16 novembre 2016

Les Genevois auraient pu jouer encore toute la nuit, ils n’auraient pas battu un gardien qui disait non!

 

Qu’on le veuille ou non, il va bien falloir un jour disserter sur ce phénomène inexplicable. Qu’on croie ou non au choc psychologique dans le sport, il y a un mystère qui se répète inlassablement depuis des lustres à chaque fois qu’un entraîneur est viré d’un club. Il a suffi en effet d’actionner, la veille, le fameux siège éjectable du côté de Bienne, de sortir Kevin Schläpfer du jeu des Seelandais pour que le visiteur, qui restait sur neuf revers en dix sorties, sorte la tête de l’eau.

 

Et c’est un véritable miracle qui a eu lieu hier soir aux Vernets. Le HCB, ce moribond, cette équipe qui avait un patin au bord du précipice, est venu à Genève avec une grosse boule au ventre, un couteau entre les dents et, avec cet instinct de survie, cela s’est avéré au final suffisant…

 

Suffisant, c’est également le mot pour qualifier la performance des Servettiens, qui se sont fait hara-kiri face à un adversaire qui n’a existé qu’au travers d’un seul homme. Son portier, son ange gardien. De son biscuit, il a fait un festin. L’ex-goalie des Ducks d’Anaheim et des Flames de Calgary s’est rappelé au bon souvenir des Aigles pour redevenir cet extraterrestre qu’il avait été en début de saison lorsque ses camarades évoluaient sur un nuage.

 

Un match piège

 

C’est souvent dans la souffrance qu’un être humain prend conscience qu’il existe. Depuis quelques semaines, pour les Biennois, chaque détail était devenu une aventure, un Everest. Il y a visiblement eu, avant la partie, des mots de Mike McNamara, le coach par intérim, qui ont fait mouche. Ils ont dans tous les cas permis à ces hockeyeurs qui ne savaient plus comment faire pour gagner de renouer avec l’ambition.

 

«Ge/Servette, c’est le meilleur adversaire pour nous réveiller», avait déclaré Kevin Fey le matin même dans le Journal du Jura. Il ne croyait pas si bien dire, le défenseur biennois. Mais s’il s’attendait, avec ses coéquipiers, à recevoir de grosses charges pour être secoué, ils n’ont pas eu besoin de cela. Du puck à l’âme, les Aigles se sont battus tout seuls.

 

C’était un match piège tendu par le destin et les Genevois sont tombés dedans la tête la première. «On s’était pourtant bien préparé, regrettait Arnaud Jacquemet à l’heure du réquisitoire. Mais contre une équipe si accrocheuse, on aurait dû aller là où ça fait mal pour passer.» Après avoir commencé la rencontre pied au plancher, ils n’ont, en fait, jamais trouvé la solution pour résoudre l’énigme posée par le No 1 de ces Blancs pourtant bien pâlots. Comme Romain Loeffel l’avait répété la veille, il eût fallu, pour battre un tel gardien, «tirer, titrer, tirer» et «mettre du trafic devant lui». Mais des paroles aux actes, il a manqué le geste juste, un Nathan Gerbe plus tranchant, un éclair de Kevin Romy, un but de Nick Spaling.

 

Réussite tombée du ciel

 

«On a eu de nombreuses occasions au premier tiers où on aurait pu marquer un, deux ou trois buts, renchérit Jacquemet. Et c’est bien connu: quand tu ne marques pas, c’est ton équipe qui encaisse ce goal.» Cette réussite miraculeuse, tombée du ciel ou plutôt de la canne de Fabian Lüthi à la 26e, allait couper les ailes des Aigles. «On a mis du temps à s’en remettre, pestait encore Jacquemet. Dans les dix dernières minutes, on a bien poussé, mais Hiller, qui avait pris confiance, n’a rien laissé passer.»

 

Comme ce fut déjà le cas les 10 et 20 septembre lors des deux premiers affrontements, les attaquants de Chris McSorley ont buté devant le meilleur goalie du pays quand il évolue à ce niveau-là. Car s’il avait été en deçà de ses performances ces derniers temps, le Saint-Gallois a retrouvé, comme par désenchantement pour les Grenat, toutes ses qualités hier soir. Comme dit le proverbe, quand on a marché un jour sur l’eau, on sait toujours nager!

 

Aux Servettiens, qui n’avaient plus perdu depuis le 22 octobre à Kloten, de retrouver le chemin du succès vendredi contre Berne.