Expulsé injustement à Davos, l’ailier français a pesé de tout son poids dans un derby lémanique de haute tenue
Le hockey, ce n’est pas que des statistiques. Ce n’est pas un ou deux joueurs qui font ou défont un match. A Davos, vendredi soir, la tentation était forte pour le béotien d’attribuer tout ou partie du succès des Aigles à Robert Mayer et Nick Spaling. Quel sacrilège dans un sport ou la notion d’équipe est placée au centre du vestiaire! Car oui, Ge/Servette est une vraie équipe, cette saison. C’est ce qui fait sa force aujourd’hui. C’est ce qui fera sa force, demain, quand les héros de septembre ne seront peut-être plus sur le devant de la scène.
Au lendemain du coup de force dans les Grisons, Ge/Servette a trouvé des ressources assez insoupçonnées pour s’offrir le derby lémanique le plus enlevé depuis le retour du LHC en LNA. On pourrait donc, là aussi, mettre au panthéon Jeremy Wick, Tim Kast, Cody Almond ou une fois encore Robert Mayer. Mais c’est un autre joueur qui est sorti du lot tant il incarne à merveille l’état d’esprit animant les Aigles depuis une dizaine de jours.
Enorme intensité
Floran Douay a été énorme d’intensité à l’aile gauche en compagnie de Jim Slater et Jeremy Wick. «C’est toute l’équipe qui a fait un gros match, analyse-t-il à chaud. Personnellement, j’avais à cœur de me rattraper après mon exclusion de la veille. Je devais bien ça à l’équipe.» Il était sans doute le Servettien le plus frais. Il a donc reçu la pleine confiance de ses coaches. «En l’absence de certains attaquants, blessés, on me donne davantage de responsabilités et je remonte dans l’alignement. C’est sûr que c’est très plaisant de jouer beaucoup. Mais au final, quel que soit mon rôle, j’essaie de me donner au maximum.»
Contre Lausanne, Douay a largement contribué à entretenir un rythme très élevé. Pendant les 40 premières minutes, il n’y a eu presqu’aucun arrêt de jeu. Le jeune attaquant n’a pas ménagé sa peine, harcelant sans cesse les défenseurs vaudois et distribuant de nombreuses mises en échec. Et si Wick et Slater ont pu se mettre en évidence, c’est aussi parce qu’avec son gabarit et sa vitesse, l’ailier français avait élagué le terrain.
Il aurait pu être perturbé par son voyage grison pas grisant, mais Floran Douay est à l’image de ce Ge/Servette qui ne doute de rien malgré les coups durs et les blessures. La capacité d’adaptation des uns et des autres force le respect. Que dire de Tim Kast, qui évolue en défense avec une vista incroyable? Que dire de Cody Almond, qui revit depuis que Chris McSorley s’est enfin laissé convaincre de le repositionner au centre? «Avec Jim Slater, Kevin Romy et Cody Almond, Ge/Servette possède sans doute l’un des meilleurs trios de centre de toute la ligue, estime justement McSorley. Ce Almond-là est un monstre. C’est notre meilleur «transfert» de la saison. Enfin remis de ses soucis à une épaule, le «Chinois» est «chaud».
Cody Almond intouchable
Un avis partagé par son coéquipier Floran Douay. «Quand il évolue à son meilleur niveau, Cody est intouchable, estime-t-il. Il domine la ligue. Et un Cody comme ça, on en veut à tous les matches.» «Un Floran Douay comme ça aussi», dit Louis Matte, emballé par l’ancien junior des Vernets. Le No 72 a sans doute livré un match référence pour aider Genève à cueillir un quatrième succès de rang en championnat. «J’ai juste une frustration, c’est de ne pas avoir marqué un but à Cristo. Mais sinon je suis très heureux d’avoir aidé l’équipe contre un très bon Lausanne.»
Floran Douay n’a pas inscrit de but, il n’a pas non plus réalisé d’assist. Mais c’est pourtant lui que ses coéquipiers ont élu homme du match dans l’intimité du vestiaire. Comme quoi, le hockey, ce n’est pas que des statistiques.
Mike Santorelli parti, Josh Jooris pourrait débarquer aux Vernets!
Quelle fin de semaine pour Ge/Servette. Sur la glace, les Aigles ont livré deux de leurs meilleures performances. Et en coulisse, les choses bougent. «Nous avons appris jeudi que Mike Santorelli allait nous quitter, explique Floran Douay. Personnellement, il ne m’a pas dit au revoir. C’est comme ça. C’est le business. Apparemment, il était blessé et ne se sentait pas très bien à Genève.»
Peu après la belle victoire dans le derby lémanique, l’attaquant français confirmait l’information révélée sur Twitter par notre excellent confrère de Yes FM Patrick Andrey. Tandis que les Aigles tournaient autour du LHC, Mike Santorelli était dans l’avion, avec son blues et ses adducteurs douloureux. «Depuis son arrivée à Genève, il a été blessé, nous confirme Chris McSorley. Il ne s’est jamais senti au mieux physiquement. C’est jeudi qu’il nous a confirmé qu’il souhaitait quitter Genève. Il n’y a plus entre les deux parties aucune obligation contractuelle.»
Le contrat de deux ans de l’ancien joueur des Vancouver Canucks est donc caduc. Rebondira-t-il ailleurs? Il faut sans doute poser la question à ses adducteurs…
Ce joueur, qui avait été chaudement recommandé par les conseillers canadiens Mike Gillis et Lorne Henning – tous deux le connaissaient de Vancouver – n’aura donc évolué que 6 matches avec Ge/Servette pour un bilan de 4 points (1 but/3 assists). Après des débuts prometteurs, le Canadien a semblé baisser le ton, laissant transparaître que tout ne tournait pas rond.
Santorelli parti, la question de son remplacement se pose. C’est du côté de New York que plusieurs sources nous indiquent de regarder. Un top joueur est pressenti. Ce devrait être Nathan Gerbe, qui avait signé à Genève avant de vouloir retenter sa chance aux Rangers. Son contrat, hors NHL, est valable avec Genève. Mais une autre surprise pourrait éclairer la saison des supporters. Il se murmure qu’un certain Josh Jooris rimerait avec licence suisse. Le fils de Mark Jooris, ancien joueur magnifique de Ge/Servette lors de la saison 1997-1998 – 40 matches, 83 points (23 buts/60 assists), mais aussi de Sierre dix ans plus tôt – a fait ses débuts en Suisse, dans les pas de son père. Selon des sources concordantes, il se serait déjà engagé pour la saison prochaine. Mais il ne serait pas exclu qu’au cas où New York décidait de ne pas le conserver dans son effectif à l’issue du camp de présaison, il rejoigne les Aigles cet automne déjà. Jooris, 26 ans, a disputé 119 matches de NHL (27 points) après une belle carrière universitaire.
La venue à Genève de ce natif de Burlington serait une nouvelle fois un joli coup à mettre au crédit du staff technique des Vernets. Eplucher les livres d’histoire des clubs suisses peut réserver de belles surprises. Josh Jooris, qui y aurait pensé?