé ses nouveaux coéquipiers. Il y avait donc de la revanche dans l’air.
Genève a disputé cette rencontre comme on joue une partie de poker. Il y avait une stratégie, du jeu. De la chance, aussi, quand Forster et Schneeberger ont frappé les poteaux. Mais Chris McSorley avait surtout un as caché dans sa manche. Robert Mayer, gardien magnifique, auteur de son deuxième blanchissage de la saison, a été l’atout maître qui a fait basculer la rencontre.
Avec ces trois points, Ge/Servette peut envisager une fin de saison plus sereine. Les mathématiques incitent à la prudence. La réalité de la glace beaucoup moins. Les objectifs sont désormais très clairs. Il s’agira tout d’abord d’aller chercher la Coupe de Suisse mercredi soir contre un Kloten moribond en championnat. Ce serait le premier trophée d’un club romand depuis le titre de champion de Bienne en 1982, pour autant que le club seelandais puisse être considéré véritablement comme étant romand. En championnat, la mission est aussi claire pour les Aigles, 7e avec 60 points. Aller piquer la 5e place occupée actuellement par Davos (62 points), pour éviter Berne, Zurich ou Zoug en quart de finale des play-off. Cela dit, dans le camp grenat, l’heure n’est pas vraiment aux calculs d’épiciers.
Tous les atouts
Avec les retours programmés de Kevin Romy puis de Noah Rod, avec la forme affichée par Robert Mayer, avec des étrangers réguliers, qui plus est soumis à une concurrence interne, avec un jeu physique retrouvé (merci Floran Douay, Damien Riat, Jeremy Wick), avec le retour programmé de Goran Bezina (ça pourrait bouger aujourd’hui, selon nos sources), Ge/Servette a tous les atouts pour ne craindre personne.
Un peu comme un champion de poker qui prendrait l’ascendant sur ses adversaires…
Paré loue la classe de Mayer
Comme un junior qui marque son premier but dans l’élite, Francis Paré gardera le puck du 1-0: «C’est toujours un moment très spécial d’inscrire un but dans une nouvelle Ligue, dit-il. Alors oui, je vais garder cette rondelle. Elle fera partie de mes très bons souvenirs. Franchement, je ne pouvais rien demander de mieux pour ce premier match. C’est comme dans un rêve.»
En signant l’ouverture du score, Francis Paré a clairement marqué les esprits. Il a surtout débloqué un match verrouillé. «C’est vrai qu’il est important, en plus, dit-il. Jusque-là, les deux équipes avaient énormément patiné pour se neutraliser.» Satisfait de sa performance, c’est surtout de son gardien qu’il voulait parler: «J’ai rarement vu un gardien de ce niveau! J’espère qu’il n’y en a pas beaucoup d’autres comme lui dans la Ligue. Sinon, ça va être compliqué de marquer.»