7 décembre 2015

Usés, floués par un arbitrage douteux, les Aigles ont craqué sur la fin à Ambri. Mais ils avancent dans la bonne direction

 

Combien de temps sa colère a-t-elle duré? On a imaginé que les joueurs avaient eu droit à un discours à ne pas mettre dans les oreilles innocentes. Rien de tout cela, en fait. Chris McSorley avait réservé ses plus beau vers au duo d’arbitres qui s’est malheureusement illustré au plus mauvais moment. Une fois le coup de sifflet final donné, Chris McSorley était désolé pour ses joueurs. «Aujourd’hui, ils ont fait l'effort pour que l’on reparte avec des points. Et tout a été réduit à néant avec ce but refusé à Loeffel. Une décision incompréhensible.»

 

Les SMS des coaches

 

Au chaud dans le car, mais avec des émotions à froid, le coach des Aigles ne changeait pas son discours. «J’ai vu et revu les images, comment est-il possible de ne pas valider ce quatrième goal? Je viens de recevoir les SMS de quatre coaches de LNA qui me disent qu’il y a but à 100%.» Alors, où se situe la vérité? Dans la faiblesse de caractère de Daniel Stricker et Marc Wiegand qui ont joué petit bras. Dans le feu de l’action, ils ont immédiatement annulé le but, arguant que Jim Slater traînait dans la zone de Sandro Zurkichen. Pour rappel: la règle stipule que la décision première peut être changée si les directeurs de jeu trouvent dans les images de quoi réviser leur jugement.

 

Ce que les téléspectateurs ont vu. Ce que les coaches ont vu. Marc Wiegand et Daniel Stricker n’ont pas osé le voir. Les nerfs genevois ont d’autant plus été mis à vif que samedi soir aux Vernets, la décision inverse a été prise par les arbitres. Dans un premier temps Didier Massy et Marco Prügger ont accordé un but à Goran Bezina avant «de me le voler», dira le capitaine des Aigles. La raison de ce retournement de veste? La présence dans la zone du gardien de Matt D’Agostini. Le hic, c’est que c’est le défenseur Marc-André Bergeron qui a attiré avec lui le Top scorer dans cette fameuse zone. Le but aurait logiquement pu être accordé.

 

En moins de vingt-quatre heures, il n’y a pas que les arbitres qui peinent à enchaîner les matches. La Ligue nationale ne parvient pas à sortir de l’ornière. Elle a mal à ses arbitres qui alternent le médiocre et le pire. Comment peut-on siffler blanc un soir, et siffler noir le lendemain? Noir et blanc. C’est sans doute pour cela que les arbitres se déguisent en zèbres pour animer le hockey circus…

 

Avant cette triste de fin de match, Ge/Servette avait pourtant maîtrisé son sujet à la perfection. Imprimant sa patte physique, il a démontré d’emblée qu’il ne baisserait pas les yeux. Provoqué à plusieurs reprises, Matt D’Agostini a répondu lorsque Fora a jeté les gants. Pour un joueur nord-américain, il est impensable de faire autrement. Même privés de leur top scorer, les Aigles ont pris le large juste avant la deuxième sirène (3-1).

 

Gerber: «Pas d’excuses»

 

La suite? Une entame de troisième période indigne. «Nous n’avons pas d’excuse physique ou mentale à faire valoir, admet Roland Gerber, auteur de son premier but de la saison sur le 1-0. Ensuite, on les remet dans le match en moins d’une minute et c’est inadmissible. Il faudra voir la vidéo pour comprendre. La suite? Je ne veux rien dire. Pour moi, c’est quand on mène de deux buts qu’on ne doit pas perdre le match. Ça fait ch…, c’est tout.» Romain Loeffel ne dira pas le contraire entre le vestiaire et le car. «Il y a des décisions d’arbitres et on ne peut rien y changer. Il faut vivre avec.» Genève s’en remettra. Malgré un week-end comptable frustrant, il s’installe durablement dans la catégorie des gros bras du championnat.

 

Le calendrier, un adversaire compliqué à gérer

 

Ge/Servette a envoyé un message clair: il faudra compter sur lui pour accrocher l’une des quatre premières places du classement. Malgré, les blessures et malgré un calendrier qui a tout d’une hérésie. Samedi soir, la fête n’a pas duré longtemps. La victoire, propre, contre Zurich a très vite été rangée au rayon des bons souvenirs. Il faudra juste se souvenir de cette performance de haut vol quand les temps seront peut-être plus durs. «Ça tourne vraiment très bien, témoigne Eliot Antonietti (blessé à un poignet), qui a assisté au spectacle et au doublé de Tom Pyatt depuis les tribunes en compagnie de sa sœur jumelle et de sa maman. On joue vraiment de façon très compacte. Et j’ai aussi le sentiment qu’on a ce petit brin de chance, de réussite, qui nous avait fait défaut en début de saison.»

 

Une bière dans la cohue des vestiaires et puis c’est à peu près tout. «Le programme est assez simple, dit Goran Bezina, encore auteur d’une prestation haut de gamme. Un shake de protéines, une douche, un repas au pub et retour à la maison pour une très courte nuit. Après une rencontre d’une telle intensité, il est très difficile de faire retomber l’adrénaline. Je prendrai donc une pilule pour m’aider à dormir!» Il faudrait sans doute remercier Willy Vögtlin, le préposé de la Ligue nationale en charge du calendrier. «Depuis le temps, on a presque l’habitude, mais ce n’est pas un hasard si on nous colle des longs déplacements le lendemain d’un match à domicile. Et pire, le dimanche.» De par sa situation géographique excentrée, Ge/Servette souffre plus que les autres de ces trajets à répétition.

 

On peut noter trois rencontres scandaleusement agendées dans un total irrespect des sportifs, premières victimes de ces doubles journées. Il y avait donc ce match à Ambri, au lendemain de la victoire contre Zurich. Samedi prochain, les Aigles iront à Lugano après avoir reçu Zoug (vendredi soir). Clou de l’absurdité: le voyage prévu le dimanche 17 janvier à Davos après avoir affronté Langnau la veille.

 

Ces doubles journées ne sont pas sans conséquences. Il faut chambouler la routine. Le petit-déjeuner se prend lorsque les poules dorment encore. Le déjeuner est servi à 10 h 30 dans le restaurant du Grauholz, près de Berne. Poulet et spaghettis au menu: on a connu plus appétissant à l’heure où certains préparent leur brunch du dimanche. «Les joueurs préfèrent jouer le soir, témoigne Louis Matte. Le corps n’est pas habitué à être sollicité à ce moment-là.» Les Aigles ont donc fini par plier à la Valascia. Physiquement, un peu, mentalement, surtout. A cause de la ligue, beaucoup.