Le Québécois des Vernets, que Chris McSorley ne veut plus, se refait une santé à la Coupe Spengler avec le HCD de Del Curto
Au loin, il y avait le Cervin, si beau, si reposant, idéal pour chasser des idées noires. Il n’était plus qu’à quelques kilomètres de Zermatt, de ce décor de rêve, si majestueux, quand son portable s’est mis à vibrer. Alors qu’il se trouvait déjà dans le Haut-Valais pour passer des vacances de ski en famille, il n’a pas pu faire autrement que de répondre. Au bout du fil, c’était Arno Del Curto. L’entraîneur du HC Davos l’invitait à venir jouer la Coupe Spengler dans ses montagnes grisonnes…
Alexandre Picard, devenu indésirable à Genève, ne pouvait décemment pas refuser l’offre du boss du HCD, champion de Suisse en titre faut-il le rappeler. «Il a fallu que je retourne chercher mes affaires à Genève, raconte ce Québécois de 30 ans, tout heureux de pouvoir à nouveau exercer son métier. A l’hôtel, ils n’étaient pas très contents que je ne vienne pas, mais je leur ai expliqué que je ne pouvais pas rater une telle opportunité.»
Du côté du Matterhorn, on ignore, en effet, ce que représentait ce coup de téléphone providentiel, comme un cadeau du Père Noël. Que l’attaquant de Ge/Servette n’entre plus dans les plans de Chris McSorley depuis le début de la saison. Qu’il estlibre d’aller voir ailleurs si la glace estplus froide. Qu’il cherche un nouvel employeur, du boulot. Même s’il lui reste un an de contrat…
Le temps de contacter Matthew Lombardi, engagé, lui, avec le Team Canada, et il embarquait pour les Grisons avec sa femme et son petit garçon dans le gros véhicule déjà bien chargé de son compatriote et coéquipier des Grenat. Le No 81 des Genevois n’avait plus connu cette excitation «depuis un bon bout de temps», neuf mois exactement.
Prêt depuis novembre
«Je suis revenu du Canada blessé à un pouce, puis ensuite il y a eu des complications, répète-t-il. On a trouvé un kyste osseux et j’ai dû me faire réopérer. Mais depuis novembre, je suis prêt…» Pas facile de se vendre quand on est relégué dans l’arrière-boutique. «Je crois en effet que Chris veut que je m’en aille, mais ce n’est pas évident de me montrer alors que je suis sur la liste des blessés.»
Le chouchou des Aigles, qui n’avait plus goûté aux joies de la compétition depuis le 24 mars (revers de 8-0 aux Vernets en demi-finale des play-off face à Zurich), est reconnaissant que Del Curto ait pensé à lui. «Kevin Hecquefeuille s’est blessé avec Langnau et Arno m’a appelé, sourit Picard. C’est un personnage, Del Curto. C’est un passionné, vraiment une bonne personne, il est très gentil avec tout le monde. Ici, c’est un dieu, les gens l’adorent. C’est une nouvelle source de motivation pour moi.» De quoi envisager un avenir en jaune et bleu? «Je n’en ai aucune idée, je vis au jour le jour, on verra bien après le tournoi.»
C’est dans tous les cas une magnifique occasion pour lui de se mettre en valeur dans cette belle vitrine qu’est la Spengler. «Lors du premier match, j’ai beaucoup joué, dans toutes les situations de jeu, prouvant que je suisencore capable. Cela m’a mis en confiance…» Son penalty raté? Une péripétie! Les débuts, dimanche soir contre les Russes d’Ekaterinbourg (défaite 1-5), ont toutefois été difficiles physiquement pour un joueur qui attendait ça depuis neuf mois. «J’appréhendais ce moment-là et si cela s’est quand même bien passé, mon rythme cardiaque et les jambes ont souffert à partir de la deuxième période, poursuit le Servettien, qui a fini sur les rotules. On s’est incliné mais après avoir dominé le premier tiers, la rencontre aurait très bien pu tourner de notre côté avant que les Russes ne marquent trois buts d’affilée. Mais nous avons une bonne équipe, rien n’est terminé dans ce tournoi.»
La passe de trois?
Pour l’avoir remporté lors des deux dernières éditions avec Ge/Servette, Alexandre-le-bienheureux ne serait pas contre la passe de trois. C’est aussi le vœu de Tom Pyatt, Matthew Lombardi, Matt D’Agostini et Daniel Vukovic, membres du Team Canada, qu’il affrontait hier soir à la Vaillant Arena. Les retrouvera-t-il au début de janvier aux Vernets à l’entraînement? Ce n’est pas certain. «Ou alors, sourit Alex Picard, jusqu’à ce que je trouve quelque chose ailleurs.» Et s’il restait à Davos? Plus loin, il y a le Cervin…