17 mars 2015

Les Aigles retrouvent les Lions dès ce soir au Hallenstadion (à 19 h 45) en demi-finale du championnat de LNA. Avec une folle envie d’effacer l’élimination de l’an passé après sept matches palpitants

 

Il y a aura forcément des histoires. Des coups de bluff. Des blessures cachées, des nez cassés, d’autres qui s’allongent. L’affiche des demi-finales des play-off de LNA Zurich-Genève est en passe de devenir un classique du hockey suisse quand bien même, sur le papier, les deux protagonistes ne boxent pas dans la même catégorie. Qui dit classique dit souvenirs, contentieux. En 2008, les supporters grenat n’ont pas oublié la finale et ce match No 5 aux Vernets quand le speaker de l’époque avait crié victoire trop tôt et incité le public à lancer une ola à une minute de la fin. Une vague scélérate en fait puisque Zurich égalisait par Domenichelli à quelques secondes de la sirène finale et passait ensuite l’épaule aux tirs au but (à nouveau Domenichelli). Au lieu de 3-2 dans la série, c’était 2-3. Genève ne s’en remettra jamais et laissera échapper son premier titre national lors du match suivant au Hallenstadion.

 

L’an passé, c’est en demi-finale que se sont tissés des liens pas forcément amicaux entre les deux organisations. Sur la glace, Kaspars Daugavins et Matthew Lombardi virevoltent et Picard frappe. Après un départ canon (victoire à Zurich 5-0), les Aigles calent chez eux. Ensuite chacun restera maître dans sa patinoire. L’acte IV aux Vernets dérape et les dossiers s’empilent sur le bureau du juge unique. C’est la fameuse affaire du nez «cassé» de Dan Fritsche, qui vaudra à Alexandre Picard, en pleine bourre, une suspension de deux matches. Sans doute l’une des clés de cette série. Il faudra s’en souvenir dès ce soir: un jeu viril mais correct est recommandé lorsque l’on se frotte à une équipe dont le manager général, Peter Zahner, a longtemps occupé la direction de la Ligue nationale avant de refaire des Zurich Lions une machine à gagner. Et pas que sur la glace.

 

Le défi est donc de taille pour les boys de Chris McSorley. Après avoir amadoué la «Belle» tessinoise, la «Bête» genevoise va-t-elle enfin mettre le lion en cage? L’analyse pragmatique, en cinq points, des forces en présence débouche sur le pronostic d’une série serrée. Avec toutefois un avantage structurel et technique pour le «Z». Et si, pour une fois, c’était le cœur qui faisait la différence?

 

1 Deux entraîneurs au top: qui prendra l’avantage?

 

Derrière leur banc, les deux hommes ne passent pas inaperçus. D’un côté, Chris McSorley, son langage fleuri, ses coups de gueule aux arbitres, ses coups de poker tactiques (sortie de gardien à 5 contre 3, mesure de la crosse d’un adversaire). L’Ontarien est prêt à tout. Son homologue, Marc Crawford, n’a rien non plus d’un poète. «Quand ça ne va pas pour son équipe, il est capable d’attirer l’attention sur lui pour protéger ses joueurs, explique Gianluca Mona, ancien gardien de Ge/Servette, finaliste contre Zurich en 2008. Chris McSorley aussi n’a pas son pareil pour utiliser les médias le cas échéant.» En quart de finale, Marc Crawford a copieusement insulté le coach de Bienne, Kevin Schläpfer, initiant un feuilleton qui a ravi la presse alémanique. Chris McSorley, lui, a clamé son innocence par voie de presse lorsque le juge unique l’avait accusé de mensonge. «Mais c’est surtout tactiquement qu’il a éteint le HC Lugano», prévient Gianluca Mona. Le boss des Aigles pense avoir trouvé la clé du jeu zurichois. Lui permettra-t-elle d’ouvrir la porte de la finale? Réponse au meilleur des sept matches.

 

2 Deux budgets éloignés: avantage Zurich

 

11,3 contre 19. C’est, en millions de francs, les chiffres bruts des budgets respectifs des deux clubs. A Genève, on a atteint cette année une sorte de sommet compte tenu de la capacité d’accueil des Vernets. La zone VIP (1000 places environ) affiche complet. Zurich, lui, bénéficie d’un outil de travail ultramoderne (lire ci-dessous) avec plusieurs restaurants et une capacité de 9500 places. En outre, le mécène Walter Frei n’hésite pas à mettre de l’huile dans le moteur des Lions. Cela permet aux Lions de posséder un effectif beaucoup plus fourni que celui de Genève-Servette. L’argent investi sur les bords de la Limmat sert aussi à entretenir le mouvement junior le plus performant et prolifique du pays. Le «Z» peut à tout moment puiser dans l’effectif des GCK Lions, son équipe ferme qui joue en LNB.

