Les Lausannois plient dans les cinq dernières minutes. Les supporters vaudois ont lancé un message: «Quennec dégage!»
Il fallait bien s’y attendre. Entre la rancœur sportive ravivée par le vilain 5-1 d’il y a peu et le contexte en coulisses, avec ce bras de fer qui met en jeu les participations de Hugh Quennec dans le capital des deux clubs, ce Lausanne HC - Genève-Servette ne devait pas être un match comme les autres. Alors il a commencé avant même le coup d’envoi, quand les supporters lausannois ont distribué des feuilles avec un message on ne peut plus clair: «Quennec dégage», écrit en grosses lettres. Le «virage ouest» a ensuite orchestré une animation pour donner du corps à l’injonction. Et puis, il s’est forcément agi de siffler l’ennemi genevois.
Forcément oui, parce qu’en plus de la rivalité sportive qui a toujours éclipsé tout pseudo-arrangement sur la glace, se greffe désormais de manière officielle une vérité dérangeante pour les Vaudois, qui veut que ce sont bien Quennec et les siens qui ont sauvé le LHC de la faillite en 2007. Cela ne veut pas dire qu’il est aujourd’hui encore l’homme providentiel, loin de là. D’ailleurs, à en juger par l’ultimatum que le conseil d’administration du club vaudois a lancé à son actionnariat, il faut croire que non. Il n’est même plus souhaitable, de surcroît, que le président de Genève-Servette possède encore des actions du LHC depuis 2013 et le retour des Lions en LNA. Mais c’est une autre histoire qui intéresse enfin la Ligue et sur laquelle Quennec doit s’expliquer une première fois ce mercredi à Berne.
Resserrer les lignes
Loin de ces tracas politico-économiques qui tissaient pourtant la trame de la pièce, les joueurs des deux clans devaient en découdre dans un énième acte du derby des frères ennemis. Avec en préambule une réalité crue pour les Grenat: au-delà de la défaite concédée il y a un peu plus d’une semaine sur la même glace, face aux mêmes adversaires, les Aigles devaient surtout retrouver des assurances défensives, tant ils ont tendance à oublier la rigueur d’usage en déplacement. Chris McSorley a veillé à resserrer les lignes, l’orgueil des Aigles a fait le reste et Robert Mayer a bouclé les angles.
Cela ne veut pas dire que tout fut parfait. En plusieurs occasions, les Genevois se sont fait des frayeurs: mauvaises relances, approximations, quelques chances offertes aux Lausannois. Mais le plus souvent, c’est dans la maîtrise des événements que les Grenat ont bloqué les tentatives adverses. Restait à faire sauter le verrou vaudois pour retrouver le sourire à l’extérieur. Pas simple à Malley, avec un LHC qui s’y entend pour fermer le jeu. Des opportunités, Ge/Servette en a eu. Oh, pas à foison, ce n’est jamais vraiment le stand de tir face au LHC. Mais Simek, par exemple, a eu un but au bout de la crosse, Pyatt aussi. Certains tirs ont aussi frôlé, voire heurté la latte (envoi de Pedretti). Mais Huet était toujours là.
Slater fait la différence
C’est en fin de troisième période que tout allait se jouer. Chapeau d’abord à Robert Mayer, qui a opposé son veto sur tous les envois vaudois, quand le LHC poussait. Chapeau ensuite aux Genevois, qui ont su courber l’échine, ensommeillant temporairement leurs ambitions, avant de se redresser. Ils l’ont fait dans les cinq dernières minutes, après 55 minutes d’abnégation. Et là, respect pour Jim Slater. Servi par Pyatt, il a placé le puck sous la latte de Huet, enfin battu (56e). Il a remis ça deux minutes plus tard, bondissant sur la glace pour remplacer un Romy exemplaire qui a fait l’effort de sortir au plus vite: cette fois, il mystifiait Huet entre les jambes. Enfin, il a offert le 0-3 à Rubin, qui marquait dans la cage vide.
Genève-Servette met fin à une série de défaites en déplacement, c’est bien. Pour passer de belles Fêtes, il lui faut encore battre Gottéron ce mercredi soir. Un autre derby, dans d’autres circonstances… Deux ombres au tableau: la blessure de Timothy Kast, touché à l’épaule, qui a été emmené au CHUV, et surtout l’agression dont ont été victimes les Servettiens dans leur bus en quittant Lausanne (lire sur notre site tdg.ch) .