Les Grenat auraient mérité mieux face à l’équipe en forme du moment. Mais ils peuvent prendre leur revanche demain en Coupe
C’était une tradition qui veut qu’après le réveillon, Ge/Servette entre à chaque fois du bon pied dans la nouvelle année! Depuis 2009 à Berne, les Genevois n’avaient en effet plus perdu un 2 janvier. Mieux, depuis treize saisons en LNA, les Aigles avaient raflé la mise à douze reprises juste après les fêtes de Noël. Or, les joueurs de Chris McSorley sont, cette fois-ci, tombés les armes à la main, en prolongation, contre ce qui se fait actuellement de mieux en Suisse avec Zurich et Berne. Maigre consolation.
Avec onze succès en douze sorties (dont sept d’affilée), Zoug, qui célébrait en plus, devant son public, le 50e anniversaire de son existence, n’était pas vraiment l’adversaire idéal pour Ge/Servette. Surtout qu’au niveau des statistiques, le big band des Vernets restait, en plus, sur trois revers cette saison face à l’équipe de Suisse centrale. Mais il s’en est fallu d’un rien pour que Robert Mayer n’arrête tout jusqu’au bout et que Nathan Gerbe et ses copains réalisent un exploit à la Bossard Arena.
«Je suis très fier de l’effort produit cet après-midi par mes joueurs car c’est toujours une bonne performance de prendre un point ici à Zoug», s’est exclamé le chef. «C’est important dans notre situation.» Un bon point vaut mieux que rien, en effet.
Rod agressé par Morant
Pour Chris McSorley, la partie, très rythmée et équilibrée, s’est certainement jouée à la 17e minute, lorsque le méchant Johan Morant (que fait-il encore sur une patinoire, celui-là?) a chargé vilainement Noah Rod à la ligne bleue, en levant le genou sur le Genevois, qui venait d’ouvrir le score un peu plus tôt sur un bon service de Gerbe. «Perdre Noah à ce moment de la rencontre a complètement déséquilibré nos lignes, pestait le coach ontarien. Face à une équipe aussi expérimentée que Zoug, cela devenait compliqué…» Le jeune attaquant des Vernets n’a pas fini la partie. Mais rien de grave, semble-t-il.
Alors que ledit Morant n’a pas été pénalisé pour cette grosse agression (il a ensuite mordu Will Petschenig au corps sans être envoyé aux vestiaires!), Zoug a fini par s’imposer à l’usure, grâce à sa profondeur de banc et la baraka qui accompagne toujours les plus grands.
Un Stephan redoutable
Reste qu’au cours d’un match vivant, haletant, qui a comblé le nombreux public présent (dont un petit millier de Genevois), les hommes du bout du lac, si entreprenants, au visage bien plus conquérant qu’en 2016, auraient mérité un meilleur sort devant un Tobias Stephan toujours aussi redoutable devant sa cage.
Devant deux gardiens d’une telle qualité, il fallait un grand numéro. La belle vivacité de Nathan Gerbe, qui avait redonné l’espoir aux Grenat à mi-match, n’a malheureusement pas suffi. Si l’ouverture du score est venue d’un power play, il y a de nouveau eu beaucoup trop de déchets dans le jeu de puissance ou au moment de concrétiser. L’Aigle, qui a bénéficié de beaucoup d’opportunités, a encore une fois manqué le coche en phase offensive. Il a suffi finalement d’un puck perdu en prolongation par Nick Spaling devant Klingberg sur la gauche pour que Zoug ne rafle la totalité de l’enjeu. Le visiteur qui a beaucoup donné n’a récolté que des regrets au retour. Comme l’essuie-glace, ce résultat mi-figue, mi-raisin, permet aux Grenat d’avancer, mais il n’efface pas la pluie!
«On a eu nos chances de marquer et on n’a pas été en mesure, une fois de plus, de les concrétiser, regrettait Romain Loeffel. C’est frustrant de ne partir qu’avec un seul petit point, surtout dans notre situation, mais il faut qu’on garde le positif, à savoir notre qualité du jeu cet après-midi pour aller de l’avant. Je pense que nous sommes sur la bonne voie.»
Place à la Coupe de Suisse
Genève-Servette aura l’occasion de prendre sa revanche demain aux Vernets en demi-finale de la Coupe de Suisse contre ce même adversaire. «A nous de ramener le positif dans notre valise pour continuer ainsi en 2017», renchérit un Romain Loeffel qui ne serait pas contre une première finale cette saison…
«Vuko» tombe du nuage
Comme c’est le cas depuis quatre ans, il est redescendu de la montagne avec le sourire, une nouvelle coupe en bois, le plein de confiance et de bons globules rouges dans son corps. Engagé la semaine dernière avec le Team Canada, Daniel Vukovic, qui avait déjà remporté deux fois la Coupe Spengler avec Ge/Servette, s’est adjugé le trophée pour la deuxième année consécutive en compagnie de ses camarades du Team Canada. Comme il y a douze mois, les joueurs à la feuille d’érable ont battu Lugano en finale avec un but de l’autre Servettien Nick Spaling (malgré une blessure au bras) en fin de partie dans la cage vide (5-2). C’est bon pour la tête du No 13 de Chris McSorley, très en vue hier à Zoug.
Blessé lui aussi au visage juste avant de prendre le chemin des Grisons, «Vuko», le défenseur au grand cœur des Grenat, qui avait déjà serré les dents le 23 décembre à Kloten, n’aurait raté pour rien au monde cette compétition si magique, si revigorante pour le moral des troupes, là-haut avec sa famille, sa femme Mélanie et son fils Benjamin. «C’est vraiment un honneur de jouer cette compétition et quand tu la gagnes en plus, c’est encore mieux», s’exclame un Servettien qui aurait tellement voulu encore surfer sur la vague du succès avec sa formation hier à la Bossard Arena. «Oui, car le plus important pour moi, ce n’est pas de remporter la Coupe Spengler. Mais bien de gagner avec Genève-Servette…»
Les Grenat ne sont pourtant pas passés très loin, mais il a manqué ce zeste de chance qui accompagne les équipes de tête. «On n’a pas effectué un si mauvais match, mais au bout de nos efforts, il n’y a qu’un point et actuellement on a besoin de plus que ça!» poursuit un Daniel Vukovic tombé de son nuage. Il est conscient, toutefois, lui aussi, que sa formation se rapproche de son meilleur niveau. «C’est vrai, la progression est là, mais à nous de regarder la vidéo pour ne plus commettre d’erreurs et avancer ainsi.» A commencer par mercredi en Coupe de Suisse où, comme à la Spengler, il y a une autre finale à aller chercher pour Daniel Vukovic…