Humiliés par Lugano, les Aigles ne trouvent pas la solution. Pas sûr que le temps fasse l’affaire
Faudra-t-il vraiment attendre 15 matches pour évaluer la situation? C’est le discours servi par Mike Gillis. Le nouvel homme fort de Ge/Servette n’était pas aux Vernets vendredi soir pour assister à la performance indigente des Aigles qui patinent toujours dans le vide. Après quelques semaines passées à Genève, il est reparti au Canada. Avec quelques actions du club dans sa valise – le processus de rachat de la moitié du capital du club à Hugh Quennec est enfin enclenché – mais aussi avec comme excédent de bagages, une tonne d’incertitude. Les absents n’ont pas toujours tort.
Le désarroi d’une équipe
Il recevra sans doute un rapport ce matin qui dira tout le désarroi d’une équipe, d’un public. Il faut se souvenir du discours tenu ce printemps dans les salons de sa deuxième maison. A l’hôtel Mandarin Oriental, il était question de la réorientation de la carrière de Chris McSorley. Après une fine analyse de la situation, après avoir entendu les joueurs, les entraîneurs, les assistants, Mike Gillis et ses conseils, en premier lieu Lorne Henning, ont choisi d’agir. Chris McSorley serait directeur sportif.
Pour lui succéder à la bande, le choix de Mike Gillis s’est porté sur Craig Woodcroft. Un homme qui devait apporter une certaine culture de la victoire. Après une dizaine d’années dans le rôle d’assistant, essentiellement en Allemagne, une demi-saison comme coach principal, toujours en Allemagne, et une saison en KHL, à la tête du Dynamo de Minsk, sa nomination n’a pas transcendé les foules. Le Genevois est râleur, paraît-il. Rabat-joie même. Ce début de saison n’aura pas fait changer grand monde
Après 10 matches, il faut bien tirer la sonnette d’alarme. Pas besoin d’attendre pour constater que la sauce ne prend pas. Le discours, lénifiant, tourne en boucle dans le vestiaire. Des joueurs paumés, cramés. Qui répètent comme des marionnettes qu’un match dure soixante minutes, au cas où certains l’auraient oublié. Un entraîneur qui n’a rien d’entraînant. Qui répète comme un automate que sa méthode est la bonne. Que ce sont les joueurs qui n’appliquent pas ses consignes. Qui ne respectent pas le plan de jeu.
A vrai dire, pas grand monde n’a vraiment saisi le sens du discours de Craig Woodcroft. «Posséder le puck. Créer du jeu. Ne pas être spectateur.» Un projet sans doute beaucoup trop ambitieux pour une somme d’individualités choisies par un entraîneur (Chris McSorley) qui n’entraîne plus. Et qui n’entraînera plus Ge/Servette. Un groupe qui ne triche pas, paraît-il.
Alors qu’est-ce qui cloche Monsieur Woodcroft? Après le non-match livré à Fribourg, on allait voir ce qu’on allait voir. Des étrangers virevoltants. Des internationaux transcendants. Des seconds couteaux aiguisés. «Rien. Le vide. Le néant», lâche un spectateur que nous ne nommerons pas. Un homme résigné, devenu presque étanche devant le naufrage de son club. Un homme qui voit les tribunes se vider. Ils étaient quinze copains à venir au match. Ils ne sont plus que cinq.
Etrangers insuffisants
Il faut donc être patient. Il faut croire que dans peu de temps, Craig Woodcroft aura trouvé la solution. Qu’il arrêtera de changer ses lignes à chaque match. Qu’il pensera peut-être à aligner quatre étrangers en incorporant l’un des deux excellents junior Elite lettons qui font presque du surplace dans leur catégorie de jeu (Sandis Smons et surtout le jeune prodige Deniss Smirnovs). Il pourrait également convaincre ses dirigeants d’engager en urgence un buteur étranger.
Faut-il vraiment encore attendre cinq matches pour bouger?
Simek se souvient de 2012… (par Virgulator)
S’il fallait «sortir» un joueur du naufrage? Même s’il a encaissé quatre buts hier soir, cela aurait été Robert Mayer. C’est dire! Mais qu’aurait-il pu ajouter, si ce n’est constater que les attaquants de Ge/Servette se sont une fois de plus cassé les dents devant la cage adverse. Vingt buts inscrits en dix matches, mince alors!
Top scorer des Aigles avec seulement six points, Juraj Simek ne cache pas son dépit: «C’est vrai, on n’arrive pas à marquer!» Mais pourquoi ce mutisme? «Nous avons de bonnes phases de jeu mais il y a à chaque fois des pénalités qui tuent notre jeu et on ramasse des goals…» Le refrain est connu. «On laisse trop facilement les shooteurs tirer et nous, on ne le fait pas assez. On doit aller plus devant le but…» répète le casque jaune. C’est exactement ce qu’il disait déjà avant d’aller jouer les fantômes à Fribourg. «Mais on est convaincu que ça va venir, qu’il n’y a pas grand-chose qui a changé par rapport à l’an passé et que nous possédons une bonne équipe.» Il ne manquerait en fait que des résultats. «Ce n’est pas le système qui est en cause, mais la combativité, jure Juraj. Les adversaires veulent plus gagner les batailles que nous!» Et de rappeler qu’en 2012, il a connu des situations pires que celle-ci. «Ce n’est pas encore la catastrophe, soupire-t-il. On n’a joué que dix matches, ce n’est pas trop tard. Mais on ne peut pas accepter ça. Il y a sept ans, nous avions perdu neuf parties de suite avant de commencer à gagner.» Aux Aigles de prouver que la «remontada» est possible, dès ce samedi à Zoug.