5 octobre 2015

Après leur succès à Zurich, les Grenat ont été dépassés par la rapidité du champion qui avait bien préparé son coup

 

«On a été pris de vitesse par le ralenti!» C’est Jean-Jacques Tillmann qui a eu un jour cette phrase sublime qui lui avait valu d’ailleurs le Champignac, prix récompensant la sortie la plus amphigourique de l’année. Deux jours après la disparition du célèbre journaliste de la RTS, les joueurs de Ge/Servette lui ont rendu un vibrant hommage sur la glace des Vernets. Les Aigles, pourtant si virevoltants la veille à Zurich, ont été, comme le commentateur, surpris; dépassés, eux, par la rapidité des Davosiens. Comme si le moteur avait baissé de régime après leur belle performance au Hallenstadion. Avec des mouvements bien plus lents, comme figés.

 

«On a manqué d’énergie»

 

«Durant tout le match, on était un peu mou, on a manqué d’énergie, admettait un Daniel Rubin dépité par la tournure des événements. C’est vraiment dommage car Davos n’était pas terrible. Malheureusement, nous non plus, peut-être étions-nous trop contents après notre succès de la veille.»

 

Face à un champion discipliné, qui avait bien étudié le système McSorley, l’Aigle s’est brûlé les ailes. Si Robert Mayer a longtemps tenu la baraque dans sa cage, les «boys» de Del Curto ont su profiter de la moindre faille des Grenat. Après une passe millimétrée de Forster à Marc Wieser sur l’ouverture du score, c’est un engagement perdu de D’Agostini au début du troisième tiers qui est venu effacer l’égalisation truffée d’espoirs de Noah Rod à mi-match. Avant qu’un nouveau contre meurtrier ne scelle le sort de cette partie longtemps bloquée. Le HCD n’a plus perdu à Genève dans le temps réglementaire depuis 2011. «Il suffit d’une petite minute d’inattention et le match est perdu, le hockey se joue à peu de chose, philosophe le premier buteur des Grenat. On n’a pas disputé un si mauvais match que ça, il n’y a aucune raison de s’inquiéter…»

 

La menace de McSorley

 

Après que ses hommes eurent réalisé la meilleure prestation de la saison un jour auparavant, Chris McSorley s’attendait forcément à une confirmation. «Ce sont des erreurs individuelles qui nous coûtent la victoire ce soir, peste le chef. J’étais pourtant convaincu après notre succès à Zurich que les gars iraient chercher ces six points ce week-end pour enfin lancer notre saison. Il faut croire que je me suis trompé. Il y a des éléments dans cette équipe qui doivent commencer à se bouger et montrer qu’ils méritent leur place. Certains n’ont aucun respect pour les détails. Il ne faut pas aller chercher plus loin les causes de la défaite. Ces fautes ne doivent pas se reproduire. J’espère que le message est passé et que nous irons chercher la victoire à Kloten vendredi.»

 

Goran Bezina comprend la réaction de son patron: «Si tu es dominé par un adversaire qui est meilleur, OK, mais là, ce n’est pas le cas, on encaisse des buts bêtes après être revenus difficilement dans la partie, deux fois en situations spéciales. Les Davosiens nous ont mis sous pression, mais ils étaient prenables. En gagnant au Hallenstadion, on espérait plus. Mais on aurait pu marquer et on leur donne deux buts et la victoire. Peut-être aurions-nous dû jouer différemment car notre jeu agressif leur laisse plus d’espaces et nos erreurs ne pardonnent pas.»

 

A revoir cette semaine, au ralenti, avant de retourner à toute vitesse sur le bon chemin à Kloten…

 

Jim Slater est d’attaque

 

C’est avec de petits yeux qu’il a débarqué, après trois escales, ce vendredi, de Winnipeg. Il avait hâte, le nouveau renfort, de rencontrer ses nouveaux équipiers avant qu’ils ne prennent la route pour Zurich. Natif de Petoskey, Jim Slater était aussi tout excité de retrouver son camarade Daniel Vukovic, qu’il avait côtoyé à l’Université du Michigan durant douze mois (2004-2005) avant qu’il ne fasse le grand saut à Atlanta, puis Winnipeg (592 matches de NHL). «Dans un vestiaire, c’est quelqu’un de magnifique, qui joue avant tout pour l’équipe, s’exclame le défenseur genevois. C’est aussi un sacré joueur, talentueux, capable d’inscrire énormément de points.»

 

A peine l’Américain de 32 ans (183 cm/86 kg) a-t-il poussé la porte des Vernets, qu’il est tombé nez à nez avec celui qu’il va remplacer, Matthew Lombardi. Appuyé sur ses béquilles, le Canadien lui a tout expliqué, ou presque, sur cette organisation qu’il affectionne tant.

 

Pour Chris McSorley, «Jim remplit tous les critères des joueurs que nous désirons pour intégrer notre équipe. Il donne tout, prêt à mourir sur la glace en mettant toujours l’équipe en avant dans ses choix. Grâce à son leadership, il va non seulement inspirer nos fans mais également ses coéquipiers.»

 

Jim Slater, qui devrait recevoir son permis de travail cette semaine, aurait bien voulu aider les Grenat ce samedi contre Davos. Mais il devra encore attendre ce vendredi à Kloten. «Je suis ici pour gagner, pour aider l’équipe, pour être champion, clame le nouvel arrivé, assurant qu’il est au top physiquement. Je dois juste encore assimiler le système.» Il a une petite semaine avant de prendre la route pour Zurich…