22 octobre 2016

Face à Ambri, il a fallu deux buts du jeune attaquant genevois pour offrir la victoire à des Servettiens encore bien fébriles

 

Notre voisin de gauche a tapoté des deux mains sur la table, au rythme d’un match un peu fou, jusqu’au bout. Tout d’abord furieux, il a gesticulé, hurlé, ses hommes et les arbitres. C’est un Tessinois, un latin, il vit son match intensément. Puis, il est devenu plus euphorique avant de… rester longtemps prostré, une fois le verdict tombé. L’œil rivé sur son téléphone portable, à la page 302 du Télétexte: Ambri était toujours dernier. Et Ge/Servette soulagé. «Mais on a bien joué. Hans Kossmann fait du bon travail, les gars aussi. Le cœur bat toujours. Je suis sûr que ça va tourner…» Directeur sportif d’Ambri-Piotta, Ivano Zanatta est passé, comme les 5855 spectateurs (seulement) par tous les états d’âme. Son équipe, menée 3-0 au début du deuxième tiers, était mûre pour la camisole, pour prendre une grosse correction, avant d’égaliser, de tutoyer son adversaire et montrer, comme lui, qu’elle possédait toujours un gros cœur de vainqueur.

 

Se faire peur

 

En face, à dix jours de Halloween, l’Aigle a surtout réussi à se faire très peur. Il est vrai qu’après cinq revers consécutifs, dont un mardi face au dernier de classe, les «Grenat» avaient la confiance en traitillé et les cannes qui tremblaient toujours autant.

 

Pour amener plus d’offensive, Chris McSorley avait retiré son défenseur Travis Ehrhard du jeu, pour laisser la place à Nathan Gerbe, le nouvel arrivé, qualifié dans la journée. Partir à fond, mettre de la vitesse et marquer. L’attaque à outrance, pour faire rapidement la différence, c’était le but. Après 28 minutes, l’Ontarien avait tout juste.

 

Mais comme ce fut souvent le cas cette saison aux Vernets, les hommes de McSorley ont levé le pied à 3-0, incapables de gérer un avantage qui aurait dû être rédhibitoire. Il y en a qui aime chercher l’ombre quand il y a trop de soleil, qui fuie la lumière. Ou quand la réalité dépasse l’affliction…

 

S’ils ont finalement sauvé la face, ils doivent ce succès si précieux à un des «gamins» qui avaient de l’énergie à revendre. A Auguste Impose (19 ans), débarqué d’Ajoie où il est prêté, avec le sourire. Le joueur de couleur a amené sa fougue sur le 2-0 signé Jeremy Wick. Puis à Noah Rod (20 ans), qui avait chaussé des patins en feu après presque un mois d’inactivité suite à sa blessure à Lugano. «C’était le genre de rencontre qu’il nous fallait pour nous relancer, jubilait le No 96 après la partie. Même si on n’a pas eu beaucoup de rebonds favorables, cette victoire va nous redonner confiance.»

 

Eviter les erreurs stupides

 

Mais avant de retrouver les sommets, les Aigles vont devoir une fois de plus éviter les stupides pénalités qui auraient pu coûter bien plus cher contre une équipe plus efficace que les Léventins en supériorité numérique. Et ces nombreuses erreurs défensives qui rendent fébriles un Robert Mayer de retour de blessure et pas tout blanc sur le 3-2 réussi par Pesonen.

 

«Ce samedi à Kloten, on va affronter un adversaire qui n’est jamais facile à déjouer, rappelle Noah Rod. Mais si on joue simple et fort pendant soixante minutes, que l’équipe arrive tenir le système, Ge/Servette est capable de ramener les trois points.» S’il a de nouveau les patins en feu, tout est possible…

 

Gerbe: «Je ne peux pas être satisfait!»

 

Il y a ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent! Nouvel arrivé, Nathan Gerbe (165 cm pour 81 kg), qui a reçu le feu vert de Berne hier après-midi, fait partie de la première catégorie. Patins aux pieds, il va aussi vite qu’Usain Bolt! Mais si sa taille est disproportionnée par rapport à son talent, l’homme aux 403 matches de NHL, qui n’a pas été retenu par les New York Rangers, doit encore trouver ses marques sur une patinoire plus grande et avec ses nouveaux coéquipiers. «C’est très différent de ce que j’ai connu par le passé en Amérique du Nord, remarque le nouvel attaquant de poche des Grenat. Je ne peux pas être satisfait de ma performance aujourd’hui, mais je dois encore apprendre le système de jeu.» Un peu perdu sur la glace, il a en revanche beaucoup travaillé. L’Américain n’est pas venu en Suisse à reculons. «Je ne connais pas encore bien nos adversaires en Suisse, mais je suis prêt à relever ce défi. Si j’ai choisi de venir ici à Genève, c’est parce que le langage de Chris McSorley et des dirigeants m’ont convaincu.» Le coach des Vernets, qui voulait recruter Nathan Gerbe depuis quelques mois, était dans tous les cas ravi de sa première avec le tricot grenat. «Tout le monde l’a vu, Nathan est un très bon joueur, mais il a juste besoin encore d’un peu de temps pour retrouver le rythme et assimiler notre système de jeu. Une fois en confiance dans notre manière d’évoluer, il va faire la différence.» Selon McSorley, sa nouvelle petite merveille a encore besoin de «deux à trois semaines» pour être au top.

 

En attendant, Ge/Servette se rend ce soir à Kloten. Timothy Kast (pommette) et Juraj Simek (nez cassé), qui se sont télescopés à la 38e minute, ne sont pas certain d'être du voyage. Si Travis Ehrhardt devait être de retour dans la défense des Aigles, quel étranger va-t-il en faire les frais? McSorley devra trancher entre Slater et Spalling, pas trop en vue hier soir.