Comme à Ambri, les Genevois ont mis de l’émotion dans leur jeu pour s’imposer cette fois-ci en prolongation…

Il s’appelle Damian Wayne Rivera, il est né la semaine passée et il ne le sait pas encore, mais son papa lui a offert un sacré cadeau. Il lui a dédié son but et la victoire hier soir à Bienne. Il l’avait promis. Auteur de la deuxième réussite des Aigles, c’est bien Chris Rivera, d’une reprise rageuse, qui a mis ses copains sur le bon chemin, celui qui passait samedi passé par Ambri…

Et de cinq pour les Grenat, qui ne perdent plus contre le HC Bienne depuis le 23 novembre 2013. Hier, au terme d’un gros combat qu’ils ont superbement géré, les Genevois ont empoché deux points bien mérités, à la force de leurs poignets, après prolongation. Ce, grâce aux frères Pyatt, ces deux gars valent de l’or. Mais que d’émotions face à de bons Seelandais, avant d’en arriver là…

C’était un derby et, surtout, un match particulier pour deux acteurs qui ne se sont finalement pas trompés de vestiaire. Pour eux, le cœur battait encore plus fort hier soir. Eliot Berthon d’un côté et Dario Trutmann de l’autre, passés chacun dans l’autre camp, avaient à cœur de s’illustrer à l’occasion de leur deuxième derby de la saison. Le petit Français du Stade de Glace a été le premier à montrer le bout de son nez. C’est d’ailleurs lui, le bougre, profitant d’une offrande de Traber (on ne l’a ensuite pas revu sur le rink!), qui a lancé le bal. Avec l’excellent Suédois Pär Arlbrandt à la baguette, Bienne, qui restait sur un beau succès à Zoug, se régalait dans une défense pain-fromage. C’était plutôt mal parti pour Genève-Servette… Mais soudain, devant le banc des Genevois, l’ancien junior des Vernets, motivé comme jamais, a peut-être voulu trop en faire. Au point qu’il a fini ce match qu’il attendait tant à l’hôpital. Déséquilibré, il a vu son épaule droite faire lourdement connaissance avec la balustrade. Elle est luxée.

Ce gros coup de froid a, du coup, coupé les jambes et l’élan de ses coéquipiers, comme paralysés. Cela n’a pas duré, mais cette léthargie momentanée allait aussi relancer un visiteur qui a tant besoin de ce genre de frisson. Comme à Ambri, les Jaune avaient été pris à froid. Comme en Léventine, les Grenat ont alors montré un gros caractère et leur vrai visage. Un Robert Mayer impressionnant dans sa cage (quels beaux arrêts devant Tschantré et Spylo 26e), une défense recomposée avec un Bezina qui revit dans l’arrière-garde, un Simek qui se bat comme un beau diable pour l’équipe et des gars travailleurs qui vont gratter dans les coins: c’est dans la continuité que les Servettiens, disciplinés et appliqués, ont réussi à égaliser via un tir de Vukovic et passer l’épaule par Rivera, avec cette énergie farouche qui le caractérise et qui fait la force de ce Ge/Servette si séduisant. «Même si tout n’a pas été parfait, on est content de la victoire», lâche le bosseur Noah Rod.

Alors que Matthew Lombardi débarque vendredi à Genève, que va faire désormais Chris McSorley? Le boss a-t-il les moyens de conserver ses six étrangers dans son contingent en prévision de la Ligue des champions et de la Coupe Spengler? C’est peu probable. Quel mercenaire va donc devoir quitter les Vernets?

Même s’il a livré la marchandise hier soir, Paul Ranger, plutôt décevant jusque-là, sera-t-il encore présent la semaine prochaine? «Oui», répond catégoriquement Chris McSorley. Le défenseur aux 334 matches de NHL, le port altier et le buste auguste, plaît au chef.

Alexandre Picard? Cet homme, toujours prêt à se battre, prend des bleus pour son équipe, il est trop utile lorsqu’il s’agit de mettre le feu à une partie.

Les frères Tom et Taylor Pyatt? On l’a encore constaté lors de la prolongation, ils brillent trop sur la glace pour les séparer.

Et si c’était Matt D’Agostini? Le sniper qui tarde à s’affirmer et à trouver ses marques sur les patinoires helvétiques, était pour la deuxième fois de suite surnuméraire hier soir. Et s’il était en train de préparer ses valises? Ne loge-t-il pas à Onex dans l’ancien appartement de la famille Lombardi, celui en face de l’école pour ses filles? Possible. En attendant, GSHC joue contre Kloten vendredi…