2 décembre 2015

Les Aigles ont dominé la soirée malgré une fin de match tendue. Aux Vernets, on regarde vers le haut du classement

 

Il y a des points importants. Celui ramené de Langnau pourrait bien peser lourd au moment du décompte final. Il y a aussi des matches qui comptent plus que d’autres. Chris McSorley n’est pas un devin mais il connaît les mécanismes du hockey suisse. Il sait que lorsque l’on atteint la mi-saison, et que l’on met Berne à huit points, avec deux matches de moins disputés, on peut considérer qu’un adversaire dans la course aux premières places est distancé pour le compte. «Si on gagne, Berne ne nous rattrapera plus», prédisait le coach des Aigles. L’avenir pourrait bien lui donner raison tant son équipe semble désormais réciter une partition sans aucune fausse note.

 

C’est donc à ce scénario de rêve, celui d’une victoire toujours savoureuse contre l’arrogant visiteur de la capitale, qu’on eut droit les 6477 spectateurs des Vernets qui auront tremblé plus que de raison. La faute à un adversaire orgueilleux au possible et opportuniste. L’Ours, mal en point, et en mal de points, se bat avec l’énergie du désespoir pour retrouver une place qui correspond mieux à son standing et à ses ambitions. Samedi soir, à Davos, les Bernois avaient réussi un retour improbable après avoir été menés 3-0! Ils étaient revenus à 3-3 avant de s’incliner aux tirs aux buts. Hier soir, ils auraient pu refaire le même coup.

 

Un black-out douloureux

 

Alors que Ge/Servette dominait son sujet avec une maestria réjouissante, confirmant que la défaite de Langnau n’était bien qu’un accident, il a connu un de ces black-out qui vous font basculer un match. Pas grand monde imaginait que le visiteur, privé tout de même de neuf joueurs (huit du côté de Genève) puisse revenir. «A 3-0 après deux périodes, dans le vestiaire, tu te relâches un peu mentalement. dit Frédéric Iglesias. Et au retour sur la glace, on fait deux erreurs et ça ne pardonne pas contre un tel adversaire.» Trente-six secondes et deux facéties de Mayer plus tard, et voilà Ge/Servette qui s’offre donc une fin de rencontre pénible jusqu’au but libérateur de Jeremy Wick sur le coup de gong.

 

Il serait toutefois injuste de ne rester que sur cette fin de soirée houleuse. Car jusque-là, c’est une performance de tout premier plan que les Aigles ont proposée face au plus gros budget de la ligue. A commencer par Robert Mayer. S’il a mis le masque du clown sur le second but bernois, il avait plus d’une fois enfilé celui du héros en réalisant quelques parades décisives. Un autre homme a lui aussi sorti sa cape de superhéros. Jim Slater a rajouté le réalisme à sa panoplie de joueur complet. Deux buts pour «Mister face-off», dont le second réussi à 6 contre 3!

 

Le vilain geste de Moser

 

On le sait, Chris McSorley n’a pas peur du ridicule s’il a la conviction d’avoir tout tenté pour que son équipe gagne. Il est donc capable des coups les plus osés. «Il n’y a que lui en Suisse pour sortir son gardien à 5 contre 3», relève Frédéric Iglesias. Il n’aura fallu que douze secondes pour que Slater évite à son patron de passer pour un imbécile… Un qualificatif que l’on n’hésitera pas à appliquer, et encore, c’est pour rester poli, à Simon Moser. L’homme qui pensait mettre la NHL à ses pieds a surtout démontré qu’il sait mettre des charges stupides et dangereuses. Après avoir envoyé, par-derrière, bien sûr, Daniel Rubin la tête la première dans la bande, le No 21 n’a rien trouvé de mieux que reprocher à Rubin d’en avoir rajouté. Deux minutes de prison. Un tarif très bon marché mais finalement lourd de conséquence.

 

Il était donc écrit que cette soirée serait celle de toutes les satisfactions pour le boss des Vernets. Il a vu sa prédiction d’avant-match se réaliser. Il a réussi son coup de poker. Il se pourrait même que Chris McSorley soit en mesure d’annoncer de belles choses d’ici à la fin de la semaine. Et si le feuilleton concernant la prolongation de contrat de Romain Loeffel (une nouvelle fois étincelant) trouvait un épilogue heureux? Cela vaudrait sans doute autant que les trois points engrangés hier soir.