7 mars 2017

Coup de bluff ou pas, le coach ontarien assure qu’il ne veut pas changer son équipe avant ce deuxième match contre Zoug

 

Même si Jim Slater reste sur trois défaites d’affilée avec Ge/Servette et qu’il n’a remporté «que» 42% de ses engagements samedi à Zoug, le capitaine américain garde la confiance de Chris McSorley. «Pourquoi est-ce que je changerais?» s’interroge le coach qui n’est pas décidé à lancer Francis Paré dans le deuxième acte ce mardi soir aux Vernets. «Si nous nous étions fait danser dessus par les Zougois, évidemment que je devrais modifier mon alignement, reconnaît le chef. Mais ça n’a pas été le cas…» Le Canadien, qui a gagné sept des huit rencontres qu’il a disputées avec les Grenat, doit donc prendre encore son mal en patience. Mais pourquoi ne lance-t-il pas son sniper, auteur de trois buts en power play quand il était aligné? Est-il blessé? «Non», répond McSorley.

 

«Francis va jouer durant ces séries, assure-t-il. Maintenant, la question est quand? Je ne le sais pas mais il doit se tenir prêt.» Alors que Paré a les patins en feu, deux experts donnent leur avis sur cette situation.

 

 Gil Montandon : «Le coach n’est pas obligé de se justifier»

 

«Quand un coach opère un choix comme celui-ci, cela paraît toujours un peu farfelu depuis l’extérieur. Mais en principe, quand un entraîneur prend une telle décision, derrière il y a forcément une réflexion que l’on ne connaît pas. C’est lui le chef qui voit son équipe tous les jours, il la connaît, l’ajuste, la peaufine. Si Chris McSorley préfère Slater à Paré, c’est qu’à ses yeux il a un argument qui nous échappe.

 

»Dans ce cas-là, je ne pense pas qu’il juge uniquement la valeur des joueurs. Parce que Francis Paré sur ses derniers matches, il était bien dedans, bien présent, contrairement à Jim Slater, qui effectue une saison en demi-teinte. Peut-être qu’il égalise la force de ses triplettes, qu’il a besoin d’un joueur plus défensif, d’un caractère différent. Peut-être aussi qu’à domicile, Chris veut jouer ligne contre ligne ou alors il souhaite mettre un impact plus physique avec Slater contre Martschini.

 

»Maintenant, le coach n’est pas obligé, non plus, de justifier ses choix. Mais c’est le match qui dira si sa décision était judicieuse ou pas. Si Ge/Servette perd d’un goal ce mardi à la maison, beaucoup vont lui reprocher de n’avoir pas choisi Francis Paré. Peut-être que lui, il aurait marqué. Ou pas, vous savez, le hockey n’est pas une science exacte.

 

» Je ne sais pas si son choix est tactique ou non, mais il est évident qu’une série ne se gagne pas sur une rencontre, elle se prépare minutieusement. Ce qui s’est passé à Zoug n’est franchement pas dramatique. J’ai dit à Romain Loeffel, que j’ai croisé dimanche à Fribourg, qu’il ne fallait pas s’inquiéter, mais il ne faudra juste pas louper le suivant à la maison.

 

»En play-off, que ce soit en quart, en demie ou en finale, à chaque partie il va y avoir quelque chose d’extraordinaire. A un moment donné, tu vas prendre un goal à la dernière seconde. Encaisser un but à sept secondes de la fin et un deuxième en prolongation, cela s’est passé une fois, ça se passera peut-être une deuxième fois ou pas, c’est ça la magie des séries. Quand tu marches sur la glace, tu sais que tu peux te casser la figure, cela fait partie du jeu.»

 

Nicolas Studer :  «Chris voit des choses à l’entraînement»

 

«C’est vrai que si l’on ne se base que sur les statistiques, il n’y a pas photo: Francis Paré aurait dû jouer à la place de Jim Slater lors de l’acte I. Néanmoins, Chris McSorley est le mieux placé pour prendre cette décision. Il a dû voir des choses à l’entraînement et dans le vestiaire. Il connaît très bien ses joueurs et sait lequel des deux est le plus apte à évoluer contre cette équipe de Zoug. Est-ce que Paré est plus utile que Slater face à des Zougois qui jouent très physique et qui laissent peu d’espace? Pas sûr.