 

3 Ambiance de feu: avantage Genève

 

Une vieille dame liftée. Une enceinte ultramoderne. Et pourtant, il n’y a pas photo entre les Vernets et le Hallenstadion. «Je suis persuadé que nos fans vont encore nous pousser plus fort que contre Lugano», se réjouit Matt D’Agostini, le top scorer genevois. Le public des Vernets est parfois capable de véritablement faire trembler les murs et de donner des frissons aux joueurs. A Zurich, il est beaucoup plus nombreux mais tellement sage qu’on peut souvent entendre les cris des coaches, le bruit des patins, du puck qui ricoche contre la bande. A Zurich, le spectateur prend place dans une arène multifonctionnelle. C’est sans doute cette froideur, et le fait de ne pouvoir disposer en tout temps de sa glace, qui a poussé les dirigeants alémaniques à lancer le projet d’une nouvelle patinoire à l’horizon 2022. De quoi rappeler qu’à Genève, le fameux dossier du Trèfle Blanc est toujours en préparation. Dans deux semaines, le club présentera aux autorités une nouvelle mouture qui devrait achever de convaincre les décideurs politiques.

 

4 Contingents: un léger avantage pour Zurich

 

C’est quand même eux qui feront la différence. Eux, ce sont les joueurs. Et c’est sans doute l’équipe qui réalisera le meilleur amalgame entre toutes ses individualités qui pourrait bien sortir victorieuse de ce duel qui s’annonce très serré.

 

«Au niveau des gardiens, je donnerais un léger avantage à Zurich, témoigne Gianluca Mona, qui connaît bien la question. Lukas Flüeler n’a pas été excellent contre Bienne mais il connaît les play-off et la pression qui va avec. Il a en outre une sacrée défense devant lui et il a aussi gagné deux titres de champion. A Genève, je dois avouer que j’ai été surpris et bluffé par Robert Mayer. Il ne m’avait pas totalement convaincu en saison régulière, mais là, il me surprend en bien.» 

 

En défense, les ZSC enregistrent le retour de leur capitaine emblématique Matthias Seger. Le pendant de Goran Bezina est un pion essentiel. «Sur la glace, c’est sûr, poursuit Mona. Mais surtout dans le vestiaire.» Avec encore Marc-André Bergeron et Severin Blindenbacher, les Zurichois sont blindés.

 

Genève peut tout de même regarder son adversaire dans les yeux avec le brillant Romain Loeffel, le valeureux Daniel Vukovic et le placide Jonathan Mercier. Reste Goran Bezina. A la peine en début de série contre Lugano, il a semblé retrouver le bon tempo. Un capitaine au top sera un vrai plus. «Au niveau offensif, je trouve les deux équipes très proches, analyse Gianluca Mona. C’est le mental et le courage qui feront la différence. Et là, je vois Genève supérieur. Mon pronostic du cœur, c’est donc une victoire de Genève 4-2 dans la série.»

 

5 Expérience en play-off: avantage pour Zurich

 

Avec ses huit titres de champion de Suisse, un titre de champion d’Europe, et une Victoria Cup (victoire de prestige contre Chicago), le «Z» est une machine à gagner. Tenante du titre, l’équipe de Marc Crawford a peu évolué en douze mois. Ses étrangers ne sont pas forcément flamboyants mais répondent présent lors des matches importants. A Genève, avec deux Coupes Spengler et deux Coupes de Suisse dans la vitrine, on se persuade que cette saison peut être celle du sacre. Il y a du talent sous le tricot grenat. Mais surtout un cœur gros comme ça. «Moi, je suis au top, se réjouit Matt D’Agostini, qui vole sur la glace depuis un bon mois. J’ai eu un vrai déclic au bon moment.»

 

Pour Goran Bezina, les Genevois sont «peut-être mieux armés» (par Virgulator)

 

Alors que le local des physios est pris d’assaut, Goran Bezina attendra son tour. Derrière lui, Jonathan Mercier imite le bruit des vautours. Dans le couloir des vestiaires des Vernets, lors des play-off, l’ambiance vaut autant le détour que sur la glace. «La plupart des gars qui viennent chez nous sont de bons types, ils sont obligés de bien s’intégrer», se marre le capitaine, garant de la bonne humeur dans le groupe depuis 2004, depuis qu’il porte le tricot des Grenat.

