18 décembre 2018

Les Aigles, qui accueillent le LHC ce mardi soir, ne sont plus les incontestés leaders lémaniques. Une place cédée aux Vaudois

 

Il n’y a finalement pas si longtemps que cela, le Lausanne HC était amicalement (?) appelée «la deux» par les suiveurs de Ge/Servette. Au-delà de la blague potache, il y avait évidemment un fond de vérité dans l’amorce. Là où les Aigles visaient le titre ou du moins les play-off année après année, les Lions de Malley végétaient en deuxième division. Même depuis sa promotion en 2013, le LHC était toujours «le petit», lorsqu’il fallait le comparer avec son grand frère du bout du Léman. Il était sans ménagement renvoyé à son statut de club qui n’a jamais passé le moindre tour de play-off dans l’élite.

 

Un virage à 180 degrés

 

Là où les Grenat allaient débaucher l’international Denis Hollenstein à Kloten, les Vaudois récupéraient les Genevois en bout de course. Ainsi les Thomas Déruns, Florian Conz, Gianluca Mona ou Olivier Keller terminaient leur carrière à Malley après avoir fait les beaux jours du Ge/Servette. Le maillot du GSHC n’était plus à leur taille, tandis que celui du LHC, lui, était fait pour des joueurs en fin de carrière. Après tout, les pensionnaires de Malley pouvaient déjà être bien contents de voir certains éléments de renom accepter d’y déposer leur baluchon.

 

Et qui était propriétaire du LHC à cette époque? Hugh Quennec, évidemment. Grand patron du GSHC également. Pas besoin d’aller chercher plus loin la genèse du surnom de «la deux».

 

Recrutement parlant

 

Et aujourd’hui? Aujourd’hui, Lausanne a débauché Cody Almond des Vernets, par exemple. Un leader grenat qui effectue le court trajet entre les Vernets et Malley? Voilà une situation qui n’a rien d’anecdotique. «Sur le marché des transferts, il n’y a désormais plus photo, analyse un proche de plusieurs dossiers «chauds». Désormais, Lausanne possède une attractivité que Genève n’a plus depuis quelques années. L’évolution s’est faite petit à petit, mais la tendance semble désormais compliquée à inverser. Surtout avec l’arrivée d’une nouvelle patinoire du côté de Lausanne. Un outil que Genève n’est pas près d’avoir.»

 

Et c’est justement cette nouvelle arène, le nerf de la guerre. Là où le LHC peut envisager un avenir doré dans son nouvel écrin, le GSHC se débat dans une «Genferei» que seul le canton du bout du Léman semble en mesure de nous concocter. Résultat des courses: le LHC attend sa nouvelle patinoire, tandis que le GSHC s’impatiente.

 

Là où les derniers renforts genevois – hormis Tanner Richard – sont surtout des joueurs de complément, le LHC, lui, vient d’enrôler Robin Grossmann, Tobias Stephan, Joël Vermin, Christoph Bertschy et donc Cody Almond. Soit autant de joueurs habitués de l’équipe nationale.

 

Sur la glace, le rapport de force s’inverse également de manière quasi inexorable. Cette saison, le Lausanne HC a remporté trois des quatre premiers derbys lémaniques. Le dernier match avant la trêve avait même tourné à la débandade pour Chris McSorley et ses hommes. Une défaite 7-1 en terres vaudoises que le GSHC tâchera de faire oublier dès ce mardi soir.

En cas de défaite genevoise, Lausanne prendrait huit points d’avance au classement. De quoi définitivement inverser le rapport de force?

 

L'avant-match

 

Quatre étrangers? Ge/Servette s’appuiera-t-il sur quatre étrangers pour la première fois depuis le 24 novembre? Après cinq rencontres à jongler avec deux ou trois joueurs importés, Chris McSorley devrait pouvoir compter sur Skille et Tömmernes. En plus de Martinsson et Winnik, ces retours de blessure apporteraient une profondeur d’effectif bienvenue. Ce dernier a été sélectionné avec le Team Canada pour la prochaine Coupe Spengler.

 

Effectif Fransson, Bouma, Wingels, Antonietti, Simek et Bozon manquent à l’appel. Descloux tient la corde pour défendre le filet face aux Lions de Malley.

 

L’adversaire Dans les rangs lausannois, seuls Yannick Herren et Lucas Boltshauser sont absents. Cela signifie donc que Sandro Zurkirchen sera le gardien titulaire. Le portier a d’ailleurs joué les quatre rencontres face aux Grenat.

 

Pouliot éconduit Genève Chris McSorley a surtout engagé des espoirs sur le marché des transferts avec Miranda, Karrer et peut-être Le Coultre. Le directeur sportif espérait frapper un grand coup avec Marc-Antoine Pouliot. Selon la «NZZ», le joueur de centre québécois aurait informé le club qu’il ne rejoindrait pas les Vernets. Il devrait poursuivre sa carrière dans le Seeland. Qui sera la prochaine cible du club?

 

Paul Savary, ancien du GSHC et du LHC - «Il n’y avait pas beaucoup de respect pour le LHC à Genève» (par Jérôme Reynard)

 

Paul Savary, le temps où le LHC était surnommé «la deux du GSHC» est révolu.

 

Complètement. Mais, pour moi, ce n’est pas une surprise de voir les courbes s’inverser. Lausanne a de grandes ambitions avec sa future patinoire et il a le mérite de s’y tenir. Avec, certes, un apport financier important. Il n’empêche qu’il parvient à attirer de gros joueurs, que la sauce a l’air de prendre et qu’une certaine confiance se dégage.

 

Genève?

 

Genève mange son pain noir à son tour. J’ai l’impression que le club subit les effets de l’instabilité qui y régnait jusqu’au début de l’année. Le GSHC a perdu des hommes forts tels que Loeffel et Riat. Je ne suis pas persuadé qu’ils seraient partis si le contexte avait été autre au moment des négociations. Toujours est-il qu’ils n’ont pas vraiment été remplacés. Pour la même raison: l’instabilité n’aide pas à signer des contrats. Et puis il y a ce projet de patinoire qui n’avance pas. C’est problématique, quand on voit qu’ailleurs les choses bougent et quand on sait l’impact que peuvent avoir ces outils.

 

Il y a six ans, vous quittiez le GSHC pour le LHC. Pour certains, c’était limite dégradant.

 

À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de respect pour le LHC dans l’esprit des gens à Genève. La moquerie vis-à-vis du petit frère n’était jamais très loin. Comme quoi il ne faut pas oublier que la roue peut vite tourner. En tant qu’ancien joueur des deux clubs, j’espère que le GSHC remontera la pente pour que l’on assiste à des derbies au sommet.