 

»Peut-être que Chris garde au frais le Canadien en vue du 3e acte, afin de faire souffler l’Américain. Ce n’est pas impossible. Normalement, quand on perd un premier match de play-off, il est vrai que l’on a tendance à procéder à des changements. D’autant plus avec la profondeur de banc que possède Ge/Servette cette saison. Chris a un problème de riche comparativement aux derniers exercices. Maintenant, c’est bien joli d’avoir du beau monde en tribunes, mais si c’est pour ne pas les faire jouer régulièrement… Sur le principe, je peux toutefois comprendre la décision du coach étant donné qu’à Zoug les Aigles méritaient de gagner. Ce mardi soir au coup d’envoi, le score aurait dû afficher 0-1 et pas 1-0. Si ça avait été le cas, personne n’aurait remis le choix des étrangers en cause et crié au scandale. Car l’équipe qui a été alignée samedi n’a pas mal joué, elle s’est même plutôt très bien débrouillée.

 

»La seule chose qui ne s’est pas bien passée à mon sens lors de cette rencontre, c’est le power play, qui a été insignifiant dans le camp grenat. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu une seule belle possibilité de marquer de la part des Grenat lors de leurs cinq supériorités numériques à 5 contre 4. Et ça, c’est problématique. A l’inverse, Zoug a réussi à marquer à 6 contre 4 à sept secondes de la fin du match avant de l’emporter à 5 contre 4 en prolongation. D’ailleurs, sur le but de la victoire, Genève joue très mal le coup avec ses quatre joueurs qui se font absorber par le puck pour se faire battre sur une bête passe…»

 

«Mentalement, ça a été dur»

 

Samedi soir, le ciel est tombé sur la tête de Tim Traber. Dans un premier temps stupéfait, l’attaquant servettien s’est pris le visage entre les mains avant de lever les yeux au ciel et de murmurer dans le plus grand désespoir: «Pourquoi?» La colère des dieux est venue s’abattre sur le malheureux – et terriblement maladroit sur le coup – No 21, qui a vendangé le puck de la victoire sous le regard médusé d’un Tobias Stephan battu, genoux à terre.

 

Hélas, depuis deux jours, le Canado-Suisse se repasse en boucle cette douloureuse scène qui l’a vu envoyer la rondelle sur la barre transversale du portier zougois. La suite, on la connaît. «Je dois avouer que le voyage retour n’a pas été une partie de plaisir, soupire-t-il. Mentalement, c’était dur et j’essayais de ne pas trop y penser. Sauf que l’ambiance dans le car était tellement calme que je ne pouvais que ressasser cette occasion manquée… Heureusement, une fois arrivé à la maison, j’ai pu trouver le sommeil et mettre toute cette sale histoire derrière moi.» Lundi matin aux Vernets, après deux bonnes nuits passées sans faire de cauchemar, Tim Traber était à nouveau d’attaque. Il attend désormais Zoug plus déterminé que jamais: «Nous allons gagner mardi aux Vernets, cela ne fait aucun doute. Et croyez-moi, je ne manquerai pas deux fois pareille occasion. La prochaine fois, je marque!»

 

Crosse de bois, crosse de fer…

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette reçoit Zoug, ce mardi soir aux Vernets (20 h 15). Devant leur public, les Aigles auront à cœur de remettre les pendules à l’heure lors de cet acte II.

 

L’effectif Tim Kast, touché au genou, ne rejouera plus cette saison. Floran Douay (pied) devrait, lui, effectuer son retour ce soir, au détriment d’Auguste Impose. Comme à Zoug, les surnuméraires seront Francis Paré, Travis Ehrhardt, Eliot Antonietti et Nicolas Leonelli, parole du coach.

 

Le mot de Chris McSorley «J’ai fait appel à une sorcière pour que la chance tourne en notre faveur. Pour l’instant, j’ai été mis en attente. Concernant le raté de Traber, c’est malheureux. Tim donne 100% de lui-même tout le temps. Avec son gros cœur, personne au monde ne voulait plus que lui que le puck termine sa course au fond de la cage. Je n’ai rien à lui reprocher. Tout ce que je peux faire, c’est lui transmettre le numéro de téléphone de la sorcière (rires)