 

Un look à la Freddie Mercury, le nouveau «moustachu» des Servettiens sourit, prêt à disputer, à 34 ans, sa cinquième demi-finale avec les Aigles. «On est chaque année en mission pour aller chercher le titre, rappelle le défenseur, qui patine toujours après ce trophée depuis le début de sa carrière. Après, renchérit le Valaisan, il y a des séries où ça ne va pas forcément comme tu veux, des années meilleures que d’autres qui se jouent sur des petits détails, mais à chaque fois, nous entamons ces parties avec le même état d’esprit avec un objectif identique. J’ai le sentiment que nous sommes peut-être mieux armés cette saison.» Même si Matt Lombardi, Christian Marti et Chris Rivera sont toujours absents, le groupe reste en effet compétitif. «Les blessures et les suspensions ont obligé chacun à élever son niveau de jeu, poursuit l’international. On a même évolué de manière désespérée à Lugano après notre défaite de 7 à 2 à la maison. Maintenant, on a su contrer les Tessinois, la question est de savoir si on va pouvoir le faire aussi contre le champion.»

 

Face au Zurich Lions de Marc Crawford, la rencontre s’annonce surtout très tactique. «A ce niveau-là, notre équipe est beaucoup plus mûre que l’an passé pour couvrir les espaces, précise Bezina. Je me souviens que nous avions commis deux à trois bêtises en entrée de zone, qui nous avaient coûté la série. Cette formation zurichoise, très bien rodée depuis le début du championnat, commet toutefois très peu d’erreurs. Il s’agira donc pour nous de prendre l’ascendant physique sur eux et d’exploiter leur point faible, à savoir leur gardien. Maintenant, reconnaît-il, quand les Lions sont au top, ils sont meilleurs que nous dans tous les domaines. Ils n’ont pas terminé premiers par hasard. Ils ont une très bonne défense et quatre lignes qui tournent très fort. Mais ils vont devoir élever leur niveau car, face à Bienne, ce n’était pas exceptionnel…»

 

Douze mois après être passés si proches de la qualification au terme du 7e acte, les Aigles auront-ils retenu la leçon pour inverser la tendance? «On va tenter de reproduire ce qu’a fait Bienne en quarts, mais en mieux. Je pense qu’on a plus de qualités que les Seelandais. Si on arrive à rester concentré 60 minutes sur toute la série et tenir ce rythme sur sept matches, peu d’équipes en Suisse peuvent nous battre», lâche-t-il avant d’aller confier son corps aux physios, indispensable avant de repartir au combat…

 

McSorley: «Cette fois, ce sera pour nous!» (par Daniel Visentini)

 

L’entraîneur des Aigles veut inverser la tendance face aux Lions, après deux échecs, en 2008 en finale et l’an dernier en demi-finale

 

Chris McSorley, à quoi vous attendez-vous dans cette série face à Zurich?

 

Nous allons défier une équipe que nous n’avons jamais battue en play-off. Zurich, c’est une sacrée machine, qui a le talent et l’expérience pour viser un nouveau titre de champion. C’est à mon avis la meilleure équipe de la ligue.

 

Mais alors, comment Ge/Servette peut-il s’y prendre si Zurich est si fort que cela?

 

L’année dernière, nous étions déjà opposés aux Lions, en demi-finale également. Nous étions allés jusqu’au septième match pour finalement perdre la série. Cela s’était joué notamment sur la profondeur de l’effectif et sur les petits détails tactiques qui penchaient en faveur des Zurichois. Zurich, c’est une équipe très structurée et très prévisible dans un sens, mais qui a toujours ce petit supplément qui fait mal et qui fait la différence. Cela dit, nous savons justement tout cela et nous pouvons nous appuyer sur l’expérience de la série disputée la saison passée: les joueurs qui étaient là se souviennent de tout. Nous allons puiser dans cette base de données.

 

Concrètement, qu’est-ce qui a changé par rapport à 2014?

 

Nous sommes meilleurs. Et nous jouons différemment. Je m’explique. Zurich, comme Berne d’ailleurs ou encore la plupart des meilleures équipes d’Europe, joue très vertical, nous disons nord-sud en hockey. La saison passée, nous étions encore trop typés dans des schémas est-ouest, autrement dit avec un puck ou des mouvements trop latéraux. Cela a changé: désormais, nous jouons aussi nord-sud, comme Zurich. Et nous provoquons un effet miroir qui dérange les Zurichois. Cela nous permet de mettre plus de pression sur la cage adverse.

 

Cela suffira-t-il pour éliminer Zurich?

 

Nous travaillons sur tous les plans. Tactiquement aussi, dans le positionnement de nos joueurs et pour contrer Zurich. Par exemple, nous voulons bloquer la deuxième vague zurichoise. En hockey, il y a la première vague, ce sont les trois attaquants qui pénètrent la zone défensive adverse. Puis il y a la deuxième vague, avec les deux défenseurs qui se positionnent pour recevoir le puck qui ressort vers la ligne bleue. C’est cette passe-là que nous devons bloquer à Zurich. Nous avons éliminé Lugano, c’est très bien. Mais Zurich, c’est un autre animal. Donc il faut s’adapter à chaque fois.

 

Donc cette année, c’est la bonne: Genève-Servette va éliminer Zurich et se qualifier pour la finale?

