4 mars 2015

Les Genevois, solides et solidaires, battent une deuxième fois Lugano. Gauthier Descloux remercie tous ses coéquipiers

 

«Il faudrait un miracle pour qu’on s’impose ce soir…» Comme à son habitude, Chris McSorley a joint ses mains, allumé un cierge dans son bureau et levé la tête vers le ciel quelques minutes avant qu’on ne lâche les fauves dans l’arène, sceptique quant à l’issue de ce deuxième acte aux Vernets. Mais peut-être bien que Dieu est Servettien. Car si les Luganais avaient rejoint Genève par les airs avec plein d’espoirs d’égaliser, ce sont les Aigles qui ont poursuivi leur magnifique envol dans cette série. Ils mènent désormais 2-0 au meilleur des sept matches.

 

Après la suspension de son goalie, deux nouvelles tuiles sont tombées sur Ge/Servette. C’était hier au tour de Lombardi, touché, selon McSorley, dans le haut du corps à la Resega, de déclarer forfait. Mais c’est aussi et surtout Jeremy Wick, auteur d’une vilaine charge à la tête de Julian Walker, qui a été renvoyé aux vestiaires. Alors que Mayer sera de retour jeudi, le Canado-Suisse risque à son tour une grosse punition du juge unique.

 

Alors que dans les play-off tous les coups sont permis ou presque, il avait toutefois fallu attendre la 58e minute, lors du premier acte, pour que cela explose, pour que Brett McLean, probablement téléguidé par son entraîneur, n’aille provoquer et sortir du jeu Robert Mayer. L’anti-jeu fait, dit-on, partie du… jeu. Et le portier No 1 des Vernets a craqué par manque d’expérience. Mais il y a eu finalement une justice.

 

Car il en fallait beaucoup plus pour couper les ailes de l’aigle hier soir. Avec un Alex Picard déchaîné comme à chaque fois dans les séries, il a su obtenir les bonnes pénalités, dont la dernière, décisive, qui a permis à Daniel Rubin de marquer le but victorieux, dans cet exercice du power-play qui fait la différence dans ce quart de finale. Ge/Servette, qui avait égalisé par Arnaud Jacquemet (il n’avait plus marqué depuis le 23 décembre!), a souvent été dominé, mais avec une grosse solidarité et un public formidable, il a réussi à retourner une situation qui semblait désespérée après l’ouverture de la marque de McLean, encore lui. Et il y avait ce môme, un ange gardien, qui veillait aux Vernets…

 

La tête qui tourne et la boule au ventre. Peut-être bien que ses jambes ont tremblé avant d’entrer dans la fosse. Mais une fois dans sa cage, on a vite été fixé avec Descloux. Devant son filet, Gauthier a d’emblée sorti l’artillerie lourde. Un premier arrêt devant l’ineffable McLean (4e) puis deux autres encore plus époustouflants à la 37e seul devant Pettersson et en plongeant devant Filppula (49e). Ces trois gros arrêts lui ont donné des ailes et mis en confiance. Lancé dans un bain bouillant, le garçon de 18 ans n’a pas été impressionné pour un sou devant l’armada offensive des Luganais. Dans un combat plus musclé que samedi au Tessin, le junior, qui a pris du galon avec Red Ice Martigny cet hiver, a prouvé qu’il avait les épaules solides et des nerfs d’acier pour assumer son rôle alors que ses coéquipiers devant lui avaient serré les boulons. «Je dois être honnête, toute l’équipe a joué pour moi et je tiens à remercier chaleureusement tous mes coéquipiers. Sans eux, je n’aurais pas réussi une telle performance…» Un miracle!

 

Le soutien des fans grenat à Bezina (par Benjamin Berger)

 

Il faut sauver le capitaine Bezina! Hier soir aux Vernets, les 6929 spectateurs de la rencontre opposant Genève-Servette à Lugano, pour ce qui était le deuxième acte des quarts de finale des play-off, se sont mobilisés afin que le leader des Aigles soit toujours un élément de l’armada du général McSorley la saison prochaine. Arborant des affiches évocatrices sur lesquelles on pouvait y voir apparaître le No 57, le matricule depuis maintenant onze campagnes du soldat valaisan de 35 ans, les supporters des Aigles ont affiché tout leur soutien à «Capitaine Goran». Acclamé lors de son entrée sur la glace tout comme à la fin du match, le défenseur a reçu un vibrant hommage de «son» public. Il faut dire qu’après le départ de Stephan du côté de Zoug à la fin du précédent exercice, les fans genevois se refusent en effet de rendre les armes et voir un nouvel homme fort du bunker des bords de l’Arve s’en aller rejoindre – c’est la rumeur – l’ennemi fribourgeois.

 

Reste qu’hier soir, la troupe de Chris McSorley a remporté une nouvelle bataille, mais pas la guerre, qui se joue au meilleur des sept combats face à un HC Lugano désormais acculé dans ses tranchées. Envoyé au front par le boss des Vernets en début de saison avant de retrouver son poste de prédilection suite aux sept matches de suspension dont avait écopé Romain Loeffel (ndlr: pour avoir bousculé un juge de ligne lors d’une défaite face au LHC à Malley) , Goran Bezina disputait hier sa 580e partie avec le treillis grenat.

 

«Je tiens simplement à remercier les fans. Ce qu’ils font pour moi me fait chaud au cœur. J’aimerais vraiment qu’ils comprennent que, si je pars, ce n’est pas de mon plein gré. Moi, j’ai envie de finir ma carrière ici, à Genève. Maintenant, ça ne dépend pas que de moi. Concentrons-nous désormais sur les play-off et on verra de quoi l’avenir sera fait.»

 

«Hey on y va», se plaisent à scander les supporters de Ge/Servette. Oui, mais pas sans Goran Bezina.