19 septembre 2016

L’attaquant a joué les pompiers de service en défense contre Kloten. Dans une soirée presque parfaite…

 

Tim Kast est un joueur atypique. Avec du talent plein les bras et la tête, il a pourtant mis du temps avant de s’imposer clairement en LNA. Il lui a parfois manqué quelques kilos, dit-on. Il lui a aussi manqué cet entraîneur qui déciderait de lui faire confiance. C’est finalement à La Chaux-de-Fonds en LNB qu’il a fini par éclater sous la houlette de Gary Sheehan. Au point de convaincre le patron de son club formateur, Chris McSorley, de lui donner une seconde chance en 2014.

 

Depuis son retour aux Vernets, Tim Kast a rarement déçu. Pourtant, le «patron», comme il l’appelle avec un humour souvent teinté d’une pointe d’ironie, n’hésite pas à l’utiliser à toutes les sauces au gré des aventures et mésaventures de ses coéquipiers. Un soir il joue dans une ligne défensive. Un autre soir, il sera au centre de la première ligne avec deux étrangers à ses côtés. Parfois, il ne jouera que les supériorités numériques où son sens du jeu est indispensable depuis deux saisons.

 

Il avale les couleuvres

 

Tim Kast est un garçon intelligent. Il pourrait s’offusquer, refuser de s’alimenter en couleuvres. Mais ce n’est pas le genre de la maison non plus. C’est un cérébral, comme on dit. Il rumine. Mais une fois sur la glace, il n’a plus d’états d’âme et donne tout pour l’équipe. A 28 ans, son cuir est épais.

 

Samedi soir, il a vécu une grande première en jouant en défense. Il restait pourtant sur deux matches offensifs de tout premier plan au centre d’une ligne complétée par Damien Riat et Kay Schweri. «Ça ne m’était encore jamais arrivé, sourit-il. Je crois que je ne m’en suis pas trop mal sorti, non? A part un ou deux pucks où j’ai manqué d’automatismes et où je me suis fait prendre dans le dos, j’ai été plutôt sobre. A Genève, le boulot des défenseurs est assez simple. On patine assez peu finalement quand on est derrière (ndlr: il se marre)!»

 

Antonietti opéré

 

Confronté au forfait d’Eliot Antonietti, touché à un genou (vendredi soir à Ambri) et opéré aujourd’hui à la clinique de la Colline, Chris McSorley a pesé le pour, le contre. Il a laissé Romain Chuard, le défenseur, en tribune, et il a choisi Tim Kast, l’attaquant, pour remplacer le colosse des Vernets. Une pige qui pourrait durer quelques matches. Tout d’abord parce qu’il a pleinement convaincu ses coaches. «Parfois, dans le malheur, on fait des choix un peu fous qui peuvent s’avérer être des coups de génie, dira Chris McSorley. Ça a été le cas cette fois.» Mais c’est surtout en raison de la longue (très longue) absence d’Eliot Antonietti que Tim Kast devrait continuer à jouer les pompiers de service.

 

Le colosse en a pour un moment. Il sera opéré aujourd’hui à la clinique. Le ménisque et des ligaments ont été touchés. Une blessure assez similaire à celle qu’avait subie Romain Loeffel en février 2014. Le club annonce une absence de deux mois minimum. Mais ce sera sans doute plus long. «En attendant le retour de «Jo» Mercier (dans une dizaine de jours), je suis prêt à rendre encore service, dit Tim Kast. C’est vrai que ça tournait bien pour moi dans une ligne qui était en feu. Mais avec le retour de Kevin Romy, ça ira aussi très bien.»

 

Observateur attentif du jeu des Aigles depuis ses bases arrière, le néo-défenseur a pu mesurer les progrès. «Franchement quand ça tournait au début de match, c’était impressionnant. J’avais des fourmis dans les jambes et des envies de me joindre à l’offensive…» La soirée aurait pu être belle, presque parfaite, sans cette égalisation impardonnable concédée. Sur le coup, Mike Santorelli a mauvaise mine, bien plus que la défense. «Mais on fait tous des erreurs», conclut Tim Kast, joueur atypique, coéquipier modèle.

 

 

Malgré le couac, les Aigles sont d’attaque

 

C’est un scénario qui se répète. Il lasse l’exigeant public genevois. Mardi dernier déjà, contre Langnau, les Aigles avaient galvaudé un avantage de deux buts de fin de match. Même chose samedi soir. A une différence près: la manière.

 

Autant contre les Bernois, les Aigles avaient semblé patauds et maladroits. Autant contre Kloten, ils ont confirmé leur montée en puissance. Une progression évidente déjà aperçue la veille à Ambri (victoire 4-1). «Cela commence à bien tourner, confirme Damien Riat, double buteur ce week-end. On voit que quand on joue notre jeu, avec un pressing très haut dans la zone de l’adversaire, on se crée un maximum d’occasions.»

 

Face à une équipe zurichoise très en jambe en ce début de saison, les Aigles ont joué le match parfait pendant 55 minutes. Après 20 secondes de jeu, Jim Slater, en très net regain de forme lui aussi, inscrivait déjà le 1-0 sur un service en or de Noah Rod, excellent samedi soir. «Lors de la première période, on devait en mettre encore au moins deux», souligne Damien Riat, qui se chargera de doubler la mise en infériorité numérique. Une action intelligente menée avec le concours de Johan Fransson.

 

Kloten a eu le mérite de courber le dos avant de pouvoir bomber le torse. Tout d’abord par Denis «Pinocchio» Hollenstein (2-1). L’ancien Servettien a hérité de ce surnom lorsqu’il avait affirmé qu’il ne quitterait pas les Vernets après une seule saison au bout du lac. En réalité, il avait déjà programmé son retour dans son club formateur. Une équipe au sein de laquelle il joue ce rôle de locomotive qu’il n’avait jamais vraiment été capable de tenir à Genève. Sacré joueur, ce Denis Hollenstein, quand il ne s’encouble pas dans son nez…

 

Après avoir signé un improbable retour en moins de trente secondes (Praplan et Schlagenhauf), les visiteurs ont enfoncé le clou lors de la séance de tirs au but. «Ces deux points de perdus font mal, dit Damien Riat. Mais on peut quitter les Vernets la tête haute.»

 

Malgré le couac, les Aigles ont démontré qu’ils étaient d’attaque.