 

Nous travaillons pour cela, oui. Nous n’avons encore jamais battu Zurich en play-off. Mais vous savez ce qu’on dit: plus une série dure, plus elle se rapproche de sa fin. Alors oui, cette fois ce sera pour nous! Je l’espère…

 

Un mot sur votre vis-à-vis, Marc Crawford, l’entraîneur des Zurichois?

 

C’est un coach que je respecte beaucoup. Comme toujours, pour éliminer une équipe, il faut savoir exploiter les petites faiblesses de l’adversaire. Le coaching n’en est sûrement pas une du côté de Zurich. Cela dit, nous avons nos atouts nous aussi. Nous avons marqué plus de buts que Zurich durant la saison régulière, cela montre qu’offensivement, nous sommes présents. Défensivement, j’ai confiance en mon équipe, le jeu défensif concerne en fait tout le monde.

 

Durant la série contre Lugano, en quart de finale, il y a eu un black-out durant le quatrième match, avec cinq buts encaissés en quelques minutes seulement lors du deuxième tiers-temps: comment éviter ce genre de passage à vide?

 

Ce black-out a été une leçon. Douloureuse, mais une leçon. Ce qui m’intéresse surtout, c’est ce qui s’est passé ensuite. La marque d’une grande équipe, au moins d’un contingent qui a du caractère, c’est d’accepter ce qui s’est passé et aller de l’avant. Regardez ce qui s’est produit après: nous sommes allés à Lugano et nous avons sans doute disputé, sur le plan tactique, notre meilleur match de la série. Je suis fier de mes gars pour ça. Je suis confiant à l’aube de cette demi-finale contre Zurich. Nous avons des qualités. Même sans Matthew Lombardi.

 

Vous pourrez d’ailleurs compter sur Kevin Romy, de retour de blessure, qui n’a pas pu jouer le quart de finale contre Lugano…

 

Oui, bien sûr. Kevin, ce n’est pas seulement un sacré hockeyeur, c’est aussi une personnalité, un homme qui est important dans le groupe. Et puis c’est un joueur qui nous apporte énormément, offensivement et défensivement. C’est simple: le seul retour de Romy sur la glace nous fait tous grandir d’une dizaine de centimètres. Au moins en confiance.

 

Paroles d'experts

 

Flavien Conne

Selon moi, cette demi-finale sera très ouverte. Cette année, les lignes de Ge/Servette sont plus équilibrées et les joueurs ont plus de bouteille que la saison dernière. Le retour de Kevin Romy est évidemment une très bonne nouvelle pour le GSHC. Avec un match en moins au compteur, les Aigles possèdent aussi un petit crédit physique et moral supplémentaire face aux Zurichois. Il faudra toutefois que les hommes de Chris McSorley se méfient des attaquants adverses, qui sont capables d’inscrire beaucoup de buts. J’ai cependant été très impressionné par le portier Mayer lors des derniers matches et par la défense genevoise.» Pronostic: Zurich Lions-Ge/Servette 2-3

 

Olivier Keller

«Je vois cette série se jouer en sept matches. Ge/Servette va devoir se méfier de Zurich qui, contrairement à Lugano en quarts, est lui clairement en mode play-off. Je pense que l’équipe de McSorley est meilleure que celle de la saison passée, notamment à l’arrière. La présence de Loeffel a considérablement renforcé la défense des Aigles. Ce soir Zurich aura beaucoup de pression devant son public. Les Genevois devront toutefois se méfier car les Lions, en ayant joué samedi, seront immédiatement dans le coup alors que les Grenat auront un peu plus de peine lors des 20-30 minutes initiales après leurs deux jours de repos.» Pronostic: Zurich Lions-Ge/Servette 2-3

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette se rend ce soir au Hallenstadion pour y affronter les Zurich Lions en demi-finale des play-off. Ce premier acte, qui sera dirigé par MM. Eichmann et Stricker, se jouera dès 19 h 45.

 

La statistique Cette saison, les Grenat se sont imposés deux fois contre Zurich à domicile (3-2 et 6-1) et les Lions deux fois chez eux contre les Aigles (5-2 et 5-3).

 

L’effectif La saison est terminée pour Christian Marti (épaule), Christophe Bays (hanche) et Paul Ranger. Matthew Lombardi et Chris Rivera (commotions) sont indisponibles. Eliot Antonietti (clavicule) pourrait retrouver la glace samedi. Retour au jeu de Kevin Romy.

 

La phrase de Chris McSorley «Zurich peut bien sûr s’appuyer sur de très bons joueurs, explique-t-il. Il y a notamment des éléments qui restent toujours calmes, je pense à Cunti, Roman Wick ou Bärtschi. Mais nous sommes bien armés aussi. Avec Taylor Pyatt, D’Agostini: ils n’ont pas de blanc durant un match. Et puis il y a Almond, Romy et tous les autres!»