Les Genevois ont bien joué, beaucoup tiré, mais une fois de plus buté dans le dernier geste. Ils n’ont toujours pas remporté un derby!
Comme l’a dit un jour Einstein: «La plus belle chose que nous puissions éprouver c’est le mystère des choses…» Il y a parfois des détails et finalement des matches qui vous échappent sur un coup du sort, sur un tir manqué, un contre mal négocié. Le hockey est ainsi fait qu’il peut devenir, tout à coup, complètement débridé, totalement f (l) ou, comme un derby…
Cela devait être son grand retour, celui si attendu par ses fans, qui étaient prêts à lui réserver une belle ovation. Mais ce match-là, «son» derby, celui qui l’a toujours fait vibrer dans sa carrière, Chris Rivera ne l’a pas joué. Il était chez lui, en famille, dans la campagne fribourgeoise. Absent déjà le matin à Saint-Léonard, il était officiellement malade. Peut-être que l’ancien Genevois a eu, tout à coup, des troubles de la vue en relisant attentivement son contrat…
C’était en effet écrit en tout petit, dans un des alinéas, au bas de la feuille, qu’il serait privé de dessert. Le directeur sportif, Christian Dubé, qui assurait lui aussi la veille que «bien sûr» son attaquant jouerait, connaissait lui aussi cette clause. Il avait signé ledit contrat avec Chris McSorley. Il y avait un arrangement qui empêchait Fribourg Gottéron d’aligner à Genève son joueur transféré le 15 septembre sous peine d’une contrepartie financière. Jean-Jacques Rousseau aurait alors pu ajouter: «L’homme est bon par nature, c’est la société qui le corrompt.» Voilà pour le premier coup de froid de la soirée, au final une péripétie.
Les Vernets en émoi
Alors que les arbitres Massy et Mollard y sont allés de leur show, il y a eu d’autres frayeurs avec notamment cette charge appuyée de Daniel Rubin (5e) qui a mis toute la patinoire en émoi. Le pauvre Jeremy Kamerzin, lui aussi ancien Servettien, s’est retrouvé au sol, longtemps inconscient. Le coup dans le dos du No 40 de McSorley était inutile. «J’ai fini mon check comme je le fais habituellement, mais il est malencontreusement mal tombé sur le dos», regrettait le Bernois. Le défenseur des Dragons – évacué sur une civière sous un tonnerre d’applaudissement – souffre d’une commotion cérébrale.
Cette mise en échec a toutefois donné encore plus de hargne au visiteur, qui a joué en patron, pour glacer un peu plus l’atmosphère. C’est Killian Mottet, camarade de Rivera dans le vestiaire de Fribourg, qui a mis ses coéquipiers sur les bons rails. Gerd Zenhäusern avait prévenu sa troupe qu’elle devait être prête mentalement à prendre des coups, à accepter le combat, qui fut âpre et disputé.
Pas de miracle
Avec la confiance qui accompagne les équipes qui gagnent, Gardner et ses potes ont logiquement doublé la mise avant de gérer parfaitement la partie. Si Daniel Rubin, Timothy Kast et Noah Rod ont rallumé la flamme de l’espoir, dont les deux dernières réussites en power play, le miracle du 22 novembre 2013 ne s’est pas reproduit. Ce soir-là, les Genevois avaient gommé un retard de trois buts pour remporter la rencontre (5-3). «On a assez bien joué durant cette période, mais contre une formation en telle confiance, chaque erreur se paie cash, pestait Daniel Rubin. On a tenté de nombreux tirs sur Benjamin Conz, mais nous n’étions pas suffisamment présents au rebond.»
Dans un rush final décoiffant et époustouflant, les Aigles auraient mérité en effet un meilleur sort. Dans une rencontre animée et de belle cuvée, on a même vu Eliot Antonietti passer à l’abordage, Johan Fransson et Romain Loeffel bombarder le portier des Fribourgeois. Mais le cœur a ses raisons que la raison ignore. Et comme au match aller, à Saint-Léonard, c’est Fribourg Gottéron qui s’est imposé. Pour Chris Rivera et Jérémy Kamerzin. A trois jours de leur déplacement à Malley, les Grenat qui ont aussi été battus par les Vaudois à domicile, n’ont toujours pas gagné un derby cette saison. A croire qu’il existe une clause on ne sait où qui empêche les hommes de McSorley de s’imposer contre leurs voisins romands…
Les supporters tardent à entrer dans leur saison (Thierry Mertenat)
Du hockey de mouvement, offensif et spectaculaire. L’amateur de beau jeu apprécie, en oubliant presque d’être chauvin. La glace des Vernets est plus animée que ses gradins. Le public tarde un peu à entrer dans sa saison. Il prend ses marques et se montre très fair-play, applaudissant chaleureusement le joueur adverse, quand celui-ci se blesse et doit quitter ses coéquipiers sur une civière.
Bref, un premier derby attendu sans l’ambiance qui, habituellement, l’accompagne. Les Fribourgeois ne sont venus qu’avec un seul car de supporters. Les deux tribunes qui se font face ne cherchent pas la confrontation. Chacun soutient son camp, en se désintéressant de l’autre. Entre les deux, un nouvel écran à quatre faces dominant l’enceinte. Ce cube géant atteint la perfection visuelle. Il est très regardé. A l’oreille, en revanche, la patinoire des Vernets reste une punition auditive. La voix du speaker disparaît plus que jamais dans cette acoustique intraitable. Il faudrait distribuer des oreillettes aux spectateurs.